ROUBAIX: Emmanuel Macron préside jeudi un hommage aux trois policiers tués par un chauffard dimanche et se veut "intraitable" face à ce qu'il a décrit et dénoncé comme une forme de "décivilisation".
Trois policiers de 24 et 25 ans ont été tués dimanche dans le Nord dans une collision avec un véhicule roulant à contre-sens conduit par un homme lui-même mort dans l'accident.
Alors que le débat monte après des violences répétées contre agents publics et élus de la République, le chef de l'État présidera la cérémonie d'hommage qui leur sera rendu à l'école nationale de police de Roubaix à 12H00 .
Il doit prendre la parole après avoir rencontré les familles et les collègues des victimes.
Paul, 25 ans, dont la compagne est enceinte, Steven, également 25 ans, père d'une petit garçon et Manon, 24 ans, qui avait fait des études de kiné avant de choisir la police, recevront les insignes de la Légion d'honneur à titre posthume.
Ils transportaient dans leur voiture une jeune fille de 16 ans victime d'une agression, "ce qui illustre le cœur de la mission qui leur incombe", avait indiqué la présidence mercredi. "Une mission de tous les jours où les policiers interviennent pour protéger les Français". La jeune fille a été grièvement blessée dans l'accident.
Introspection plus profonde
Emmanuel Macron a bouleversé son agenda pour se rendre à cet hommage, alors que le meurtre prémédité lundi d'une infirmière du CHU de Reims par un homme souffrant de schizophrénie et de paranoïa a également suscité une grande émotion dans le pays.
Au lendemain d'une longue crise sociale et politique sur la question des retraites, il a appelé mercredi ses ministres à "travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation".
Le terme vient de la recherche en sociologie mais a été repris par l'extrême droite, notamment par l'écrivain Renaud Camus, chantre de la théorie du "Grand remplacement".
Mais l'entourage du président évoque "un terme de recherche qui n'est pas préempté par un camp ou un autre".
Son utilisation vise, a précisé cette source jeudi à l'AFP, à "lancer le débat d'une introspection plus profonde sur les maux de la société aujourd'hui".
La démission du maire de Saint-Brévin, Yannick Morez, sous la pression et la menace constantes de l'extrême droite, les intimidations subies par députés et élus locaux ne peuvent être mises ""sur le même plan" que les drames de Reims et de Roubaix, insiste l'entourage du chef de l'État car "ils n'ont pas la même cause".
«Bienveillance»
Pour autant, le camp présidentiel dénonce à l'unisson "une société dans laquelle la violence effectivement est exacerbée", selon les mots jeudi de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
Elle a dénoncé "des personnes qui sont complètement décomplexées vis-à-vis de cette violence et ça devient de la violence ordinaire, de la violence quotidienne".
Lors des questions au gouvernement mercredi au Sénat, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin n'avait pas hésité à qualifier d'"assassin" le conducteur de la voiture qui a percuté le véhicule de police.
"Interrogeons-nous sur une société au sein de laquelle les gens qui soignent (...), les gens qui consacrent leurs journées, leurs nuits, à préserver la santé des autres se voient menacés", avait également lancé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
A l'aise dans ces débats, l'opposition de droite et d'extrême droite dénonce le laxisme de la justice et plus généralement le manque de soutien aux policiers.