En visite en Argentine, Lula promet un retour «à la normalité» au Brésil

Photo publiée par la présidence argentine montrant (de gauche à droite) le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le président argentin Alberto Fernandez et l'ancien président bolivien (2006-2019) Evo Morales lors du concert de la fraternité argentino-brésilienne au centre culturel Kirchner (CCK) à Buenos Aires le 23 janvier 2023. (AFP).
Photo publiée par la présidence argentine montrant (de gauche à droite) le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le président argentin Alberto Fernandez et l'ancien président bolivien (2006-2019) Evo Morales lors du concert de la fraternité argentino-brésilienne au centre culturel Kirchner (CCK) à Buenos Aires le 23 janvier 2023. (AFP).
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Publié le Mardi 24 janvier 2023

En visite en Argentine, Lula promet un retour «à la normalité» au Brésil

  • Trois semaines après le début de sa présidence, et deux semaines à peine après l'assaut de bolsonaristes contre les sièges d'institutions brésiliennes, Luiz Inacio Lula da Silva a été reçu lundi en visite officielle à Buenos Aires
  • Suivra mardi, dans la capitale argentine, un sommet de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC- 33 pays membres), en présence d'une quinzaine de chefs d'Etat et de gouvernement

BUENOS AIRES : Le président brésilien Lula a entamé lundi son retour à l'international par une visite chez son voisin et proche allié argentin, où il a tenté de rassurer sur un prochain retour "à la normalité" au Brésil, après la convulsion récente qui a menacé les lieux de pouvoir à Brasilia.

Trois semaines après le début de sa présidence, et deux semaines à peine après l'assaut de bolsonaristes contre les sièges d'institutions brésiliennes, Luiz Inacio Lula da Silva a été reçu lundi en visite officielle à Buenos Aires. Suivra mardi, dans la capitale argentine, un sommet de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC- 33 pays membres), en présence d'une quinzaine de chefs d'Etat et de gouvernement.

Lula bouclera ensuite mercredi en Uruguay cette première sortie internationale, avant de recevoir à Brasilia le 30 janvier le chancelier allemand Olaf Scholz, puis de se rendre le 10 février à Washington, rencontrer son homologue américain Joe Biden.

A Buenos Aires, le dirigeant de gauche de 77 ans, qui entame son troisième mandat (après ceux de 2003 à 2010), a été rattrapé par des questions sur la situation intérieure au Brésil.

Il a dit sa conviction, trois jours après le limogeage du chef de l'armée de terre, que le Brésil reviendra "à la normalité" et que les forces armées y "rempliront leur rôle" sans "servir un politicien", comme selon lui elles ont pu le faire sous son prédécesseur d'extrême droite Jair Bolsonaro.

Il s'exprimait pour la première fois depuis le limogeage samedi du général Julio César de Arruda, deux semaines après les attaques du 8 janvier à Brasilia. Le ministre de la Défense avait évoqué une "rupture de confiance" avec l'officier.

"J'avais choisi un chef de l'armée mais cela n'a pas fonctionné. J'ai dû en choisir un autre", a expliqué Lula lundi en conférence de presse, interrogé sur une confiance désormais rétablie ou pas, avec la nomination du général Tomas Ribero Paiva. "J'ai eu une bonne conversation avec lui. Il pense exactement la même chose que moi sur les forces armées".

"Les forces armées ne servent pas un politicien, elles n'existent pas pour servir un politicien", a-t-il insisté. Les militaires, comme "les agents de l'Etat, ne peuvent pas s'impliquer en politique pendant l'exercice de leur fonctions".

"Un phénomène s'est produit au Brésil (...) je ne sais pas comment l'expliquer, mais Bolsonaro a obtenu que la majorité dans toutes les forces militaires, de la police de chaque Etat à la police routière, une partie de police militaire et des forces armées", l'appuient, a ajouté Lula.

Rêve distant d'une «monnaie commune»

Sur la plan bilatéral, le président brésilien venait à Buenos Aires renouer avec une relation bilatérale forte de ses premiers mandats et a rappelé sa gratitude envers son homologue argentin Alberto Fernandez (centre-gauche) qui était venu le voir en détention en 2019.

Lula, demandant "pardon aux Argentins" pour le désintérêt de Bolsonaro ces dernières années, a promis qu'à la fin de son mandat "la relation avec l'Argentine sera la meilleure (bilatérale) qui puisse exister dans toute l'Amérique latine".

Brésil et Argentine, première et troisième économies d'Amérique latine, ont d'ailleurs signé lundi une batterie d'accords bilatéraux : énergie, science, santé, éducation, agriculture, finances...

Les deux chefs d'Etat ont évoqué des perspectives de gaz argentin pour le Brésil, d'électricité brésilienne pour l'Argentine. Et même de premiers pas, vers une "monnaie commune" aux deux pays qui faciliterait leurs transactions et échanges commerciaux conséquents --le Brésil est 1er partenaire économique de l'Argentine, l'Argentine 3e du Brésil.

"Nous voulons que nos ministres des Finances puissent nous faire une proposition" en ce sens, a déclaré Lula. "Nous ne savons pas comment pourrait fonctionner une monnaie commune à l'Argentine et Brésil ou dans la région. Mais nous savons comment fonctionnent des économies nationales avec des monnaies étrangères...", a déploré M. Fernandez, en référence à l'économie argentine de facto bimonétaire, avec un peso sous le joug du dollar et en dépréciation constante.

Mardi, Lula devait à Buenos Aires sceller le retour du Brésil au sein de la Celac, forum de dialogue et concertation des pays de la région -hors Etats-Unis et Canada. Bolsonaro en avait retiré le Brésil, dénonçant la place accordée à des régimes "non-démocratiques", tels Cuba, le Venezuela ou le Nicaragua.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.