Ukraine: le bilan de la frappe sur Makiïvka grimpe à 89 morts, critiques à Moscou

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé que son armée avait abattu plus de 80 drones depuis le début de 2023 (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé que son armée avait abattu plus de 80 drones depuis le début de 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 04 janvier 2023

Ukraine: le bilan de la frappe sur Makiïvka grimpe à 89 morts, critiques à Moscou

  • Selon les médias russes, les victimes étaient des mobilisés, donc des soldats non professionnels
  • Selon l'armée russe, cette attaque a été menée à l'aide de systèmes lance-missiles Himars, une arme fournie par les Etats-Unis à l'Ukraine, qui permet de frapper loin derrière les lignes ennemies

KIEV: La Russie a admis mercredi un bilan plus lourd de la frappe ayant visé dans la nuit du Nouvel an des soldats russes à Makiïvka, dans l'est de l'Ukraine, qui grimpe à 89 morts, suscitant une nouvelle volée de critiques. 

L'état-major ukrainien a confirmé avoir mené cette frappe et le département des communications stratégiques de l'armée ukrainienne a revendiqué un bilan bien plus lourd dans les rangs russes, chiffré à 400 morts et 300 blessés. Cette affirmation n'a cependant pas été confirmée par l'état-major. 

Côté russe, le bilan initialement annoncé de 63 morts a été revu à la hausse après la découverte de nouveaux corps dans les ruines du bâtiment à Makiïvka, visé par une frappe ukrainienne le 1er janvier à 00H01 (22H01 GMT), a indiqué le général russe Sergueï Sevrioukov dans un message vidéo diffusé par son ministère. 

Selon lui, la "cause principale" de la frappe est "l'utilisation massive par le personnel de téléphones portables" malgré l'interdiction de le faire, ce qui a permis aux forces ukrainiennes de géolocaliser cette concentration de soldats russes. 

M. Sevrioukov a assuré que "les mesures nécessaires sont prises pour éviter de tels incidents tragiques à l'avenir" et que "les responsables seront tenus de rendre des comptes". 

Il s'agit du plus lourd bilan en une seule attaque admis par Moscou depuis le début de l'offensive en février, qui intervient après une série d'embarrassants revers militaires sur le terrain. 

Selon les médias russes, les victimes étaient des mobilisés, donc des soldats non professionnels. 

L'annonce de ce bilan plus lourd n'a pas manqué de susciter de nouvelles critiques envers le commandement militaire russe, déjà fustigé lundi et mardi pour son "incompétence" par des correspondants et commentateurs russes. 

« Impunité » 

La patronne de la chaîne RT, le fer de lance de la propagande du Kremlin à l'international, Margarita Simonian, a appelé à rendre public les noms des officiers russes impliqués et "la mesure de leur responsabilité". 

"Il est temps de comprendre que l'impunité ne conduit pas à l'harmonie sociale. L'impunité conduit à de nouveaux crimes. Et, par conséquent, à la dissidence publique", a-t-elle écrit sur Telegram. 

Le responsable séparatiste prorusse Denis Pouchiline a lui tenu à louer "l'héroïsme" des soldats ayant survécu à la frappe ukrainienne, qui ont "risqué leur vie" en allant "secourir leurs camarades" sous les décombres. D'après lui, le commandant adjoint du régiment a été tué. 

De nombreux Russes demandaient, eux, sur les réseaux sociaux une enquête transparente sur les circonstances de la frappe. "Ils vont faire traîner ça et dans le pire des cas, ils mettrons ça sur le dos de quelqu'un", craint ainsi Valeri Boutorine sur le réseau VK. 

"Ce ne sont pas les téléphones portables et leurs propriétaires qui sont à blâmer, mais la négligence banale des commandants, qui, j'en suis sûr, n'ont même pas essayé de réinstaller le personnel" hors du bâtiment, a fustigé le groupe "Notes d'un vétéran" sur Telegram, qui rassemble 200 000 abonnés. 

Selon l'armée russe, cette attaque a été menée à l'aide de systèmes lance-missiles Himars, une arme fournie par les Etats-Unis à l'Ukraine, qui permet de frapper loin derrière les lignes ennemies. 

Selon le ministère britannique de la Défense, compte tenu de la destruction du bâtiment à Makiïvka, "il existe une possibilité réaliste que des munitions étaient stockées à proximité des logements des troupes". 

« Très dur » 

Fait inhabituel en Russie, où les pouvoirs publics restent souvent discrets sur les pertes militaires en Ukraine, environ 200 personnes se s'étaient réunies mardi avec l'aval des autorités à Samara (centre), d'où étaient originaires certains des soldats tués, pour pleurer les morts lors d'une cérémonie orthodoxe. 

"C'est très dur, c'est effrayant. Mais nous ne pouvons pas être brisés. Le chagrin nous unit", a dit Ekaterina Kolotovkina, présidente d'un groupe d'épouses de soldats, en appelant à la "vengeance". 

Le président russe Vladimir Poutine n'a pas encore réagi publiquement. 

Sur le front en Ukraine, les combats se poursuivaient mercredi. 

Le général russe Sergueï Sevrioukov a affirmé que ses forces avaient détruit plusieurs lance-missiles ukrainiens à Droujkivka, dans la région de Donetsk, et infligé de lourdes pertes après l'attaque de Makiïvka. L'Ukraine a de son côté fait état d'un mort et de la destruction d'une patinoire. 

Le gouverneur de la ville de Sébastopol, en Crimée annexée, Maikhaïl Razvojaïev, a lui rapporté que la flotte russe avait repoussé une attaque de drones ukrainiens, dont deux ont été abattus. 

Un responsable de l'occupation russe dans le Sud de l'Ukraine, Vladimir Rogov, a lui fait état sur Telegram la mort de deux civils dans un tir ukrainien au Himars sur Vassilevka, dans la région de Zaporijjia. 

Côté ukrainien, l'état-major a rapporté mercredi des bombardements sur Kramatorsk (est), Zaporijjia et Kherson (sud). La présidence a rapporté 5 morts et 13 blessés dans des tirs russes en 24 heures. 


Droits de douane: des démocrates soupçonnent Trump de possible délit d'initié

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
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  • Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER"
  • Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique

WASHINGTON: Donald Trump a-t-il commis un délit d'initié ? Plusieurs élus démocrates ont émis des soupçons, estimant que le président américain avait peut-être, en encourageant à acheter des actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane, illégalement manipulé les marchés.

"Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d'initiés ?", a interrogé le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff sur son compte X mercredi.  "Le Congrès doit savoir", a-t-il ajouté, appelant à une enquête parlementaire.

"Le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde", ont affirmé de leur côté les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, également sur X.

Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER".

Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique.

Après plusieurs jours d'effondrement, l'indice Dow Jones a fini mercredi en hausse de 7,87%, sa plus forte progression depuis 2008, et l'indice Nasdaq de 12,16%, du jamais-vu depuis 2001.

Un spécialiste en éthique a lui aussi estimé qu'il y avait matière à enquête.

"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement", a écrit sur X Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush. "Ce scénario pourrait exposer le président à des accusations de manipulation du marché", a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

La Maison Blanche a assuré que Donald Trump ne voulait que "rassurer".

"Il est de la responsabilité du président des États-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l'alarmisme permanent des médias", a déclaré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.