En Chine, fin de l'appli anti-Covid de traçage des déplacements

Un agent de santé prélève un échantillon sur écouvillon d'une femme à tester pour le coronavirus Covid-19 sur un site de collecte d'écouvillons à Pékin le 11 décembre 2022. (AFP)
Un agent de santé prélève un échantillon sur écouvillon d'une femme à tester pour le coronavirus Covid-19 sur un site de collecte d'écouvillons à Pékin le 11 décembre 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 12 décembre 2022

En Chine, fin de l'appli anti-Covid de traçage des déplacements

  • La Chine a annoncé l'arrêt de la principale application anti-Covid de suivi des déplacements, utilisée pour vérifier si les habitants sont passés par une zone touchée
  • Le nombre de cas semble exploser dans le pays, à une échelle encore difficile à évaluer

PEKIN: Nouveau symbole de la sortie du zéro Covid : La Chine a annoncé lundi l'arrêt de la principale application anti-Covid de suivi des déplacements, utilisée pour vérifier si les habitants sont passés par une zone touchée.

Cette annonce intervient alors que le nombre de cas semble exploser dans le pays, à une échelle encore difficile à évaluer car les tests PCR ne sont désormais plus obligatoires et les particuliers n'informent que rarement les autorités de leurs autotests positifs.

Appelée "Carte des déplacements", l'application se basait sur le bornage téléphonique et permettait à ses utilisateurs de montrer à leurs interlocuteurs (hôtel, bâtiment, centre commercial) les villes dans lesquelles ils s'étaient rendus durant les sept derniers jours.

Si aucun de ces lieux n'était classé "à haut risque" (c'est-à-dire avec un grand nombre de cas), l'application affichait une flèche verte, synonyme de passage autorisé.

La "Carte des déplacements", sous la responsabilité du gouvernement central, sera désactivée à partir de mardi matin minuit, après plus de deux ans et demi de service, selon un communiqué officiel.

Cette décision intervient après l'annonce mercredi par la Chine d'un assouplissement soudain et radical des mesures sanitaires - un éloignement très net de sa politique "zéro Covid" destinée à éviter tout décès.

Le gouvernement avait notamment annoncé la fin des confinements à grande échelle et l'arrêt des placements systématiques des personnes testées positives dans des centres de quarantaine - des établissements décriés, au confort très variable.

Le ministère de la Santé a rapporté lundi 8 626 nouveaux cas locaux de personnes testées positives en Chine.

Covid-19: une maladie sans doute jamais éradiquée et d'autres à venir

Il y a trois ans, le Covid-19 bouleversait la planète. La pandémie n'est pas terminée et les chercheurs préviennent qu'il faut s'attendre à d'autres épidémies en tirant les leçons de la crise qu'elle a engendrée pour mieux s'y préparer.

La pandémie de Covid est-elle bientôt terminée ?

"Nous n'en sommes pas encore là", a averti début décembre l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Si au moins 90% de la population mondiale présente une forme d'immunité, "des lacunes dans la surveillance, les tests, le séquençage et la vaccination continuent à créer les conditions idéales pour l'émergence d'un nouveau variant préoccupant qui pourrait causer une mortalité significative", a prévenu son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus.

C'est l'OMS qui déclare la fin d'une pandémie. "C'est toujours un moment extrêmement important, souvent sujet à des controverses", a relevé Philippe Sansonetti, microbiologiste, lors d'un colloque mercredi à l'Institut Pasteur, jugeant que l'organisation n'était probablement pas disposée à "siffler la fin" de la pandémie.

Ce que les experts anticipent, c'est une transformation progressive de la pandémie en un virus endémique, continuant de circuler et provoquant des résurgences régulières de la maladie. C'est le cas aujourd'hui de la rougeole ou la grippe saisonnière.

Pourra-t-on éradiquer un jour cette maladie ?

C'est très peu probable.

L'épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), qui a éclaté au niveau mondial en 2003 et fait presque 800 morts, a pu être endiguée par des mesures d’isolement et de quarantaine.

Un virus, la variole, a déjà été déclaré "éradiqué" en 1980 grâce à une campagne de vaccination de l'OMS.

Mais ce scénario reste extrêmement rare. "Pour éradiquer un virus, il faut que la maladie soit cliniquement visible, qu'il n'y ait pas de réservoir animal, et disposer d'un vaccin très efficace, qui protège à vie. Le Covid-19 coche toutes les mauvaises cases", a souligné Philippe Sansonetti.

Une part des porteurs du Covid-19 sont en effet asymptomatiques, ce qui nuit aux mesures d'isolement. Et, contrairement à la variole, le virus se transmet aux animaux et pourrait continuer à circuler chez eux et réinfecter l'humain.

Enfin, les vaccins protègent bien contre les formes graves de la maladie mais peu contre les réinfections, et des doses de rappel restent nécessaires.

Quels sont les principaux risques à venir ?

Pour Etienne Simon-Lorière, directeur de l'unité génomique évolutive des virus à ARN à l'Institut Pasteur, "on laisse aujourd'hui beaucoup trop circuler le virus": à chaque fois qu'il infecte une personne, des mutations peuvent apparaître et sont susceptibles de le faire évoluer vers des formes plus ou moins sévères.

"Même si ça nous arrangerait tous de croire cela, on n'a aucune raison de penser qu'il va devenir plus sympathique", a-t-il prévenu.

Par ailleurs, d'autres virus respiratoires pourraient émerger: depuis l'apparition du Sras, du Mers, et du Sars-Cov2, "on a retrouvé une bonne dizaine de coronavirus chez des chauve-souris qui pourraient potentiellement infecter l'homme", a relevé Arnaud Fontanet, spécialiste des maladies émergentes à l'Institut Pasteur.

Environ 60%/70% des maladies émergentes sont d'origine zoonotique, c'est-à-dire qu'elles se transmettent naturellement des animaux vertébrés à l'homme et vice versa.

En occupant des zones du globe de plus en plus larges, en voyageant, en intensifiant ses interactions avec les animaux, les humains contribuent à perturber l'écosystème et à favoriser la transmission des virus.

Comment s'y préparer ?

Pour Arnaud Fontanet, "beaucoup peut et doit être fait au début d'une épidémie". Ainsi, en 2020, le Danemark a décidé un confinement très tôt, ce qui lui a permis d'en sortir plus vite, a-t-il fait valoir.

Autre impératif: "avoir une capacité de développement de tests très précoce", au début d'une épidémie, de manière à isoler les malades très rapidement. "Malheureusement, aujourd'hui on est encore dans la réaction, pas dans l'anticipation", regrette le chercheur.

Au niveau international, le concept "one health" (une seul santé), apparu au début des années 2000, qui promeut une approche globale des enjeux sanitaires avec des liens étroits entre la santé humaine, celle des animaux et l'environnement, est de nouveau mise en avant.

Un projet d'accord mondial sur la gestion des pandémies était aussi en discussion la semaine dernière à Genève, dans l'espoir d'éviter les erreurs ayant marqué la lutte contre le Covid-19.

«Bon débarras»

Ce chiffre connaît une forte chute ces derniers jours mais ne reflète pas la réalité de la vague épidémique actuelle, qui passe sous les radars statistiques.

L'une des figures les plus respectées en Chine de la lutte anti-Covid, le spécialiste des maladies respiratoires Zhong Nanshan, a ainsi indiqué dimanche que le variant Omicron se "propageait rapidement" dans le pays.

Jusqu'à la semaine dernière, la plupart des Chinois ne connaissaient personne de leur entourage ayant jamais eu le Covid. Mais depuis quelques jours, de manière extrêmement subite, l'inverse se produit, notamment à Pékin, a constaté l'AFP.

La "Carte des déplacements", application nationale souvent utilisée pour les voyages inter-provinces, évoluait en parallèle des applications locales, qui continuent de fonctionner et sont les principales utilisées au quotidien pour entrer dans restaurants, magasins et bâtiments.

"Ciao ciao! Tout ça signale la fin d'une époque", réagissait lundi un utilisateur du réseau social Weibo.

"Bon débarras", déclarait une autre internaute, ravie de la disparition de la "Carte des déplacements".

"Prochaine étape : faire disparaître toutes ces applications locales", soulignait une troisième.

Certains internautes se demandaient toutefois ce qui adviendra de la masse de données collectées par l'application.

"J'espère qu'il y aura des moyens et des mesures pour se déconnecter et supprimer tout ça", soulignait un utilisateur.

Quid des données? 

Lancée début 2020, l'application était alimentée par les données de bornage téléphonique des trois opérateurs mobiles chinois.

Le flou demeure sur la conservation des données et sur la poursuite ou non de leur collecte. Car l'application en elle-même ne collectait rien, elle n'était que l'interface qui permettait d'afficher les résultats de la collecte d'informations.

"L'application peut disparaître, mais les données sont toujours là", souligne ainsi l'analyste Kendra Schaefer, spécialiste du sujet au sein du cabinet pékinois Trivium China.

Le gouvernement "gagne plus qu'il ne perd en se débarrassant" de cette application car "le coût de la maintenance d'un tel système doit être énormissime", ajoute-t-elle sur Twitter.

"Est-ce que ces données vont se transformer en un autre système de suivi ? On pourrait dire que c'est déjà le cas. Car ces mêmes ensembles de données sont déjà utilisés dans des tonnes d'applications (en Chine), dont beaucoup sont bénéfiques à la société, mais certaines sont orientées vers la surveillance de masse".

Malgré la propagation du virus, l'assouplissement des restrictions aux déplacements stimule le secteur aérien en Chine.

Le nombre de vols dans les deux principaux aéroports de Pékin devrait ainsi "dans un avenir proche" atteindre 70% de ce qu'il était en 2019, a indiqué lundi la télévision publique CCTV.

Actuellement le nombre de vols internationaux est équivalent à 6,68% du niveau de 2019, selon le site spécialisé VariFlight.


Première réunion à Paris entre Américains, Européens et Ukrainiens, rendez-vous à Londres

(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
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  • De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris
  • Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine

PARIS: De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris, avant une prochaine réunion à Londres, au moment où les négociations de cessez-le-feu initiées par Washington piétinent et où les Européens veulent imposer leur voix.

Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine, estimant que "nous partageons tous la même volonté de paix", plus de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.

"Les échanges se poursuivront dès la semaine prochaine à Londres", a-t-il précisé, estimant que "la coordination entre alliés est cruciale", alors que les Européens craignent depuis des semaines d'être mis à l'écart des négociations.

"La nouveauté (...) c'est qu'aujourd'hui à Paris, les Etats-Unis, l'Ukraine et les Européens se sont retrouvés autour d'une même table" pour évoquer les pistes vers "une paix juste et durable", a souligné le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot lors d'une brève allocution.

Les Etats-Unis "ont compris qu'une paix juste et durable, une paix durable, ne peut être atteinte qu'avec le consentement et la contribution des Européens", a insisté le ministre interrogé plus tard sur la chaîne LCI. Tout dialogue avec Moscou sera subordonné au fait qu'elle accepte un "cessez-le-feu sans condition et immédiat".

- Echange Rubio-Lavrov -

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, présent à Paris, a appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire part des intenses échanges de la journée, avant même de s'exprimer publiquement.

Il a transmis le "même message" à Moscou qu'aux Européens et aux Ukrainiens, selon un communiqué du département d'Etat: "l'accueil encourageant réservé à Paris au cadre américain montre que la paix est possible si toutes les parties s'engagent à parvenir à un accord".

Les deux hommes "ont convenu de la nécessité de maintenir des canaux de communication rapides, en particulier à la lumière des réunions prévues la semaine prochaine entre des fonctionnaires américains et européens et des représentants ukrainiens", a pour sa part indiqué le ministère des Affaires étrangères russe sur Telegram.

Concernant la réunion de Paris, la présidence ukrainienne a salué "une discussion constructive et positive", avant de souligner "l'importance du volet humanitaire, notamment le retour des enfants ukrainiens déplacés de force en Russie et la libération des prisonniers de guerre et des otages civils".

Depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait plus tôt accusé l'émissaire américain Steve Witkoff, qui a aussi participé aux échanges, d'avoir "adopté la stratégie russe".

M. Witkoff, proche ami du président américain Donald Trump, est l'interlocuteur du président russe Vladimir Poutine dans les négociations de cessez-le-feu, et avait déjà été accusé par Kiev de reprendre les éléments de langage du Kremlin.

Moscou, pour sa part, a accusé les Européens de vouloir "poursuivre la guerre" et a estimé que "de nombreux pays" tentaient de "perturber" le dialogue bilatéral renaissant entre Moscou et Washington.

C'est dans ce climat tendu, et alors que la guerre continue à faire rage sur le terrain - dix personnes ont été tuées par des frappes russes en Ukraine jeudi - que les réunions se sont enchaînées à Paris.

Outre les Américains, une délégation ukrainienne de haut niveau dont le chef de la diplomatie Andriï Sybiga, et des conseillers à la sécurité britannique et allemand, ont également participé aux échanges à Paris.

Depuis que le président Trump a effectué un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine et dit tenter d'obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, les Européens ont été quasiment exclus des discussions.

Le président Emmanuel Macron s’est entretenu avec Volodymyr Zelensky à l’issue des réunions, après lui avoir parlé par téléphone en amont des discussions.

Le président ukrainien avait appelé jeudi matin à faire "pression" sur le Kremlin pour "mettre fin à (la) guerre et garantir une paix durable".

- Flou sur les garanties de sécurité -

Ce troisième déplacement en Europe du secrétaire d'Etat américain intervient alors que des négociations, lancées par l'administration Trump pour une trêve dans le conflit ukrainien qui a débuté en février 2022, peinent à progresser.

Sous la pression de Washington, Kiev avait accepté une cessation sans conditions des combats pour 30 jours, ignorée par la Russie.

Steve Witkoff a rencontré le président russe pour la troisième fois début avril. Lundi, il a déclaré que les discussions étaient "sur le point" de permettre des avancées.

Paris et Londres ont de leur côté monté une "coalition des volontaires", composée d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine travaillant notamment à la création d'une "force de réassurance" destinée à garantir un éventuel cessez-le-feu et empêcher toute nouvelle attaque de la Russie.

Mais un contingent militaire multinational en cas de paix, souhaité par Kiev, est une ligne rouge pour Moscou. Et le sujet n'a pas été abordé en détail dans les compte-rendus émis jeudi par la France. "Les Américains sont prêts à discuter de la question des garanties de sécurité", s'est borné à dire la présidence française.

En parallèle, le ministre américain de la Défense Pete Hegseth a exhorté jeudi son homologue français Sébastien Lecornu, en visite à Washington, à "augmenter les dépenses militaires" et à assumer, avec d'autres pays de l'Otan, "la responsabilité principale de la défense conventionnelle de l'Europe", selon le Pentagone.


Accord entre l'UE et le Mercosur: l'effet Trump fait monter la pression sur la France

Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
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  • Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine
  • Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard

BRUXELLES: Et si l'accord avec le Mercosur était adopté par l'UE grâce à Donald Trump?

Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine, et la pression monte sur la France.

Le futur chancelier allemand Friedrich Merz s'est engouffré dans la brèche. "L'équilibre du monde se déplace et nous les Européens avons besoin très rapidement" de nouveaux partenaires commerciaux, a-t-il insisté sur la chaîne ARD.

Avant de lancer une pierre dans le jardin de l'Elysée: Emmanuel Macron aurait "maintenant tendance" à regarder plus favorablement l'accord avec les pays latino-américains du Mercosur, s'est avancé Merz.

A Paris, qui redoute une nouvelle fronde agricole, on dément tout changement de pied. "Le projet d'accord n'a pas changé et n'est donc pas acceptable en l'état", assure une source diplomatique.

Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard. Mais hors de question de "sacrifier l'agriculture française sur l'autel d'un accord à tout prix", lance-t-elle, en mettant en avant des risques pour des filières comme la volaille, le boeuf ou le sucre.

L'avenir de ce traité de libre-échange pourrait être au coeur des tractations entre Paris et Berlin, qui veulent profiter de l'arrivée de Merz pour relancer le couple franco-allemand.

Et à la Commission européenne comme au Parlement, nombreux soulignent que le changement de la donne commerciale avec les Etats-Unis pèse dans la balance.

En Autriche par exemple, le ministre de l'Economie Wolfgang Hattmannsdorfer est désormais ouvertement favorable à l'accord, même si son pays reste officiellement opposé au traité.

A Paris, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, soutient ce rapprochement UE/Mercosur pour "amortir les chocs" liés à la politique commerciale de Donald Trump.

De son côté, la Commission européenne milite sans cesse pour une diversification tous azimuts des débouchés commerciaux, tant les incertitudes sont nombreuses avec les Etats-Unis.

"Dans un monde instable", l'intérêt du traité avec le Mercosur est "très clair", a répété l'exécutif européen le 10 avril.

- "Avant la fin de l'été" -

Cet accord de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay devrait notamment permettre à l'Union européenne d'exporter plus facilement ses voitures, machines, produits pharmaceutiques ou spiritueux.

En retour, il faciliterait les exportations sud-américaines de viande, sucre, riz, miel ou soja, ce qui alarme les filières concernées en Europe.

La Commission compte rassurer "tous les Etats membres" et veut présenter un texte au Parlement "avant la fin de l'été", a affirmé un de ses porte-paroles Olof Gill.

Mais les eurodéputés restent divisés. "On ne sait pas de quel côté la pièce va tomber" en cas de vote, reconnaît la centriste française Marie-Pierre Vedrenne (Renew).

Cette élue, qui a toujours été plutôt ouverte au Mercosur, trouve "à titre personnel, qu'on ne peut plus rester dans une logique d'opposition primaire. Vu l'état du monde, ce ne serait pas très sérieux et responsable", argue-t-elle.

Sauf que la ligne du président Macron "n'a pas changé", convient la parlementaire. "Ca s'est beaucoup cristallisé en France". L'opposition au Mercosur est "devenue un sujet d'union nationale".

Aux yeux d'un fonctionnaire européen, en France, sur le Mercosur "rationnellement ça devrait bouger" mais "politiquement ça ne peut pas bouger" car "le gouvernement tomberait" s'il soutient cet accord contesté par des élus de tous bords, estime-t-il.

Pour être approuvé, le traité doit d'abord recevoir l'aval de quinze Etats membres représentant au moins 65% de la population européenne.

Au sein des 27, la France espérait jusqu'ici réunir une minorité de blocage --au moins quatre Etats représentant plus de 35% de la population de l'UE-- contre le traité Mercosur. Mais "vu le contexte, elle ne l'aura probablement pas", pronostique déjà une source à la Commission.

S'il est validé, l'accord serait soumis au Parlement européen, où son adoption demeure incertaine.

Côté calendrier, dans les chancelleries comme chez les eurodéputés, on considère que rien ne se passera tant que la Pologne, hostile au Mercosur, occupe la présidente tournante du Conseil de l'UE.

Mais les Polonais passent le témoin début juillet au Danemark, qui pourrait mettre ce dossier inflammable à l'ordre du jour.


Rubio jeudi à Paris pour des discussions sur l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine
  • Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien"

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine notamment, a annoncé le département d'Etat, au moment où les relations entre les Etats-Unis et l'Europe sont tendues.

M. Rubio sera accompagné de l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour des "discussions avec leurs homologues européens afin d'avancer l'objectif du président Trump de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie et d'arrêter la tuerie", selon un communiqué.

Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien", selon une source diplomatique.

Traditionnellement, les secrétaires d'Etat américains sont reçus à l'Elysée mais aucune rencontre avec le président Emmanuel Macron n'a été annoncée pour le moment.

Il s'agira du troisième déplacement en Europe de M. Rubio depuis sa prise de fonctions après sa participation à la conférence sur la sécurité à Munich mi-février et une réunion de l'Otan à Bruxelles en mars.

Tandis que M. Rubio sera à Paris, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu sera lui à Washington jeudi où il s'entretiendra avec le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth.

Outre l'épineux dossier des droits de douane, qui avive les tensions entre Washington et les capitales européennes, l'administration Trump ne cesse d'augmenter sa pression sur les Européens accusés d'abuser des Etats-Unis notamment dans le cadre de l'Otan.

Les négociations à l'initiative de Donald Trump en vue d'un cessez-le-feu général entre Kiev et Moscou n'ont pour l'instant pas abouti, l'attaque russe dimanche contre Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ayant causé la mort d'au moins 35 civils, venant rappeler selon Washington et Paris l'urgence à trouver une issue au conflit.

L'émissaire du président américain avait affirmé lundi, trois jours après une nouvelle rencontre avec le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine, que les pourparlers étaient "sur le point" de permettre des avancées.

La France et le Royaume-Uni sont tout particulièrement engagés dans les discussions en vue d'apporter des garanties de sécurité pour l'Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Les entretiens à Paris interviennent, par ailleurs, au moment où de rares discussions entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire de l'Iran ont eu lieu samedi dernier dans le sultanat d'Oman, et qu'un nouveau round est prévu le 19 avril à Rome, toujours sous la médiation d'Oman.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.