PARIS : La nouvelle mise en examen de Claude Guéant pour «association de malfaiteurs» dans l'affaire libyenne est un «chant du cygne» des juges qui «se raccrochent à cette qualification fourre-tout» faute de démontrer leur thèse d'un pacte de corruption, a déclaré son avocat jeudi à l'AFP.
L'ancien ministre, déjà poursuivi depuis 2015 dans ce dossier, a été de nouveau mis en examen mercredi à l'issue de son interrogatoire par les juges chargés de l'enquête sur un possible financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
«Cette mise en examen est une décision annoncée», compte tenu de celle similaire de l'ancien président début octobre, «mais qui ne tient pas compte du revirement de Ziad Takieddine et s'enferme dans un raisonnement basé sur ses déclarations depuis huit ans», estime Me Philippe Bouchez El Ghozi.
M. Takieddine, homme d'affaires franco-libanais qui s'est auto-désigné en 2016 comme le porteur de valises du régime de Khadafi, est revenu mi-novembre sur le cœur de ses accusations.
«Il n'y a pas eu de financement de campagne présidentielle de Sarkozy», avait-il dit, tout en assurant avoir transmis 5 millions d'euros en liquide pour des «formations» en 2005 à M. Guéant, alors directeur de cabinet de futur président au ministère de l'Intérieur.
Le parquet national financier avait répliqué à cette volte-face que les charges contre M. Sarkozy «ne se limitent pas aux déclarations» de M. Takieddine.
«Ce Monsieur a manipulé la justice, peut-être les Libyens et un certain nombre d'autres personnes. En dépit de ces contradictions, de ses mensonges, il continue de recevoir un certain crédit de la justice», dénonce l'avocat de l'ancien secrétaire général de l'Elysée.
Selon lui, «les magistrats ont beaucoup de mal à démontrer la corruption, alors ils se raccrochent à cette qualification fourre-tout qui est un chant du cygne».
«Dès 2018, Ziad Takieddine disait que Claude Guéant, Brice Hortefeux et les autres formaient une bande de malfaiteurs et on voit deux ans après que les magistrats ont suivi son raisonnement», s'étonne-t-il.
«On refuse d'admettre qu'aucun centime de fonds libyens n'a été retrouvé dans la campagne», juge-t-il. Selon les investigations, de l'argent en liquide non déclaré, au moins 30 000 à 35 000 euros, a circulé au QG du candidat.
«La justice s'enferme dans ce dossier et se laisse manipuler», conclut l'avocat.