Nouvelle grâce présidentielle en Egypte: Ahmed Douma, figure de l'opposition, est libre

L'activiste politique égyptien Ahmed Douma réagit alors qu'il se tient derrière les barreaux du banc des accusés lors de son procès au Caire, le 3 juin 2013. (AFP)
L'activiste politique égyptien Ahmed Douma réagit alors qu'il se tient derrière les barreaux du banc des accusés lors de son procès au Caire, le 3 juin 2013. (AFP)
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Publié le Dimanche 20 août 2023

Nouvelle grâce présidentielle en Egypte: Ahmed Douma, figure de l'opposition, est libre

  • M. Douma purgeait depuis 2013 une peine de 15 ans de prison pour violences lors de manifestations
  • Les autorités refusent de divulguer le nombre de personnes incarcérées, tout en inaugurant régulièrement de nouvelles prisons

LE CAIRE: Ahmed Douma, figure de la "révolution" de 2011 en Egypte, a été libéré samedi après une grâce du chef de l'Etat Abdel Fattah al-Sissi, un nouveau signe envoyé à moins d'un an de la présidentielle.

M. Douma, un des fondateurs du 6-Avril, mouvement qui a joué un rôle clé dans la révolte ayant renversé l'autocrate Hosni Moubarak, purgeait depuis 2013 une peine de 15 ans de prison pour violences lors de manifestations.

"Après 10 ans de prison, j'aimerais pouvoir dire que je suis heureux mais je ne célèbrerai rien tant que tous les (prisonniers politiques) ne seront pas libres", a-t-il lancé, souriant, à sa sortie de la prison de Badr récemment inaugurée et régulièrement décriée pour ses conditions d'incarcération, à l'est du Caire.

Ce poète de 37 ans avait publié un recueil, "Curly" ("Frisé" en anglais), à partir de morceaux de papiers transmis discrètement à des avocats depuis sa prison où il était placé à l'isolement. Exposé à la Foire du livre du Caire en 2021, son livre a rapidement été retiré pour "raison de sécurité".

Cette nouvelle grâce intervient alors que Le Caire a ouvert un "dialogue national" censé discuter des sujets qui fâchent dans le pays de 105 millions d'habitants, en pleine crise économique et où l'opposition est muselée depuis une décennie.

M. Sissi a annoncé mercredi avoir reçu les premières recommandations de ce forum et les avoir "transmises (...) pour qu'elles soient appliquées".

Dialogue et élections 

S'il ne l'a pas annoncée, le chef de l'Etat envisage sa candidature au scrutin présidentiel prévu au printemps 2024, estiment unanimement les observateurs.

Dans ce contexte, les grâces présidentielles --en sommeil depuis des années mais relancées en 2022-- se sont multipliées.

En juillet, le chercheur Patrick Zaki --condamné à trois ans ferme pour "fausses informations" pour avoir dénoncé la discrimination anti-chrétiens-- et l'avocat Mohamed al-Baqer --arrêté en plein tribunal alors qu'il assistait son client Alaa Abdel Fattah, le détenu politique le plus célèbre d'Egypte-- en avaient bénéficié.

Maintenant que M. Douma est libre, M. Abdel Fattah est la dernière figure emblématique parmi les milliers de prisonniers d'opinion du pays.

Ziad el-Elaimi, libéré peu avant que l'Egypte n'accueille les dirigeants du monde pour la COP27 en 2022, a salué la liberté retrouvée de M. Douma après "neuf ans et demi de vie volée".

Mais, ajoute-t-il, "le problème reste entier: quelqu'un se sert des hommes libres comme des otages" et "les gens ont toujours peur d'exprimer leur opinion librement".

Hossam Bahgat, fondateur de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), dénonce un fait du prince dicté par les pressions.

"Le régime est conscient des frustrations grandissantes" nées des "promesses non tenues et du fait que rien ne change sur le terrain", assure-t-il à l'AFP.

A Washington, certaines voix réclament régulièrement la coupure de l'aide militaire au Caire en rétorsion aux violations des droits humains. En Egypte même, où dévaluation et inflation étouffent les foyers, la colère sociale couve, gagnant jusqu'aux institutions.

"Certains grands partis d'opposition menacent désormais publiquement de quitter le dialogue national parce qu'il n'a eu aucun impact sur la scène politique", explique M. Bahgat.

«Vider l'océan à la cuillère»

La grâce de M. Douma reste malgré tout "une très bonne nouvelle" car il fait partie "des militants les plus honnis du régime", concède M. Bahgat.

Mais, accuse-t-il, "le régime essaye de vider l'océan à la petite cuillère" avec des "choix aléatoires sans transparence ni explication sur pourquoi certains sortent et d'autres sont ignorés".

De fait, les militants libérés sont généralement des libéraux alors que la majorité des détenus politiques d'Egypte sont soupçonnés d'accointance avec les islamistes --notamment les Frères musulmans de Mohamed Morsi, le défunt président renversé par M. Sissi.

Le comité des grâces présidentielles a depuis un an fait libérer près d'un millier de prisonniers, insistent les autorités. Cependant, presque "trois fois plus ont été arrêtées dans le même temps", tempèrent des ONG. Certains ont même été arrêtés de nouveau.

Les autorités refusent de divulguer le nombre de personnes incarcérées, tout en inaugurant régulièrement de nouvelles prisons.

Depuis janvier, des militants ont recensé 24 morts en détention, dont six dans ces nouveaux "centres de réhabilitation" censés remplacer les dizaines de prisons vétustes du pays, dotés de bibliothèques ou d'ateliers.

L'Egypte, 135e pays sur 140 au classement de l'Etat de droit du World Justice Project, est l'un des pays recourant le plus à la peine de mort.


Liban: un mort dans une frappe israélienne dans le sud

Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban
  • Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban

GHAZIYEH: Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant viser combattants et infrastructures du mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran.

"Le raid mené par l'ennemi israélien contre une voiture sur la route Saïda-Ghaziyeh a fait un mort", a indiqué le ministère de la Santé.

Après la frappe, le véhicule tout-terrain a pris feu, provoquant un nuage de fumée noire dans le ciel, selon un journaliste de l'AFP sur place. L'armée libanaise a bouclé la zone et les pompiers sont intervenus pour maîtriser les flammes.

La frappe n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais l'armée israélienne a affirmé avoir tué plusieurs combattants du Hezbollah parmi lesquels des "commandants" cette semaine dans le sud du pays.

Après le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur le territoire israélien, disant agir ainsi en soutien aux Palestiniens.

En septembre 2024, le conflit a dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens intenses au Liban qui ont décimé la direction du Hezbollah et fait plus de 4.000 morts, selon les autorités.


Explosion au port de Beyrouth: première comparution d'un ex-ministre

Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
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  • Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020
  • En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques

BEYROUTH: Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques.

Une série d'actions en justice avaient en outre été intentées contre lui par des responsables politiques et fonctionnaires cités dans l'enquête, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad al-Machnouk, soupçonné de "négligence et manquements".

Le juge a repris en février ses investigations, après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination d'un Premier ministre réformateur, Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Selon la source judiciaire qui a requis l'anonymat, l'interrogatoire a porté sur un rapport que M. Machnouk avait reçu le 5 avril 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, concernant la "détention d’un navire dans les eaux territoriales libanaises, dont l’équipage avait demandé à être autorisé à reprendre la mer".

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale libanaise.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium acheminées par navire, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises, qui étaient au courant des dangers encourus, ont rejeté toute enquête internationale.

L'enquête avait notamment été suspendue après les accusations de partialité du juge proférées par le Hezbollah, désormais très affaibli par sa dernière guerre contre Israël fin 2024. Le parti qui dominait la vie politique libanaise avait demandé le renvoi de M. Bitar.

Deux juges de la direction des enquêtes de Paris sont attendus à Beyrouth à la fin du mois, pour présenter à M. Bitar les éléments recueillis par la justice française, trois ressortissants français figurant parmi les victimes, selon une source judiciaire.

Le 11 avril, deux anciens hauts responsables de la sécurité avaient également comparu pour la première fois devant M. Bitar.


Cellule terroriste: Amman partage les détails de l’enquête avec Beyrouth

Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
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  • Beyrouth ne sait pas si des citoyens libanais sont impliqués dans un groupe de fabrication de missiles
  • Les services de renseignement de l'armée arrêtent deux Palestiniens pour contrebande d'armes à la frontière libano-syrienne

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a été informé, mercredi, par le roi Abdallah de Jordanie des résultats de l'enquête sur une cellule de fabrication de missiles découverte en Jordanie. Deux membres de cette cellule avaient été envoyés au Liban pour y suivre une formation.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a exprimé la «pleine disposition du Liban à la coordination et à la coopération» entre les deux pays et a chargé le ministre de la Justice Adel Nassar de travailler avec son homologue jordanien, en coopération avec les agences de sécurité et judiciaires, sur les enquêtes et l'échange d'informations.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les services de renseignement de l'armée libanaise «suivaient de près l'affaire de la cellule terroriste et nous ne savons pas encore si des Libanais sont impliqués».

«Cette agence a demandé à la Jordanie de lui fournir des informations concernant les enquêtes, de s'appuyer sur les enquêtes libanaises et, dans le cas où une implication libanaise serait prouvée, l'affaire serait alors renvoyée à la justice libanaise», a déclaré cette personne.

Parallèlement, les services de renseignement de l'armée libanaise ont déclaré avoir arrêté deux Palestiniens dans la ville de Sidon, dans le sud du pays, pour «commerce et contrebande d'armes militaires à travers la frontière libano-syrienne, et ont saisi plusieurs armes et munitions militaires en leur possession».

Le commandement de l'armée a déclaré que les détenus faisaient l'objet d'une enquête sous la supervision du pouvoir judiciaire.

Les médias ont rapporté que les deux hommes étaient des membres de l'appareil de sécurité du mouvement Hamas à Sidon.

Aucune agence de sécurité officielle n'a confirmé l'existence d'un lien entre les arrestations et la cellule jordanienne.

Mardi, l'agence de presse jordanienne a cité des responsables des services de renseignement qui ont déclaré qu'«une série de complots visant la sécurité nationale du pays ont été déjoués et 16 personnes soupçonnées de préparer des actes de chaos et de sabotage ont été arrêtées».

Les plans prévoyaient la production de missiles à l'aide de matériaux locaux et de composants importés. Des explosifs et des armes à feu ont été découverts, ainsi qu'un missile dissimulé prêt à être utilisé.

Les 16 suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la mise au point de drones, d'avoir recruté et formé des individus au niveau national et d'en avoir envoyé d'autres à l'étranger pour qu'ils y poursuivent leur formation.

Selon les déclarations des suspects, deux membres de la cellule – Abdallah Hicham et Muath al-Ghanem – ont été envoyés au Liban pour coordonner leurs activités avec une figure importante de l'organisation et recevoir une formation.

En décembre, l'armée libanaise a lancé un processus de désarmement des factions palestiniennes situées à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens. Ces factions, fidèles à l'ancien régime syrien, étaient principalement basées dans la région de la Békaa, le long de la frontière avec la Syrie, et dans la région méridionale.

Le Premier ministre Nawaf Salam a exprimé «l'entière solidarité du Liban avec la Jordanie dans la lutte contre les complots qui menacent sa sécurité et sa stabilité» et sa «volonté de coopérer avec les autorités jordaniennes en cas de besoin concernant les informations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans ces complots ont reçu une formation au Liban», selon son bureau de presse.

Lors du lancement du projet de réhabilitation de la route de l'aéroport de Beyrouth, M. Salam a déclaré que les questions de sécurité sur la route de l'aéroport étaient «en cours d'examen avec le ministre de la Défense Michel Menassa et le ministre de l'Intérieur Ahmed Hajjar».

Au cours des dernières 48 heures, la municipalité de Beyrouth a entrepris des efforts pour retirer des rues de la capitale les drapeaux des partis et les images des politiciens et des chefs de partis, en particulier ceux qui sont associés au Hezbollah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com