GAZA: L'homme d'affaires palestinien Wael al-Wadyya a de bonnes raisons d’espérer un avenir économique lumineux après qu'Israël a autorisé sa société, située à Gaza, à écouler ses produits dans les marchés de Cisjordanie, et ce pour la première fois en quatorze ans.
M. Al-Wadyya, le directeur général de la société Saray al-Wadyya, a hâte de voir son entreprise, fondée par sa famille à Gaza en 1985, retrouver la capacité de production dont elle disposait par le passé. Avant que le Hamas prenne de force les rênes du pouvoir en 2007 et qu’Israël rétorque en imposant un siège sur la bande de Gaza.
Saray al-Wadyya devient ainsi la première entreprise de Gaza à recevoir la permission d’exporter certains de ses produits alimentaires vers les villes de Cisjordanie.
En effet, depuis le 22 novembre, Israël autorise quatre chargements contenant uniquement deux types de sucreries et en-cas – sur les cinquante produits par l'entreprise – à atteindre les marchés de Cisjordanie. Le transport se fait par Kerem Shalom, seul point de passage commercial désigné pour les marchandises en provenance et à destination de Gaza.
«Cette autorisation ne signifie pas la levée des restrictions israéliennes sur la commercialisation en Cisjordanie et les exportations à l'étranger, mais c'est une étape significative. Nous sommes actuellement à la recherche de locaux plus grands», explique Wael al-Wadyya à Arab News.
Avant le siège, la société distribuait 60 à 70 % de ses produits alimentaires en Cisjordanie. L’embargo a réduit de moitié la capacité de production de son usine en raison des restrictions sur la commercialisation dans le pays et vers l'étranger. M. Al-Wadyya espère que la capacité de production de l'usine atteindra 90 % si tous ses produits sont autorisés en Cisjordanie où les marchés sont nettement plus importants que ceux de Gaza.
Il y a quelques mois, l’entreprise a obtenu le certificat international ISO 22000 relatif à la sécurité des denrées alimentaires. Selon Wael Al-Wadyya, ses «produits auront atteint l'Europe et les pays du Golfe avant la Cisjordanie, située à seulement quelques kilomètres. Sans la certification aux normes de qualité, Israël n'aurait pas cédé aux pressions européennes et accepté les ventes en Cisjordanie.»
L'entreprise emploie actuellement 150 personnes. Le directeur général de la société s'attend à voir ce nombre au moins doubler si tous les produits de l'usine sont autorisés à sortir de Gaza.
Dans l'enclave, près de deux millions de personnes vivent dans une situation de crise amplifiée, avec un taux de chômage de 46 %. Le taux de pauvreté quant à lui est de 53 %.
Les économistes estiment qu’accorder le droit aux usines de Gaza d’exporter vers la Cisjordanie et l’étranger, si la tendance se maintient, contribuerait à sauver le secteur industriel et commercial «quasi effondré» de Gaza.
Le directeur exécutif de la Fédération générale des industries palestiniennes, Khader Shaniora, a confirmé que les industries de Gaza, tous secteurs confondus, font face à de grands défis en raison des restrictions israéliennes. Ces dernières ont causé de lourdes pertes économiques au cours des dernières années et ont provoqué l'effondrement de nombreuses entreprises et usines.
«Les produits de Gaza peuvent être compétitifs, non seulement en Cisjordanie, mais aussi sur les marchés internationaux. Cinq usines l'ont prouvé avec succès, dont Saray Al-Wadyya, en obtenant le certificat de qualité international le plus prestigieux. Cinq autres usines sont en lice pour avoir les leurs», ajoute Khader Shaniora pour Arab News.
Le rédacteur en chef du journal Al-Eqtisadiah basé à Gaza, Mohammed Abu Jayab, explique que permettre aux produits de Gaza d'atteindre la Cisjordanie, «en plus de faire changer la direction des indicateurs économiques de croissance, créera parallèlement des milliers d'emplois, à un moment ou la pauvreté et le chômage étouffent la population».
Selon les rapports produits par les ONG palestiniennes, parmi les 2000 entreprises actives à Gaza avant le siège, seuls 800 établissements dans quelques secteurs ont survécu, même s’ils fonctionnent à faible capacité.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com