Dans l'océan Atlantique, une canicule invisible source de mortalité massive

Une femme regarde les panneaux d'alerte contre la sécheresse à l'entrée du camping "Le Front de mer" à Argelès-sur-Mer, le 8 juin 2023. (Photo, AFP)
Une femme regarde les panneaux d'alerte contre la sécheresse à l'entrée du camping "Le Front de mer" à Argelès-sur-Mer, le 8 juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 22 juin 2023

Dans l'océan Atlantique, une canicule invisible source de mortalité massive

  • Entre les mois de mars et mai, la température moyenne à la surface des océans a atteint un record absolu en 174 ans de mesures, dépassant de 0,83°C la moyenne du XXe siècle, selon les données de l'Administration océanographique américaine NOAA
  • Cette vague de chaleur marine n'a pas épargné l'océan Atlantique, qui subit en ce mois de juin des épisodes caniculaires particulièrement forts du sud de l'Islande jusqu'en Afrique

BREST: Moins spectaculaire que les incendies au Canada, la canicule inédite qui frappe actuellement les eaux de l'Atlantique va provoquer, selon les scientifiques, une hécatombe invisible d'espèces marines, un phénomène extrême susceptible de se répéter avec l'aggravation du réchauffement climatique.

Entre les mois de mars et mai, la température moyenne à la surface des océans a atteint un record absolu en 174 ans de mesures, dépassant de 0,83°C la moyenne du XXe siècle, selon les données de l'Administration océanographique américaine NOAA.

Cette vague de chaleur marine n'a pas épargné l'océan Atlantique, qui subit en ce mois de juin des épisodes caniculaires particulièrement forts du sud de l'Islande jusqu'en Afrique, avec des anomalies de températures de plus de 5°C au large des îles britanniques.

«Du jamais vu»

"De telles anomalies de températures dans cette partie de l'Atlantique Nord, c'est du jamais vu", souligne Daniela Schmidt, professeure en Sciences de la Terre à l'Université de Bristol, citée par le Science Media Centre britannique.

"Des anomalies extrêmement fortes, tout à fait frappantes et inquiétantes", confirme Jean-Baptiste Sallée, océanographe et climatologue au CNRS.

Cette vague de chaleur marine, avec une température dépassant 23°C dans l'Atlantique Nord, ne surprend pas complètement les scientifiques, qui savent que les océans absorbent 90% de la chaleur générée par l'effet de serre. Ce type d'événements a donc vocation à devenir plus fréquent et intense sous l'effet du réchauffement climatique.

"Ce qui est une surprise, c'est que ça va extrêmement vite", relève cependant Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherches au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et corédacteur d'un rapport du Giec (experts climat de l'Onu).

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ce phénomène extrême, comme la réduction des poussières sahariennes transportées par le vent ou celle des émissions de souffre des navires, deux types d'aérosols qui ont en temps normal un effet refroidissant sur l'atmosphère.

Mais "ça reste à l'état d’hypothèses", estime M. Sallée.

Quant au phénomène El Niño, il semble trop peu développé pour avoir une incidence sur l'Atlantique Nord. "On s'attendrait plutôt à un effet au printemps prochain", explique Juliette Mignot, océanographe à l'IRD (Institut de recherche pour le développement).

La chercheuse envisage une possible "modification des courants marins" ou un phénomène météorologique qui se superposerait au réchauffement climatique.

«point de bascule»

Quelle que soit l'origine de cette canicule océanique, les scientifiques s'attendent à ce qu'elle provoque des "mortalités massives" d'espèces marines, notamment des coraux et des invertébrés. "Mais comme cela se produit sous la surface de l'océan, ça passera inaperçu", regrette Mme Schmidt.

Lors des canicules en Méditerranéenne, une cinquantaine d'espèces (coraux, gorgones, oursins, mollusques, bivalves, posidonies, etc.) ont été affectées par des "mortalités massives entre la surface et 45 mètres de fond", selon M. Gattuso, coauteur d'un article sur le sujet.

D'autres espèces vont plutôt migrer vers les pôles. "Les eaux de la Norvège et de l'Islande vont par exemple devenir plus poissonneuses", au détriment des pays de la zone intertropicale, selon le chercheur.

En se réchauffant, l'océan, qui capte un quart du CO2 émis par l'homme, pourrait même, à terme, perdre en partie son rôle de pompe à carbone. Cela aurait alors "un effet amplificateur sur le réchauffement atmosphérique", souligne Mme Mignot, en évoquant un "point de bascule".

"Ces points de bascule, on sait qu'ils existent mais on a du mal à savoir à quel niveau de réchauffement ils se déclenchent", confirme M. Sallée. "On sait que potentiellement, entre 2°C et 3°C de réchauffement, des points de bascule peuvent se déclencher".

D'ici à la fin du siècle, le Giec prévoit une multiplication par 50 de la fréquence de ces canicules océaniques dans son scénario le plus pessimiste, avec des épisodes dont l'intensité sera multipliée par dix.

Mais "on peut limiter les dégâts", rassure M. Gattuso. "Si les émissions de gaz à effet de serre suivent une trajectoire compatible avec l'Accord de Paris, on peut complètement stopper le réchauffement et l'acidification de l'océan", assure-t-il. "Tout n'est pas perdu."


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.