Incendie de Wintzenheim: un gîte non déclaré ni conforme aux normes

Des militaires français et des médecins légistes travaillent, le 10 août 2023, à l'endroit où un incendie s'est déclaré dans une maison de vacances pour personnes handicapées à Wintzenheim, dans l'est de la France, le 9 août 2023. (AFP)
Des militaires français et des médecins légistes travaillent, le 10 août 2023, à l'endroit où un incendie s'est déclaré dans une maison de vacances pour personnes handicapées à Wintzenheim, dans l'est de la France, le 9 août 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 11 août 2023

Incendie de Wintzenheim: un gîte non déclaré ni conforme aux normes

  • Le bâtiment incendié, une ancienne grange rénovée il y a quelques années, n'avait «aucune autorisation» pour son activité, a déclaré le maire adjoint de la petite ville du Haut-Rhin
  • De son côté, Nathalie Kielwasser, vice-procureure de la République de Colmar, a souligné que la structure n'avait pas reçu la visite de la commission de sécurité

WINTZENHEIM: Onze morts et deux étages qui partent en fumée: le gîte de vacances de Wintzenheim, qui accueillait des personnes handicapées, n'était ni déclaré en mairie ni conforme aux normes de sécurité.

Le bâtiment incendié, une ancienne grange rénovée il y a quelques années, n'avait "aucune autorisation" pour son activité, a déclaré jeudi le maire adjoint de la petite ville du Haut-Rhin, Daniel Leroy.

"Le gîte qui a brûlé n'a fait l'objet d'aucune autorisation pour l'activité (que la propriétaire, NDLR) y a exercé, il n'avait pas fait non plus l'objet d'autorisations de travaux pour pouvoir accueillir des personnes handicapées", a-t-il rapporté.

De son côté, Nathalie Kielwasser, vice-procureure de la République de Colmar, a souligné que la structure n'avait pas reçu la visite de la commission de sécurité.

"Si vous voulez conduire une voiture, il faut un permis, si vous voulez héberger du monde, il faut le passage de cette commission", a-t-elle indiqué à l'AFP.

Cette commission "donne des préconisations sur la capacité d'accueil, etc. On va vous imposer un certain nombre de règles de sécurité", a-t-elle expliqué.

Ainsi, la maison disposait bien de détecteurs de fumée mais pas du type prévu pour des structures accueillant du public.

Quant à l'éventuelle responsabilité pénale de la propriétaire du gîte, qui a donné l'alerte et se trouve en état de choc, c'est quelque chose qu'on "ne peut pas du tout affirmer" pour le moment, a-t-elle insisté.

Il faut "corréler juridiquement la raison du sinistre (...) est-ce que ça a un lien avec les règles de sécurité ? Je n'ai pas le retour des investigations criminelles pour le moment", a ajouté la magistrate, qui organise une conférence de presse vendredi à 15h00 pour faire le point sur l'enquête.

Mercredi, Mme Kielwasser avait indiqué que "l'origine serait vraisemblablement pour le moment un feu qui a couvé", sans pouvoir "à ce stade" déterminer les causes de ce sinistre, le plus meurtrier en France depuis l'incendie d'un bar à Rouen en 2016.

 

Laboratoire mobile

Jeudi, le calme était revenu autour du bâtiment éventré. Les enquêteurs de la gendarmerie ont investi le site où deux équipes de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont été envoyées, soit un peu plus d'une vingtaine de personnes.

Ils sont appuyés par un laboratoire mobile pour l'identification des victimes. Il permet des analyses rapides d'ADN, avec des résultats obtenus en l'espace de deux à trois jours.

Le président d'"Oxygène Vacances Adaptées", qui a organisé le séjour, "a été entendu" mercredi par les enquêteurs, après s'être rendu sur les lieux "immédiatement après qu’il a eu connaissance du drame", a précisé l'avocat de la société, Me Alain Jakubowicz, à l'AFP.

Mercredi, les pompiers ont dû lutter contre un "embrasement généralisé". Arrivés en moins d'un quart d'heure, vers 06H45, ils n'ont rien pu faire pour venir en aide aux vacanciers installés pour la nuit dans les étages du bâtiment.

Au total, 28 personnes se trouvaient dans le bâtiment, dont 17 ont pu sortir à temps, selon la préfecture du Haut-Rhin. Les 13 pensionnaires logés au rez-de-chaussée par Idoine, une association de Besançon, ont été rapatriés indemnes en Franche-Comté.

Onze personnes, dont 10 adultes souffrant de handicaps mentaux légers, ont péri parmi les résidents logés dans les étages. Plusieurs d'entre eux dormaient dans une mezzanine qui s'est effondrée.

 

«Drame inqualifiable»

"Un drame inqualifiable", a déclaré la ministre chargée des Personnes handicapées, Fadila Khattabi, venue à Nancy jeudi au siège de l'AEIM (Adultes enfants inadaptés mentaux), une association qui prend en charge des personnes présentant un handicap intellectuel et dont cinq de ses membres s'étaient inscrits de manière individuelle à ce séjour. Seule une jeune femme de 25 ans a survécu.

La ministre, qui a rencontré les familles des quatre victimes (trois hommes et une femme âgés de 23 à 49 ans, prénommés Jennyfer, Claude, Jérôme et Jimmy) s'est ensuite rendue en Moselle d'où sont originaires sept autres victimes.

Deux personnes ne sont plus en urgence absolue et sont sorties de l'hôpital, a rapporté la ministre, "c'est plutôt une bonne nouvelle".

L'unique rescapée a été "réveillée" par l'incendie et a réussi à sauter du premier étage et a été rattrapée par "un résident du rez-de-chaussée qui était déjà sorti", a expliqué Denis Renaud, président de l'AEIM. Elle était "excessivement choquée, en pleurs pendant une partie de la journée" de mercredi, a-t-il confié, mais "elle a récupéré ensuite" et a "fait preuve d'énormément de résilience".

La salle des fêtes de Wintzenheim sera ouverte vendredi pour un hommage aux victimes.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".