PARIS : Nouveau label littéraire lancé par Les Éditions JC Lattès, La Grenade mise notamment sur trois auteurs d’origine arabe pour se faire une place dans les librairies. Faire lire et entendre des nouvelles voix explosives et exotiques, débordantes d’énergie et de souffle… Tel est l’objectif de La Grenade, un nouveau label littéraire lancé en mars dernier par la maison d’édition parisienne JC Lattès. Née sous l’impulsion de l’auteur et éditeur Mahir Guven, cette collection promet une sélection renversante de premiers romans issus de France et du monde francophone. « La Grenade est une aventure, le pari d’un amoureux des livres, des mots, de la langue, persuadé qu’il existe des auteurs qui s’ignorent, qui vont apporter un vent de fraîcheur au paysage littéraire et nous donner envie de lire encore et encore », confie Mahir Guven.
Un opéra urbain
Bien décidé à aider ces écrivains de l’ombre à dégoupiller, Mahir a tout d’abord misé sur Marc Cheb Sun pour ouvrir le bal, peu avant le confinement, avec un opéra urbain en plein cœur du XVIIIe arrondissement de Paris intitulé Et je veux le monde. Une plongée dans notre époque, à mi-chemin entre un roman d’apprentissage et un thriller politique.
« Marc et moi, c’est l’histoire d’une rencontre lors d’une conférence ennuyeuse à mourir, raconte Mahir. J’ai découvert qu’il écrivait, je l’ai entendu lire son texte dans un café lors de l’événement Pitch Me. Aujourd’hui, je me réjouis de publier son premier roman. Marc a été journaliste, fondateur du magazine Respect, du mook D’ailleurs et d’Ici. Créateur de performances théâtrales, il monte sur les planches de temps à autre, anime des ateliers d’écriture pour les jeunes, c’est un amoureux de l’égalité, du respect, et il mène un combat de longue haleine contre le racisme. »
Une pure fiction
En avril dernier, c’était au tour de Samir avec son roman court Saccharoses d’envoyer du style. Une pure fiction qui raconte la vie de trois hommes en quête d’idéal, chahutés par les fantasmes et les désillusions. « C’est par hasard, lors d’une émission de radio, qu’un journaliste m’a recommandé un texte auto-édité qui correspondait à la moitié de Saccharoses, poursuit Mahir. J’ai été soufflé. Curieux, j’ai contacté Samir, et j’ai rencontré un jeune homme aux cheveux argentés arrivant au rendez-vous sur un monocycle électrique. Samir est un touche-à-tout, un passionné de littérature et de poésie qui écrit sur son smartphone. Il a grandi dans la banlieue lyonnaise, s’est exilé à New-York puis à Londres, avant de rentrer à Paris pour créer non pas une mais deux start-up. »
Révolution de jasmin
Autre voix sucrée ? Celle d’Hella Feki et son Noces de jasmin qui aura l’honneur de représenter La Grenade pour sa première rentrée littéraire en septembre. Ici, l’auteure nous plonge au cœur de la révolution de Jasmin et ces trois semaines qui ont bouleversé le destin de la Tunisie. « Mon amitié avec Hella est née au cours d’un footing dans les collines et les rizières de Tananarive, où j’intervenais dans le cadre d’ateliers d’écriture, commente Mahir. À bout de souffle, elle me racontait ses histoires, son métier de professeur de français, sa jeunesse à Tunis, sa vie à Dakar, sa passion pour la pédagogie, la plongée, la danse africaine, et son envie d’écrire un roman. Six mois après, j’ai reçu son manuscrit qui m’a explosé au visage. »
Conquis par la sincérité de ces récits, Mahir Guven, qui conserve bien d’autres ouvrages épatants dans sa besace, ne compte pas s’arrêter là. Malgré les difficultés économiques du secteur de l’édition liées à la crise sanitaire, cet amoureux des mots espère bien réussir son pari. Celui de faire émerger une littérature en mouvement qui ose vivre avec son temps.