EREVAN: Le dirigeant de l'enclave séparatiste du Nagorny Karabakh, qui a capitulé face à l'Azerbaïdjan, a promis lundi de rester dans la capitale de ce territoire jusqu'à la fin des opérations de secours pour les victimes du conflit.
L'Arménie a de son côté rapporté des "victimes" dans ses rangs après des tirs de l'armée azerbaïdjanaise sur une voiture transportant de la nourriture dans une région frontalière entre les deux pays, un type d'incident qui n'est pas rare.
Un groupe de responsables séparatistes, dont le dirigeant Samvel Chahramanian, "restera à Stepanakert jusqu'à la fin des opérations de recherche et de secours pour les morts et les personnes disparues à cause des opérations militaires" et de l'explosion meurtrière d'un dépôt de carburant fin septembre, a déclaré le gouvernement de cette République autoproclamée dans un communiqué.
L'offensive de 24 heures lancée par Bakou les 19 et 20 septembre dans cette enclave peuplée majoritairement d'Arméniens a fait, au total, près de 600 morts.
Elle a aussi poussé sur la route plus de 120 000 habitants du Nagorny Karabakh, qui ont fui vers l'Arménie par crainte de représailles de l'Azerbaïdjan.
Mais, en tentant de partir, au moins 170 d'entre eux ont péri dans l'explosion d'un dépôt de carburant situé sur l'unique route reliant le territoire à l'Arménie.
De nombreux automobilistes avaient fait une halte dans cette station située en périphérie de Stepanakert, l'une des rares encore en service.
Selon le responsable séparatiste Artak Beglaryan, "quelques centaines" de représentants arméniens demeurent au Karabakh, dont des "responsables, services de secours, bénévoles et personnes avec des besoins spécifiques".
La chaîne Al Jazeera a pu accéder dimanche à la capitale du Nagorny Karabakh, dont Bakou interdit pourtant l'accès aux journalistes.
Les images montrent une ville fantôme, sonnée par un silence de plomb. Sur la place principale, des chaises, cartons et effets personnels semblent avoir été abandonnés à la hâte.
Washington renouvelle son appel à une mission d'observation
Les Etats-Unis ont réitéré lundi leur appel en faveur d'une mission internationale d'observation au Haut-Karabakh, afin de garantir le droit au retour de dizaines de milliers d'Arméniens ayant fui l'ex-région séparatiste.
"Nous réitérons notre appel à une mission d'observation internationale et indépendante" dans l'ex-enclave, afin de "rassurer la population et garantir le droit et la sécurité de tous ceux qui souhaitent y retourner", a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller.
Or, a-t-il ajouté, "l'Azerbaïdjan a donné des garanties en ce sens. Nous pensons qu'il devrait y avoir une mission de surveillance internationale sur place pour les observer et les garantir".
Incident frontalier
Déjà au cœur de deux guerres entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, l'une dans les années 1990 et l'autre en 2020, l'indépendance proclamée du Nagorny Karabakh n'avait été reconnue par aucun Etat membre de l'ONU.
Depuis l'exode massif des populations, Erevan accuse Bakou de mener un "nettoyage ethnique" dans le territoire.
L'Azerbaïdjan nie, et assure au contraire vouloir "réintégrer" les résidents arméniens du Nagorny Karabakh, qu'il appelle à rester.
Lundi, des journalistes de l'AFP ont vu un convoi chargé d'eau et de matériel de télécommunication entrer dans Stepanakert, en étant escorté par l'armée azerbaïdjanaise.
Les journalistes ont également observé l'arrivée d'un bus transportant des responsables qui prévoient d'ouvrir dans la ville un bureau de "réintégration" pour enregistrer les habitants d'origine arménienne qui souhaitent rester.
Les enfants de l'ancien dirigeant séparatiste du Nagorny Karabakh, Rouben Vardanian, placé en détention provisoire par l'Azerbaïdjan, ont eux affirmé lundi "craindre pour sa vie et sa santé".
Dans un message Telegram, ils ont dit ne pas avoir pu le contacter et ignorer tout de ses conditions de détention.
Parallèlement, le ministère arménien de la Défense a accusé lundi l'armée azerbaïdjanaise d'avoir "ouvert le feu" avec des armes légères sur un véhicule transportant de la nourriture pour les troupes d'Erevan dans les environs de Kout, à une dizaine de kilomètres de la frontière.
L'incident a fait "des victimes" côté arménien, selon le ministère.
Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a "réfuté fermement" cette information dans un communiqué.