A Venise, un deuil empreint de polémique après l'accident de bus ayant fait 21 morts

Le site d'un accident de bus à Mestre, Venise, Italie, le 03 octobre 2023 (Photo, AFP).
Le site d'un accident de bus à Mestre, Venise, Italie, le 03 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 04 octobre 2023

A Venise, un deuil empreint de polémique après l'accident de bus ayant fait 21 morts

  • Les circonstances précises de l'accident ne sont pas encore connue même si l'hypothèse privilégiée est celle d'un malaise du conducteur
  • Parmi les victimes se trouvent des «touristes ukrainiens», a indiqué un porte-parole de la mairie, mais aussi des Allemands et des Français

VENISE: La ville de Venise a décrété mercredi un deuil de trois jours, sous le choc au lendemain de la chute du haut d'un pont d'un bus de tourisme, qui a fait 21 morts dont deux enfants, une tragédie relançant la polémique sur l'état souvent déplorable des infrastructures en Italie.

Les circonstances précises de l'accident ne sont pas encore connues. Même si l'hypothèse privilégiée est celle d'un malaise du conducteur, le mauvais entretien du réseau routier dans la péninsule fait aussi une nouvelle fois débat, alors que le pays reste traumatisé par l'effondrement du pont routier de Gênes en 2018, qui avait fait 43 morts.

Outre un deuil de trois jours, le maire de Venise Luigi Brugnaro a ordonné que les drapeaux soient mis en berne sur les bâtiments officiels. Des livres de condoléances ont aussi été mis à la disposition des personnes souhaitant exprimer leur tristesse "pour l'immense tragédie ayant frappé la ville".

Le bus accidenté, qui assure habituellement des lignes urbaines régulières, avait été loué par une société privée pour transporter une quarantaine de touristes étrangers. Ils venaient de visiter le centre historique de la Sérénissime sur la lagune et retournaient dans leur camping sur la terre ferme, peu après 19H30 (17H30 GMT).

Pour une raison encore indéterminée, le véhicule a enfoncé le rail de sécurité du pont et a fait une chute de dix mètres, s'écrasant en contrebas près d'une voie ferrée entre Mestre et Marghera, deux localités faisant partie de la commune de Venise.

Chute de dix mètres

"Le bus s'est retourné. L'impact a été terrible", a expliqué le chef des pompiers vénitiens, Mauro Luongo.

Boubacar Touré, un ouvrier de 27 ans originaire de Gambie travaillant sur un chantier à côté du site de l'accident, a raconté à la presse avoir aidé les pompiers à sauver des passagers. "J'ai extrait trois ou quatre personnes parmi lesquelles une fillette, et aussi un chien. Le chauffeur était déjà mort", a-t-il témoigné.

L'épave du bus, un modèle de marque chinoise E12 Yutong tout électrique, a été enlevée à l'aube.

Le chef des pompiers a expliqué que "parmi les difficultés rencontrées figurait le fait que le bus était électrique et avait donc des batteries. Malheureusement, elles ont pris feu au moment de l'impact".

Mais un responsable des pompiers locaux interrogé mercredi par l'AFP sous couvert de l'anonymat a assuré que rien ne permettait d'affirmer que la présence de batteries électriques en feu avait ralenti les secours.

Les enquêteurs cherchent toujours à identifier les victimes qui ne portaient pas sur elles de documents d'identité, notamment en effectuant des recoupements avec les registres du camping où elles séjournaient.

Le bilan encore provisoire est de 21 morts, dont un enfant d'un an et un adolescent, et 15 blessés, dont cinq dans un état grave, a confirmé à la mi-journée le préfet de Venise Michele di Bari lors d'une conférence de presse.

Parmi les morts identifiés "figurent 5 Ukrainiens, un Italien qui est le chauffeur, un Allemand", a-t-il précisé. "Parmi les blessés, qui sont au nombre de 15, il y a quatre Ukrainiens, un Allemand, un Français, un Croate, deux Espagnols", et "quatre doivent encore encore être identifiés".

Kiev a de son côté fait état de quatre Ukrainiens tués et quatre blessés.

"Les blessés sont tous jeunes (...) et tous étrangers. Leurs proches arrivent peu à peu à l'hôpital de leurs pays d'origine", a témoigné une urgentiste, Federica Stella, qui a participé aux secours.

Tragédie annoncée

La principale hypothèse pour le moment est que le chauffeur du bus, un Italien de 40 ans, a été pris d'un malaise, selon les autorités locales.

Une vidéo prise d'une caméra du réseau public de télésurveillance semble écarter la piste d'un excès de vitesse, le bus roulant normalement avant de chuter.

Pour Domenico Musicco, président de l'Association des victimes d'accidents de la route au travail, l'état de la chaussée est clairement en cause. "C'est une tragédie annoncée", a-t-il déclaré à l'AFP. "Ce rail est fait pour une route de campagne alors qu'ici on avait besoin d’équipements de nouvelle génération qui auraient pu empêcher le bus de tomber".

"L'entretien des routes italiennes est médiocre. On investit trop peu dans la sécurité routière. On estime à 30% le nombre d’accidents dû à cela", a-t-il rappelé.

Le plus grave accident de ce genre en Italie à ce jour s'était produit le 28 juillet 2013 lorsqu'un autocar transportant une cinquantaine de passagers italiens était tombé d'un viaduc près de Naples, faisant 40 morts.


Des dizaines de séismes dans la région de Naples

Les habitants se rassemblent près d'un camp de fortune installé par la protection civile dans la zone portuaire après qu'une vague de secousses d'une intensité jamais vue depuis des décennies a été enregistrée à Pozzuoli, le 21 mai 2024 (Photo, AFP).
Les habitants se rassemblent près d'un camp de fortune installé par la protection civile dans la zone portuaire après qu'une vague de secousses d'une intensité jamais vue depuis des décennies a été enregistrée à Pozzuoli, le 21 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les écoles resteront fermées mardi à Pouzzoles où des centres d'hébergement ont été ouverts et des tentes installées sur un parking
  • Elle a été précédée quelques minutes plus tôt par une secousse de magnitude 3,5 et suivie de dizaines de répliques

 

ROME: Des dizaines de secousses sismiques d'une intensité inédite depuis 40 ans ont été enregistrées lundi soir sur les Champs phlégréens, près de Naples, dans le sud de l'Italie, sans faire de dégâts majeurs mais semant la panique parmi les habitants, ont rapporté les autorités.

Une secousse d'une magnitude de 4,4 a été enregistrée à 20H10 locales (18H10 GMT), à 2,5 kilomètres de profondeur, a annoncé l'Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV).

Elle a été précédée quelques minutes plus tôt par une secousse de magnitude 3,5 et suivie de dizaines de répliques.

"Depuis 19H51 (17H51 GMT, NDLR) est en cours un essaim sismique dans la région des Champs phlégréens", une zone volcanique, et "49 tremblements de terre ont été mesurés", a précisé l'institut dans un communiqué peu avant minuit.

Selon Mauro Di Vito, de l'INGV, "il s'agit du plus puissant essaim sismique de ces 40 dernières années".

Les pompiers ont fait état sur le réseau social X de "fissures" et de "chutes de corniches" tandis que des vidéos amateur montraient le sol d'un supermarché jonché de bouteilles de lait ou d'alcool tombées des rayons à Pouzzoles, commune située dans la zone d'activité des Champs phlégréens dans laquelle résident un demi-million de personnes.

Nouvelles secousses 

Les écoles resteront fermées mardi à Pouzzoles où des centres d'hébergement ont été ouverts et des tentes installées sur un parking et une place en bord de mer pour accueillir les habitants paniqués, a annoncé le maire de la ville, Luigi Manzoni, sur Facebook.

L'INGV n'exclut pas de nouvelles secousses dans la nuit.

Le volcan, qui s'étend sur un périmètre de 15 km sur 12, présente la dépression typique à fond plat laissée après une éruption. Il s'agit de la caldera ("chaudière" en espagnol) en activité la plus vaste d'Europe, située aux confins des communes de Naples et de Pouzzoles en bord de mer.

Dans cette région, les Champs phlégréens sont éclipsés par le tout proche Vésuve, qui domine la baie de Naples et dont l'éruption a rayé Pompéi de la carte en l'an 79.

Les Champs phlégréens, dont une éruption il y a 40.000 ans avait affecté le climat de la planète, inquiètent riverains et scientifiques en raison d'une résurgence de son activité due aux gaz émis par le magma et qui font pression sur la surface en fissurant le sol.

"On doit vivre avec la peur, tout le temps", a témoigné un habitant de Pouzzoles sur la chaîne publique Rainews. "Combien de temps les bâtiments pourront tenir en subissant toutes ces secousses, c'est ce qu'on se demande, il ne sont pas faits pour en absorber autant."

"La terre continue à se soulever au rythme de deux centimètres par mois, c'est un rythme plus élevé que l'an dernier, et il semble que cela doive se poursuivre malheureusement", a estimé le volcanologue Mauro Di Vito sur la chaîne Canale 21.

Le scénario catastrophe, à savoir l'expulsion de lave, de cendres et de pierres, est cependant improbable dans un futur proche, selon les spécialistes.


Amal Clooney parmi les experts ayant conseillé la CPI sur les crimes de guerre à Gaza

 L'avocate libano-britannique Amal Clooney. (AFP).
L'avocate libano-britannique Amal Clooney. (AFP).
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  • L'avocate Amal Clooney a indiqué lundi qu'elle faisait partie d'un groupe d'experts ayant conseillé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI)
  • "Nos conclusions juridiques ont été unanimes", a-t-elle assuré

WASHINGTON: L'avocate Amal Clooney a indiqué lundi qu'elle faisait partie d'un groupe d'experts ayant conseillé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) qui a demandé des mandats d'arrêt contre deux ministres israéliens, dont Benjamin Netanyahu, et trois dirigeants du Hamas.

Dans un message sur le site de la "Clooney foundation for justice", fondée avec son mari acteur George Clooney, l'avocate et militante des droits humains explique qu'elle a été contactée "il y a plus de quatre mois" par le procureur de la CPI pour rejoindre un groupe d'experts en droit international chargé d'"examiner des preuves de crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés" commis en Israël et dans la bande de Gaza.

"Nos conclusions juridiques ont été unanimes", a-t-elle assuré.

"Nous avons unanimement établi qu'il y a des motifs raisonnables pour penser que les chefs du Hamas Yahya Sinouar, Ismaïl Haniyeh et Mohammed Deif ont commis des crimes de guerre et contre l'humanité, notamment prise d'otage, assassinat et crime sexuel. Nous avons unanimement établi qu'il y a des motifs raisonnables pour penser que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant ont commis des crimes de guerre et contre l'humanité, notamment l'emploi de la famine comme arme de guerre, assassinat, persécution et extermination", a-t-elle écrit.

Au sujet des demandes de mandats d'arrêt réclamés lundi par le procureur Karim Khan, l'avocate libano-britannique a assuré qu'elle soutenait cette "étape historique" visant à "faire justice aux victimes d'atrocités en Israël et en Palestine".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 124 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 mortes selon l'armée.

Israël, qui a juré de détruire le mouvement islamiste palestinien, a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza qu'elle a assiégée, entraînant la mort d'au moins 35.562 personnes, pour la plupart des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.


Biden affirme que l'offensive d'Israël à Gaza «  n'est pas un génocide »

Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".
Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".
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  • "Ce qui se passe n'est pas un génocide, nous rejetons" ce terme, a-t-il dit, faisant référence à une affaire portée devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU
  • Pendant une réception pour la communauté juive à la Maison Blanche, le démocrate de 81 ans a aussi répété que les Etats-Unis s'opposaient à la démarche du procureur d'une autre juridiction, la Cour pénale internationale (CPI)

WASHINGTON: Joe Biden a pris lundi la défense d'Israël face à la justice internationale, jugeant "scandaleuse" la demande de mandats d'arrêt contre des dirigeants israéliens et balayant l'accusation de "génocide" pour l'offensive à Gaza.

"Ce qui se passe n'est pas un génocide, nous rejetons" ce terme, a-t-il dit, faisant référence à une affaire portée devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU, devant laquelle Israël est accusé de "génocide".

Pendant une réception pour la communauté juive à la Maison Blanche, le démocrate de 81 ans a aussi répété que les Etats-Unis s'opposaient à la démarche du procureur d'une autre juridiction, la Cour pénale internationale (CPI).

Ce magistrat a réclamé lundi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et contre son ministre de la Défense.

"Nous rejetons" cette demande, a dit Joe Biden, répétant que son soutien à Israël était "inébranlable".

« Scandaleuse »

"Nous sommes aux côtés d'Israël pour éliminer (le chef du Hamas à Gaza Yahya) Sinouar et le reste des bouchers du mouvement palestinien", a-t-il encore déclaré, en promettant de s'activer "contre vents et marées" pour libérer les otages enlevés lors de l'attaque du 7 octobre.

Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".

Les Etats-Unis continueront cependant à "apporter (leur soutien à la CPI) en ce qui concerne les crimes commis en Ukraine", a de son côté souligné le chef du Pentagone Lloyd Austin.

La CPI avait émis en 2023 un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, accusé du crime de guerre d’expulsion illégale d’enfants ukrainiens.

"Je vais être clair: quoi qu'insinue le procureur, il n'y a pas d'équivalence entre Israël et le Hamas, il n'y en a aucune", a asséné Joe Biden dans son communiqué.

Antony Blinken a estimé dans un communiqué que la demande du procureur "pourrait compromettre" les pourparlers sur un cessez-le-feu à Gaza.

Par ailleurs, la CPI n'a "pas de juridiction" sur Israël, a-t-il rappelé.

Ni Israël ni les Etats-Unis ne sont membres de la CPI.

« Génocide »

Au huitième mois de la guerre dans la bande de Gaza, le procureur de la CPI a demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense ainsi que trois dirigeants du Hamas pour crimes contre l'humanité présumés.

Karim Khan a déclaré avoir réclamé des mandats contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant pour des crimes tels que "le fait d'affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre".

Les accusations portées contre des dirigeants du Hamas, notamment Yahya Sinouar, incluent "l'extermination", "le viol et d'autres formes de violence sexuelle" et "la prise d'otages en tant que crime de guerre".

La CPI est une juridiction permanente chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l'humanité et de crime de guerre.

Fondée en 2002, cette institution qui compte aujourd'hui 124 Etats membres n'a prononcé depuis sa création qu'une poignée de condamnations.

La CIJ, elle, est l'organe judiciaire principal des Nations unies et juge des différends entre Etats.

Elle a été saisie par l'Afrique du Sud, qui accuse Israël de "génocide" dans la conduite de son offensive militaire à Gaza.

La CPI et la CIJ siègent à La Haye (Pays-Bas).