À Paris, le retour imprévisible du «black bloc» et de ses émules

Un manifestant passe devant des scooters en feu lors d'une manifestation à Paris le 28 mars 2023 (Photo, AFP).
Un manifestant passe devant des scooters en feu lors d'une manifestation à Paris le 28 mars 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 29 mars 2023

À Paris, le retour imprévisible du «black bloc» et de ses émules

  • Le «black bloc» est de retour et inquiète les autorités
  • En amont de la manifestation, la police a annoncé avoir procédé à environ 10 000 contrôles et fouilles de sacs

PARIS: Le geste est précis, discret, caractéristique de l'expérience au sein du "black bloc". D'abord un regard échangé au-dessus du masque noir, une remontée sans un mot du cortège, souvent en binôme et enfin une action.

Dans les cortèges des opposants à la réforme contre les retraites à Paris en régions, tout comme à la manifestation contre les "méga-bassines" à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) samedi dernier, le "black bloc" est de retour et inquiète les autorités.

A et B n'ont pas de papiers d'identité sur eux et refusent de donner leurs noms. L'un est étudiant à la fac de droit de Versailles et aime parler politique, l'autre plombier à Paris et montre sa cicatrice à la pommette, de la dernière manifestation.

Ils ont 19 ans, viennent de milieu sociaux opposés, parlent différemment mais se sont retrouvés mardi, jogging, foulard noir ou masque en tissu jusqu'au nez. Côte à côte depuis deux heures, boulevard Voltaire à Paris, ils jouent au chat et à la souris avec les forces de l'ordre.

Les "black blocs" fonctionnent par groupe et par affinités, contrairement aux casseurs, venus d'eux-mêmes et agissant individuellement, et ne savent pas toujours ce qu'ils sont.

"Appelez nous 'black bloc', appelez nous citoyens lambda", se moque le jeune plombier aux yeux bleus. "On est une goutte d'eau et on fait déborder le vase", relance, malicieux, l'étudiant.

Ces très jeunes aspirants n'ont qu'un an d'expérience en manifestation où ils se sont connus via une amie commune.

La jeune femme, apprentie dans le civil, yeux maquillés au khol, masque noir, treillis et sweat à capuche aussi, estime que "les manifestations pacifistes ne servent à rien".

«Allez là!»

Ce mardi est un jour sans. Pendant trois heures de piétinage et de petits accrocs avec les forces de l'ordre, la frustration sera leur lot pour ce cortège-là.

En amont de la manifestation, la police a annoncé avoir procédé à environ 10 000 contrôles et fouilles de sacs.

Dans la cour d'un immeuble haussmannien, un groupe de trois jeunes vêtus de noir fait une pause toilettes, en tentant de s'échapper du nuage de lacrymogènes.

Ceux-là s'expriment en anglais.

Lucia, piercing et boucles bonde, une Hongroise d'une vingtaine d'année, explique être venue d'Amsterdam en autocar avec des camarades le matin-même et repartira le soir. Sa présence confirme la crainte des autorités françaises qui anticipaient la présence à Paris de groupes expérimentés venus d'Europe.

"C'est pas ce qu'on espérait", dit-elle avant de repartir dans la foule, masquée.

Le "bloc" a ce mardi du mal à prendre. "Allez là, ça s'agrège", espère l'un. "On balance les fumigènes ou on attend ?", interroge un autre dans le cortège. Pas de réponse.

«Nébuleuse»

Le jeudi 23 mars, première mobilisation consécutive à l'adoption de la réforme avec l'article 49.3 de la Constitution, le "black bloc", discret depuis des semaines, avait fait une violente réapparition dans les rues parisiennes.

Dès le premier kilomètre de la manifestation, le "bloc", avec des éléments notamment plus âgés, avait récupéré son matériel dissimulé en amont : pavés, grilles en fonte, pétards, bombes agricoles, cocktails Molotov, marteaux ou bâtons.

Outre de très violents heurts frontaux avec les forces de l'ordre, à coup de projectiles ou de bâtons, ils ont pulvérisé le long du cortège des vitres de banques, fast-food, agences immobilières et donné l'impression de "vouloir tout casser".

En général, les participants au "black bloc", nourris d'une idéologie anticapitaliste, ne se servent pas dans ces magasins. Mais les casseurs, évoluant de manière autonome autour d'eux dans la "nébuleuse", selon le vocabulaire policier, ou des jeunes les imitant, peuvent passer au pillage.

Les participants les plus aguerris au bloc ne sont que très rarement arrêtés.

Ce sont bien souvent les casseurs moins alertes, plus jeunes ou plus imbibés d'alcool, qui sont attrapés en flagrant délit, parfois même par un individu venu du "bloc" : les policiers, en civil et revêtus de noir eux aussi, y sont bien présents, selon plusieurs témoignages.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.