LONDRES: Les députés britanniques ont interdit Boris Johnson d'accès au Parlement, en validant lundi soir un rapport accablant qui a conclu que l'ex-Premier ministre avait menti au Parlement dans l'affaire du "partygate", compromettant son avenir politique.
Le jour même du 59e anniversaire de Boris Johnson, les élus de la chambre des Communes ont endossé les conclusions de la commission parlementaire sur les privilèges et les sanctions qu'elle a recommandées à l'encontre de l'ex-chef de gouvernement.
Avec 354 voix pour, et seulement 7 contre, le rapport a été largement approuvé par la chambre des Communes, qui compte au total 650 élus. Mais beaucoup se sont abstenus, parmi lesquels le Premier ministre Rishi Sunak.
Boris Johnson, qui a été forcé de démissionner de Downing Street l'été dernier après une série de scandales, se retrouve privé de son badge d'accès aux locaux du Parlement, dont disposent habituellement les anciens Premiers ministres.
Le rapport de 106 pages publié jeudi avait également recommandé sa suspension de 90 jours du Parlement – ce qui aurait entrainé une élection anticipée dans sa circonscription –, mais l'ex-dirigeant avait remis son mandat de député peu après avoir obtenu les conclusions du document.
Cette consultation des députés n'a que peu d'impact concret, mais elle représente une humiliation pour le charismatique et controversé conservateur. Il a qualifié le rapport de "chasse au sorcière" et a crié lors de sa publication à "l'assassinat politique".
Dans ce rapport, qui a ravivé les divisions au sein de la majorité, la commission a conclu qu'il avait "induit la Chambre en erreur sur une question de la plus haute importance pour la Chambre et pour le public" et ce "à plusieurs reprises".
Boris Johnson «a fui l'obligation de rendre compte de ses mensonges»
Selon la presse britannique, l'ex-Premier ministre avait appelé ses partisans à s'abstenir plutôt que de s'opposer au rapport.
Les députés conservateurs et de l'opposition se sont succédé pendant plus de 5 heures à la chambre des Communes pour donner leur opinion sur le rapport, mais au-delà sur l'ex-dirigeant et sur le "partygate", ces fêtes en plein confinement pendant la Covid-19.
La ministre des Relations avec le Parlement, Penny Mordaunt, a déclaré dès le début de la séance qu'elle allait voter en faveur du rapport, mais sans imposer de consigne de vote : "Tous les membres doivent se faire leur propre opinion et les autres doivent les laisser tranquilles à cet égard".
Le Premier ministre Rishi Sunak, dont la rivalité avec Boris Johnson s'affiche plus que jamais au grand jour, ne s'est pas présenté au débat, affirmant ne pas vouloir "influencer" le vote, mais cela lui a valu des accusations de "faiblesse" de la part des travaillistes.
L'ancienne Première ministre conservatrice Theresa May a invité tous les députés à se prononcer en faveur des conclusions du rapport afin de "contribuer à restaurer la confiance dans notre démocratie parlementaire".
Boris Johnson "a fui l'obligation de rendre compte de ses mensonges (...). Il n'y a pas eu d'excuses, pas d'acceptation d'une once de responsabilité", a dénoncé la travailliste Angela Eagle.
Pour un des plus proches alliés de Boris Johnson, Jacob Rees-Mogg, le commission a "délibérément tenté d'adopter l'interprétation la plus défavorable (...) des activités de M. Johnson".
Un gouvernement conservateur sous pression
L'ex-dirigeant, qui sera bientôt père pour la huitième fois, reste populaire dans son parti pour avoir mis en oeuvre le Brexit. En 2019, il était arrivé au pouvoir après une large victoire électorale.
Mais selon un sondage, 69% des Britanniques et 51% des électeurs conservateurs pensent qu'il a bel et bien menti au Parlement.
Boris Johnson, un ex-journaliste, a déjà trouvé une nouvelle activité: il a été embauché comme éditorialiste par le tabloïd conservateur Daily Mail.
Dimanche, une nouvelle vidéo publiée par le journal The Mirror montrant des membres du parti conservateur danser lors d'une fête durant la pandémie au mépris des règles de distanciation a suscité de vives réprobations.
Cette énième péripétie autour du "partygate" se produit au moment où le gouvernement conservateur est plus que jamais sous pression pour lutter contre l'inflation et la hausse des taux d'intérêt qui fait flamber les crédits immobiliers.
Au plus bas dans les sondages face à l'opposition travailliste, le parti, au pouvoir depuis 13 ans, va affronter en mauvaise posture quatre élections partielles dans les prochains mois.