ATHENES: Le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, son prédécesseur de gauche Alexis Tspiras et Nikos Androulakis, le chef de file des socialistes qui se verrait bien "faiseur de roi" : tour d'horizon des trois principaux candidats des élections législatives de dimanche en Grèce.
Mitsotakis, l'héritier
Au pouvoir depuis 2019, Kyriakos Mitsotakis, 55 ans, est issu de l'une de ces grandes familles qui dominent depuis des décennies la politique grecque.
Ce diplômé de l'université Harvard est le fils d'un ancien Premier ministre, Konstantinos Mitsotakis, mais aussi le frère de l'ancienne ministre de la Culture-- nommée par leur père-- puis ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyanni. Son neveu est l'actuel maire d'Athènes.
Après une carrière au cabinet de conseil américain McKinsey, il est élu député de la Nouvelle-Démocratie (ND) pour la première fois en 2004 avant d'assumer des portefeuilles ministériels dans différents gouvernements conservateurs.
Désigné à la tête du parti en 2016, cet homme peu réputé pour ses talents d'orateur gagne les élections législatives de 2019, une victoire qui rapproche le courant libéral qu'il représente au sein de ND de son aile nationaliste.
Kyriakos Mitsotakis met en exergue "la reprise robuste" de l'économie durant son mandat après la débâcle des années de crise financière.
Responsable à poignes sur les questions de sécurité, il a renforcé la police, passé de gros contrats d'armement, en particulier avec la France, et étendu le mur métallique le long de la frontière avec la Turquie face à ce qu'il qualifie de "menace" migratoire.
Son mandat a été entaché par un scandale d'écoutes téléphoniques illégales ayant notamment visé des journalistes et des adversaires politiques.
Père de trois enfants, à la tête d'un vaste patrimoine immobilier, Kyriakos Mitsotakis est marié à une femme d'affaires, Mareva Grabowski.
Tsipras pour « le changement »
Son principal adversaire, Alexis Tsipras, a été élu deux fois Premier ministre en 2015, année troublée marquée à la fois par une grave crise financière et migratoire, et fait aujourd'hui campagne pour "le changement".
"Justice partout", "changement du modèle de production", promet le programme du dirigeant de Syriza, qui reste l'homme du bras-de-fer avec les créanciers de la Grèce quand le pays avait été à deux doigts de quitter la zone euro.
Après une volte-face qui lui avait fait accepter les conditions drastiques dictées par l'UE pour l'octroi d'un nouveau plan d'aide, Alexis Tsipras avait dû consentir à mettre en oeuvre des mesures d'austérité au prix de sa popularité.
Une partie de son électorat ne lui a jamais pardonné. Depuis ce "Mélenchon grec" comme le surnommait la presse en 2015 a largement repositionné son parti vers le centre-gauche.
Cet homme de 48 ans connu pour ne jamais porter de cravate était parvenu durant son mandat à mettre un terme à une longue dispute diplomatique avec son voisin la Macédoine du Nord.
Membre de la jeunesse communiste, Alexis Tsipras avait pris les rênes de Syriza en 2008, à seulement 33 ans.
Père de deux enfants, il vit avec l'ingénieure Betty Baziana, sa compagne depuis le lycée.
Androulakis, le faiseur de rois
Chef du parti socialiste Pasok-Kinal depuis un an et demi, Nikos Androulakis, un ingénieur civil de 44 ans, s'est pendant près de dix ans consacré à la politique européenne en enchaînant deux mandats de député à Strasbourg.
Le dirigeant du troisième parti grec est aujourd'hui considéré comme un partenaire potentiel dans un gouvernement de coalition.
Ce Crétois s'est fait connaître à l'été 2022 en révélant que son téléphone portable avait fait l'objet d'une tentative d'intrusion via le logiciel-espion Predator l'année précédente. Il avait été alerté par les services du Parlement européen.
Ses révélations avaient relancé le scandale des écoutes illégales et entrainé la démission de deux hauts responsables grecs, dont le neveu du Premier ministre.
Aujourd'hui cette affaire reste un obstacle pour une alliance gouvernementale avec la ND.
Nikos Androulakis a posé ses exigences dès mars en indiquant qu'il soutiendrait un gouvernement de coalition à condition que ni Mitsotakis ni Tsipras n'en soient le Premier ministre.