CHINE: Les sénateurs philippins ont approuvé mardi l'adhésion de leur pays au plus grand bloc de libre-échange du monde, ses partisans jugeant que cela favorisera emplois et investissements, ses détracteurs craignant que cela ne nuise aux agriculteurs.
Le Partenariat économique global régional (RCEP, pour son acronyme en anglais) est le plus grand accord commercial du monde, mesuré par le Produit intérieur brut (PIB) de ses quinze membres.
Il comprend dix pays d'Asie du Sud-Est dont les Philippines, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande et l'Australie, soit 30% du PIB mondial.
Signé fin 2020, après des négociations débutées en 2012, l'accord est entré en vigueur en janvier 2022. Les Philippines étaient le dernier pays à ne pas l'avoir encore ratifié.
Le RCEP, qui n'inclut pas les États-Unis, est considéré comme un élément majeur de la politique d'influence de la Chine.
Il prévoit d'éliminer 90% des droits de douane entre ses membres, mais l'environnement et les droits des travailleurs ne font pas partie du texte.
Le président Ferdinand Marcos Jr, en poste depuis mi-2022, et le patronat philippin ont fait pression sur le Sénat en arguant d'avantages pour les consommateurs, les entreprises et l'économie en général.
"Je pense que pour nous, cela change la donne", a déclaré mardi le secrétaire à la Planification économique Arsenio Balisacan.
"Les investisseurs étrangers recherchent des endroits où il y a des règles claires, en particulier pour faciliter les échanges, les politiques d'investissement, et qui ne changent pas à tout moment", a-t-il indiqué à la presse.
"En étant membre, nous disons au monde, +nous sommes prêts, nous respectons les règles du jeu, et votre investissement est en sécurité avec nous+", a relevé M. Balisacan.
Le patronat (MBC) a assuré que l'accord favoriserait le développement des entreprises philippines à l'étranger et l'emploi, et qu'il contenait des "garanties adéquates" pour protéger les industries locales.
Les représentants du secteur agricole et des sénateurs, dont la propre soeur du président, Imee Marcos, se sont opposés à l'inverse à l'accord de crainte qu'il n'entraîne une forte hausse des importations agricoles.
Les mesures visant à protéger les intérêts du pays "semblent n'être que des ornements", a déclaré Mme Marcos, qui s'est abstenue.
L'Inde s'est retirée des négociations en 2019 par crainte de l'entrée de produits chinois bon marché pourra rejoindre l'accord dans le futur.