NATIONS UNIES : Soixante-deux travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde depuis le début de l'année, a dénoncé jeudi l'ONU qui se prépare à commémorer, vingt ans après, l'anniversaire de l'attentat sanglant commis contre son quartier général à Bagdad.
Chaque année, l'ONU célèbre la Journée mondiale de l'aide humanitaire le 19 août, date de cet attentat suicide qui avait tué 22 personnes dont Sergio Vieira de Mello, représentant spécial de l'ONU en Irak.
Outre les 62 travailleurs humanitaires tués depuis le début de l'année en cours dans des zones de conflit, 84 ont été blessés et 34 enlevés, selon la base de données Aid Worker Security Database compilée par la société britannique de consultants Humanitarian Outcomes.
Pour toute l'année 2022, le nombre de travailleurs humanitaires tués s'était élevé à 116.
Depuis plusieurs années, le Soudan du Sud s'inscrit en tête des endroits les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires. Au 10 août, 40 attaques contre des humanitaires ayant fait 22 morts étaient comptabilisées, a indiqué l'agence humanitaire des Nations unies (OCHA).
Le Soudan vient juste après, avec 17 attaques contre des travailleurs humanitaires ayant fait 19 morts depuis le début de l'année. Des chiffres aussi élevés n'avaient pas été enregistrés dans ce pays depuis le conflit du Darfour entre 2006 et 2009.
Parmi les autres pays où des travailleurs humanitaires ont perdu la vie figurent la Centrafrique, le Mali, la Somalie, l'Ukraine et le Yémen.
"Les risques auxquels nous sommes confrontés dépassent la compréhension humaine", déplore un rapport compilé par des ONG, dont Médecins du Monde, Action contre la faim et Handicap International, avec l'aide de l'Union européenne.
Chaque année, plus de 90% des personnes tuées dans les attaques contre des travailleurs humanitaires sont des employés locaux, souligne l'International NGO Safety Organization (Inso).
La Journée mondiale de l'aide humanitaire coïncide cette année avec la commémoration des vingt ans de l'attentat de 2003 contre le Canal Hotel à Bagdad où était installé le siège de l'ONU dans la capitale irakienne.
Cet attentat, commis au milieu du chaos de l'invasion américaine de l'Irak qui a renversé Saddam Hussein, avait tué 22 personnes dont le Brésilien Sergio Vieira de Mello, et blessé quelque 150 travailleurs humanitaires locaux et étrangers.
"La Journée mondiale de l'aide humanitaire et l'attentat du Canal Hotel seront toujours un moment d'émotions mêlées et encore vives pour moi et nombre d'autres personnes", a observé le patron des Affaires humanitaires des Nations unies, Martin Griffiths.
"Chaque année, près de six fois plus de travailleurs humanitaires sont tués en faisant leur devoir par rapport à ceux qui sont morts en cette journée noire à Bagdad, et l'écrasante majorité sont des travailleurs humanitaires locaux", a-t-il souligné. "L'impunité pour ces crimes constitue une cicatrice sur notre conscience collective".
Avec un nombre croissant de conflits dans le monde, l'ONU indique qu'elle travaille à aider quelque 250 millions de personnes actuellement, dix fois plus qu'en 2003.