PARIS: Un milliard en France, plus de deux milliards aux Etats-Unis: l'heure est aux investissements chez Ikea pour conquérir encore davantage de clients, auxquels le groupe suédois entend proposer des produits plus "verts" et des prix en baisse après le pic d'inflation.
Dimanche, à la veille de Choose France, un sommet d'investisseurs internationaux réunis par Emmanuel Macron à Versailles, Ikea a dévoilé 906 millions euros d'investissements supplémentaires d'ici à 2026 en France. S'ajouteront 377 millions non encore alloués d'une précédente enveloppe d'investissements qui n'avait pas été entièrement consommée.
Fin avril déjà, Ikea avait annoncé plus de 2 milliards d'euros d'investissements sur trois ans pour développer sa présence aux Etats-Unis.
"Ikea se porte vraiment bien aujourd'hui" et "les chaînes d'approvisionnement se normalisent" en dépit d'un contexte "incroyablement compliqué" et inflationniste, a expliqué dans un entretien à l'AFP Jesper Brodin, patron de la holding Ingka, qui regroupe la plupart des magasins Ikea dans le monde et représente plus de 90% de son chiffre d'affaires total.
La conquête de nouveaux clients est le mot d'ordre après une année 2022 difficile, marquée par l'inflation et le retrait précipité de Russie après l'invasion de l'Ukraine dont l'impact financier a toutefois été "soldé", selon M. Brodin.
La France est "notre troisième marché" dans le monde et "nous pensons pouvoir y croître davantage", a-t-il expliqué.
"Nous investissons dans des sites existants et aussi de nouvelles implantations" pour "rendre notre offre encore plus accessible au plus grand nombre" tout en "accélérant" les efforts de développement durable, a détaillé au cours du même entretien le PDG d'Ikea France, Johan Laurell.
Le spécialiste des meubles en kit a notamment annoncé l'ouverture d'un nouveau centre logistique à Toulouse (Sud de la France), en 2024, et confirmé une implantation similaire en 2026 à Limay (Région parisienne) avec "très probablement" de nouveaux emplois à la clé, selon M. Laurell.
L'enveloppe couvre également l'achat du centre commercial parisien Italie Deux, annoncé début avril, pour y relocaliser le magasin du quartier de La Madeleine et ses collaborateurs.
Aux Etats-Unis, où "il y a davantage de personnes qui n'ont pas d'accès à un magasin Ikea" qu'en France, l'expansion est surtout géographique, avec l'ouverture de huit magasins et neuf points de vente dans le pays.
- Recyclage de matelas -
Pour attirer les clients, Ikea mise aussi sur des prix toujours plus compétitifs après avoir "dû répercuter certaines hausses".
Des fluctuations et incertitudes le long de la chaîne d'approvisionnement persistent mais "dans quelques mois nous devrions pouvoir en être là où nous en étions avant la pandémie", selon le dirigeant d'Ingka.
En conséquence, "certains de nos coûts baissent", note M. Brodin, qui promet donc de répercuter ces baisses sur les tickets de caisse, après l'annonce en décembre 2021 d'une augmentation des prix de 9% en moyenne.
Une baisse des prix "n'est pas seulement notre prédiction, mais également notre mission", a- t-il insisté.
Pour gagner davantage de clients, "nous sommes vraiment devenus une entreprise omnicanal", où les magasins physiques et la vente en ligne se complètent, s'est félicité le directeur.
Ikea met également l'accent sur les engagements de développement durable de ses investissements: participation à un projet de parc solaire en France, livraison par la Seine à Paris, électrification des véhicules...
Le groupe va également "soutenir" la start-up néerlandaise RetourMatras dans son projet "d'accroître les capacités de recyclage de matelas en France de 500.000 unités", selon un communiqué.
Dans ce contexte, M. Brodin s'est dit favorable à une "réévaluation des subventions" publiques en France.
"Nous allons par exemple reprendre des matelas, donc nous demandons qu'on arrête les subventions pour l'incinération", a plaidé M. Brodin.
Le "Green Deal" européen, dit-il, est dans ce contexte "un effort incroyable, et je dirais même révolutionnaire" pour "soutenir et encourager la transition vers une économie zéro carbone" face au "Inflation Reduction Act" américain, source de "craintes d'un favoritisme du marché domestique" outre-Atlantique.