En faisant revivre l'ancienne route de la soie, la Chine devient le premier partenaire commercial de l'Arabie saoudite

La Chine est devenue aujourd'hui le premier partenaire commercial de la région arabe (AFP).
La Chine est devenue aujourd'hui le premier partenaire commercial de la région arabe (AFP).
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Publié le Vendredi 09 décembre 2022

En faisant revivre l'ancienne route de la soie, la Chine devient le premier partenaire commercial de l'Arabie saoudite

  • La Chine moderne exporte des textiles, des produits électroniques et des machines vers l'Arabie saoudite et importe du pétrole brut et des matières plastiques primaires
  • Les deux pays sont bien placés pour élargir leur coopération dans l'économie circulaire du carbone, les énergies renouvelables et les industries de haute technologie

RIYAD: Les décisions prises au cours de la dernière décennie, depuis que Xi Jinping est devenu président, ont placé la Chine sur une base solide pour devenir la première puissance économique d'Asie, voire du monde. Les nombreuses réalisations du pays sont sous les feux des projecteurs alors que Xi Jinping effectue une visite d'État en Arabie saoudite en réponse à une invitation du roi Salmane.
Grâce à des réformes radicales, à un engagement diplomatique et à un développement massif des infrastructures, la Chine est aujourd'hui devenue le premier partenaire commercial de la région arabe et elle a repris son rôle historique de puissance exportatrice.
Ce qui fait de la Chine un exportateur aussi résilient, c'est la diversité des produits qu'elle fabrique – elle a délaissé l'agriculture, l'habillement et le textile au profit de l'électronique, des machines et des ordinateurs – ce qui la rend moins vulnérable à la volatilité des marchés.
L'essor de la Chine ne s'est évidemment pas fait du jour au lendemain. Au début des années 1970, la part du pays dans le commerce mondial représentait moins de 1 %. Puis, après une série de réformes visant à ouvrir l'économie, la demande d'exportations a explosé, passant de 2,31 milliards de dollars (1 dollar = 0,95 euro) en 1970 à 7,69 milliards en 1975.

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Les nombreuses réalisations du pays sont à l'honneur à l'occasion de la visite d'État de Xi Jinping en Arabie saoudite (Photo, SPA).

En 1985, les exportations chinoises avaient atteint une valeur de 25,77 milliards de dollars, augmentant tout au long de la décennie jusqu'en 1993, année lors de laquelle les exportations ont presque doublé en valeur en une seule année, passant de 53,36 milliards de dollars à 104,61 milliards de dollars en 1994.
La croissance s'est poursuivie après l'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 2001, stimulant une augmentation de la valeur de 520,24 milliards de dollars sur une période de cinq ans seulement.
En 1990, la Chine se classait 14e sur la liste des principaux exportateurs mondiaux, représentant seulement 1,8 % des exportations mondiales. En 2000, elle était passée à la 7e place, avec 3,9 %, juste derrière le Royaume-Uni et le Canada.
En 2004, la Chine a dépassé le Japon en tant que troisième exportateur mondial, représentant 6,5 % des exportations mondiales. Puis, en 2007, la valeur des exportations chinoises a franchi pour la première fois le seuil de 1 000 milliards de dollars, atteignant 1 260 milliards de dollars.
Bien que la crise financière mondiale de 2008 ait brièvement ralenti la croissance des exportations chinoises, celle-ci a rapidement rebondi. En 2009, la Chine avait dépassé l'Allemagne en tant que premier pays exportateur du monde, représentant 9,6 % des exportations mondiales.
Indépendamment de la pandémie de la Covid-19, qui a émergé de la ville chinoise de Wuhan à la fin de l’année 2019, entraînant des périodes de confinement, des interdictions de voyager et un ralentissement économique mondial, les exportations de la Chine ont continué de croître, pour atteindre un montant estimé à 3 500 milliards de dollars en 2021.
La Chine et le monde arabe entretiennent des relations commerciales qui remontent à mille cinq cents ans, à l'époque de la route de la soie, lorsque les tissus chinois arrivaient par voie terrestre dans la péninsule Arabique et que l'encens et les perles arabes étaient transportés vers l’Asie orientale.
Le nom de «route de la soie» a été inventé par le géographe allemand Ferdinand von Richthofen en 1877 pour décrire les anciennes routes commerciales entre l'Asie orientale et l'Europe. Le concept d'une grande ceinture unificatrice continue d'inspirer les relations commerciales jusqu'à ce jour.
Désormais, la Chine est le premier partenaire commercial de l'Arabie saoudite. Selon l'agence de presse Reuters, le commerce bilatéral a atteint 87,3 milliards de dollars en 2021, les exportations chinoises vers le Royaume atteignant 30,3 milliards de dollars et les importations chinoises en provenance d'Arabie saoudite s'élevant à 57 milliards de dollars.
Les principales exportations de la Chine vers l'Arabie saoudite sont le textile, les appareils électroniques et les machines, tandis que la Chine importe principalement du pétrole brut et des plastiques primaires en provenance du Royaume. Au cours des dix premiers mois de 2022, les importations chinoises de pétrole saoudien ont atteint 1,77 million de barils par jour, pour une valeur de 55,5 milliards de dollars, selon les données des douanes chinoises.

 

Les exportations mondiales de la Chine

- 1970: 2,31 milliards de dollars
- 1985: 25,77 milliards de dollars
- 2000: 253,1 milliards de dollars
- 2005: 773,34 milliards de dollars
- 2010: 1,65 billion de dollars
- 2020: 2,72 billions de dollars
- 2021: 3,55 billions de dollars

Le commerce bilatéral entre l'Arabie saoudite et la Chine n'a cessé de croître après la signature d'un protocole d'accord en novembre 1988, pour atteindre 5,1 milliards de dollars en 2002, dont 1,67 milliard de dollars d'exportations et 3,43 milliards de dollars d'importations.
En octobre 1999, le président chinois de l'époque, Jiang Zemin, est devenu le premier président chinois à se rendre en Arabie saoudite, où il a signé un accord stratégique sur le pétrole avec le Royaume pour contribuer à alimenter le secteur manufacturier chinois en plein essor.
En 2000, les exportations de pétrole brut vers la Chine étaient évaluées à 1,5 milliard de dollars. En 2010, elles valaient bien plus de 25 milliards de dollars. En 2022, Aramco a investi dans un complexe de raffinage et de pétrochimie de 10 milliards de dollars en Chine – le plus gros investissement saoudien dans le pays.
En septembre 2013, Xi Jinping a annoncé le lancement de l'initiative «La Ceinture et la Route» – anciennement connue sous le nom de «One Belt, One Road» et souvent appelée «Nouvelle Route de la soie» – lors d'une visite officielle au Kazakhstan.
L'initiative vise à relier les marchés et les usines d'Asie orientale à ceux d'Europe via un vaste réseau logistique et numérique traversant l'Asie centrale, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, dans une réinvention moderne de l'ancienne route de la soie.

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Les exportations de la Chine n'ont cessé de croître, atteignant un montant estimé à 3,55 trillions de dollars en 2021 (Photo, AFP).

Considérée comme la pièce maîtresse du programme de politique étrangère de Xi Jinping, l'initiative «La Ceinture et la Route» est une stratégie mondiale de développement des infrastructures, qui investit dans cent quarante-neuf pays et organisations internationales, et qui a été comparée au plan Marshall américain de la fin des années 1940.
Cette initiative, qui a été intégrée à la Constitution chinoise en 2018, a une date d'achèvement cible de 2049, destinée à coïncider avec le 100e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine.
L'initiative chinoise «La Ceinture et la Route» partage le même objectif de stimuler l'interconnexion par la coopération en matière d'énergie, de commerce, d'investissement et de technologie que le programme de réforme sociale et de diversification économique de l'Arabie saoudite initié en 2016 par le prince héritier, Mohammed ben Salmane, baptisé «Vision 2030».
Outre l'énergie, la technologie et le développement durable, la logistique est un autre domaine de coopération émergent entre les deux pays. Le marché des services de messagerie, d'express et de colis du Royaume devrait croître au cours des cinq prochaines années, offrant à l'initiative «la Ceinture et la Route» une source précieuse d'infrastructures de transport.
Des entreprises saoudiennes comme Ajex et son service international de commerce électronique express cherchent des moyens d'améliorer les échanges entre la Chine, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn et le Moyen-Orient au sens large, afin de répondre à la demande de commerce transfrontalier.
En travaillant ensemble, les diplomates et les chefs d'entreprise affirment que l'Arabie saoudite et la Chine sont bien placées pour étendre leur coopération dans l'économie circulaire du carbone, l'énergie hydrogène, les énergies renouvelables et une foule d'autres industries durables et de haute technologie.
En 2019, Chen Weiqing, ambassadeur de Chine en Arabie saoudite, avait déclaré que l'initiative «la Ceinture et la Route» de son pays était parfaitement compatible avec le programme Vision 2030 du Royaume, soulignant les intérêts communs des deux gouvernements et leur volonté de collaborer.
«La Chine et le Royaume font partie des principales forces du dialogue entre les civilisations», avait souligné l’ambassadeur à l'époque dans un article d'opinion pour Arab News. «La coopération entre la Chine et le Royaume jouit des caractéristiques de la stratégie, de l'harmonie et de l’intérêt mutuel.»
À l’occasion de la réunion de l'Association d'amitié sino-arabe en 2021, Mohammed al-Ajlan, président du Conseil d'affaires saoudo-chinois, avait signalé que plus d'une douzaine d'investisseurs chinois avaient exprimé leur intérêt pour divers projets d'infrastructure saoudiens.
«La coopération économique et financière entre les pays arabes et la Chine a connu un développement clair dans le processus de consolidation des relations commerciales et d'investissement», avait déclaré à l’époque M. Al-Ajlan dans un communiqué.
«Nous sommes impatients de déployer davantage d'efforts dans le but de soutenir les échanges commerciaux et les investissements conjoints en tirant parti des opportunités accessibles dans tous les pays», avait-il soutenu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


France: forte contraction de l'activité du secteur privé en novembre, selon l'indice PMI Flash

Le Premier ministre français Michel Barnier prononce un discours lors du forum d'affaires trilatéral France-Italie-Allemagne à Paris, le 22 novembre 2024. Le Forum trilatéral, qui en est à sa sixième édition, réunit les associations professionnelles MEDEF, Confindustria et BDI des trois pays, qui représentent les secteurs industriels des plus grandes économies européennes. (AFP)
Le Premier ministre français Michel Barnier prononce un discours lors du forum d'affaires trilatéral France-Italie-Allemagne à Paris, le 22 novembre 2024. Le Forum trilatéral, qui en est à sa sixième édition, réunit les associations professionnelles MEDEF, Confindustria et BDI des trois pays, qui représentent les secteurs industriels des plus grandes économies européennes. (AFP)
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  • "De très nombreuses entreprises interrogées ont imputé cette baisse de l'activité globale à la faiblesse de la demande" de la part des entreprises et des ménages, indique le communiqué
  • "Les données de l'enquête indiquent une accélération de la contraction, tant dans le secteur des services que dans l'industrie manufacturière en milieu de quatrième trimestre", soulignent S&P et HCOB

PARIS: L'activité du secteur privé français a enregistré en novembre sa plus forte contraction depuis janvier, avec un indice PMI Flash en recul pour le troisième mois consécutif, indiquent vendredi l'agence S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCOB), qui calculent cet indice.

Le PMI Flash s'est établi à 44,8 en novembre, au plus bas depuis dix mois, contre 48,1 en octobre.

"De très nombreuses entreprises interrogées ont imputé cette baisse de l'activité globale à la faiblesse de la demande" de la part des entreprises et des ménages, indique le communiqué.

"Les données de l'enquête indiquent une accélération de la contraction, tant dans le secteur des services que dans l'industrie manufacturière en milieu de quatrième trimestre", soulignent S&P et HCOB.

La production a ainsi "fortement baissé" dans le secteur manufacturier, avec un taux de contraction le plus élevé depuis décembre 2023. Les fabricants attribuent cette baisse de l’activité à plusieurs facteurs, dont la faiblesse des secteurs automobile, cosmétique et du BTP, ainsi qu’une conjoncture morose sur les marchés étrangers.

"Les prestataires de services ont quant à eux mentionné un manque de visibilité économique et politique, se traduisant par une plus grande réticence des clients à engager des dépenses". L'activité "a ainsi enregistré son plus fort recul depuis janvier dernier" dans les services.

Le volume des nouvelles affaires s'est lui aussi contracté en novembre, une baisse qui est "la plus marquée depuis quatre ans". Cette tendance "reflète principalement une forte diminution des nouvelles commandes dans l’industrie manufacturière".

Le recul global des ventes "s’explique également par un très fort repli de la demande étrangère, les tensions géopolitiques et l’affaiblissement de la demande en provenance des Etats-Unis", qui ont entraîné "la plus forte contraction des nouvelles affaires à l’export depuis mai 2020".

Les perspectives d’activité pour les douze prochains mois "sont orientées à la baisse pour la première fois depuis mai 2020" dans le secteur privé en novembre, car de nombreuses entreprises craignent que la faiblesse prolongée de la demande soit synonyme d'une contraction de l'activité au cours de 2025.

Les répondants à cette enquête expliquent leur pessimisme par "le climat d’incertitude actuel, engendré notamment par la morosité de la conjoncture économique", et "par la fermeture d’entreprises et la faiblesse des secteurs de l’automobile et du BTP".

S&P et HCOB relèvent toutefois "une tendance favorable" sur un point: "l'emploi est reparti à la hausse", avec un taux de création de postes à un plus haut depuis six mois, "exclusivement" dû à une augmentation des effectifs dans les services.


450 000 emplois dans le secteur saoudien du divertissement d'ici 2030, selon le ministère de l'Investissement

La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume. (Shutterstock)
La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume. (Shutterstock)
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  • L'Arabie saoudite a délivré 34 permis d'investissement dans l'industrie du divertissement au cours du troisième trimestre de l'année
  • La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume, qui visent à réduire la dépendance du pays aux revenus du pétrole brut

RIYAD: Le secteur du divertissement en Arabie saoudite devrait créer 450 000 emplois et pourrait contribuer à hauteur de 4,2% au produit intérieur brut du pays d'ici à 2030, selon un nouveau rapport.

Dans son dernier communiqué, le ministère de l'Investissement du Royaume indique que l'Arabie saoudite a délivré 34 permis d'investissement dans l'industrie du divertissement au cours du troisième trimestre de l'année, ce qui représente une augmentation de 13% par rapport aux trois mois précédents.

Le ministère a ajouté que le nombre total de permis d'investissement délivrés dans le secteur du divertissement entre 2020 et la fin du troisième trimestre s'élevait à 303.

«Conformément à l’initiative saoudienne Vision 2030, l'Arabie saoudite vise à diversifier son économie et à améliorer la qualité de vie en promouvant le tourisme et la culture saoudienne à l'échelle internationale pour attirer les visiteurs. Le secteur du divertissement est un pilier crucial pour atteindre ces objectifs ambitieux, en se concentrant sur l'amélioration de la qualité de vie à travers diverses activités culturelles et de divertissement», a déclaré le ministère de l'Investissement.

La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume, qui visent à réduire la dépendance du pays aux revenus du pétrole brut, qui dure depuis des décennies.

En 2016, l'Arabie saoudite a créé l'Autorité générale pour le divertissement en vue de stimuler l'industrie du divertissement et des loisirs. Depuis, le Royaume a connu des développements notables, notamment la réouverture de salles de cinéma en 2018.

Selon le rapport, l'Arabie saoudite a délivré 2 189 permis dans le secteur du divertissement au cours des cinq dernières années.

Le Royaume a également accueilli 26 000 événements au cours des cinq dernières années, attirant plus de 75 millions de participants.

Le ministère a ajouté que l'essor du secteur du divertissement catalysait également la croissance du secteur du tourisme dans le Royaume.

Le rapport indique que le nombre de touristes entrants dans l'industrie du divertissement a atteint 6,2 millions en 2023, ce qui représente une augmentation de 153,3% par rapport à 2022.

Les dépenses des touristes entrants dans l'industrie du divertissement ont atteint 4 milliards de riyals saoudiens (1,07 milliard de dollars; 1 dollar = 0,95 euro) en 2023, soit une augmentation de 29,03% par rapport à l'année précédente.

«Le secteur du divertissement est un domaine vital et dynamique du Royaume, agissant comme un catalyseur pour le secteur du tourisme. En accueillant divers événements et activités, il stimule le tourisme et attire les visiteurs, ce qui se traduit par une augmentation des dépenses touristiques et un renforcement de l'économie locale», a déclaré le ministère de l'Investissement.

En 2023, le secteur du divertissement a attiré 35 millions de touristes locaux, soit une augmentation de 17% par rapport à 2022.

Les dépenses des touristes locaux en 2023 étaient de 4,7 millions de riyals saoudiens, ce qui représente une baisse marginale de 8,5% par rapport à l'année précédente.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Black Friday, moment privilégié pour les cadeaux de Noël, réjouit les e-commerçants et désespère les indépendants

Un piéton passe devant un magasin lors du Black Friday à Paris, le 25 novembre 2022. (AFP)
Un piéton passe devant un magasin lors du Black Friday à Paris, le 25 novembre 2022. (AFP)
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  • Une nouvelle opportunité pour faire ses achats de Noël avant l'heure, que saisiront "près de 60% des consommateurs français" cette année, selon une étude du Boston Consulting Group (BCG)

PARIS: Dépassé, le lèche-vitrine des boutiques enguirlandées de Noël? Faire ses cadeaux durant le Black Friday séduit désormais les consommateurs, une tendance mettant au défi logistique les acteurs de la vente en ligne, et désespérant les commerces indépendants.

Loriane, 26 ans, achète ses cadeaux de Noël pendant le Black Friday car "les offres sont plus intéressantes, ça permet de faire de plus beaux cadeaux", justifie auprès de l'AFP la jeune femme, qui travaille au ministère de l’Intérieur. Pareil pour Marlène, 53 ans, salariée d'Orange, qui recherche "les meilleures offres". Son collègue Julien, 42 ans, confirme : "En boutique l’année dernière, les gens se pressaient plus pour le Black Friday qu'à Noël".

Né aux États-Unis, le Black Friday a été introduit en France par Amazon "il y a à peu près 15 ans", rappelle à l’AFP Frédéric Duval, le directeur général d'Amazon.fr.

Une nouvelle opportunité pour faire ses achats de Noël avant l'heure, que saisiront "près de 60% des consommateurs français" cette année, selon une étude du Boston Consulting Group (BCG).

Les consommateurs plébiscitent le "large choix de produits, les prix bas et la livraison rapide", selon M. Duval.

Cet événement commercial est toujours lancé le vendredi après Thanksgiving, et se tiendra cette année le 29 novembre.

- Black Month -

"Aujourd’hui, le plus gros mois pour la consommation, c’est novembre" plutôt que décembre, abonde Marc Lolivier, délégué général de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), qui juge auprès de l'AFP que ce phénomène "a cinq, six ans".

Evénement devenu phare de la vente en ligne, le Black Friday oblige les logisticiens à s'adapter pour faire face à l'afflux colossal de colis.

A titre d'exemple, en 2022, sur la semaine qui a suivi le Black Friday, La Poste avait livré 13,7 millions de colis. Elle en attend "16 millions en 2024", chiffre Jean-Yves Gras, le directeur général de Colissimo.

Certains entrepôts passent dès le mois de novembre "en trois-huit, sept jours sur sept, le dimanche et la nuit", comme à Cdiscount, décrit à l'AFP son PDG Thomas Métivier.

Les équipes sont massivement reforcées: Amazon recrute ainsi 8.000 saisonniers pour novembre-décembre.

Le défi est également technologique, comme pour Cdiscount, dont le site est visité par 10 millions de clients ce jour-là, contre 17 millions par mois en temps normal. "De loin la plus grosse journée de l’année en termes de trafic et d’achats", ce qui conduit les équipes à réaliser des crash-tests pour éprouver la robustesse de leur site internet, raconte M. Métivier.

Au fil des ans, le Black Friday est devenu une "Black Month", constate Quentin Benault, directeur général délégué de Mondial Relay, qui explique que les commerçants proposent des promotions dès le début du mois de novembre. Un soulagement pour les acteurs de l'e-commerce, car cela leur permet de lisser la charge logistique sur un mois plutôt qu'un seul jour.

- "Ça tue le commerce" -

Mais le Black Friday ne fait pas que des heureux. L’Union des Fabricants (Unifab), qui défend la propriété intellectuelle des industriels, alerte : cette période marquée par une profusion de colis en circulation "est une aubaine pour les contrefacteurs", leurs produits passant plus facilement entre les gouttes des contrôles.

"Plus de 8 millions de jeux et de jouets de contrefaçon ont été saisis par les douanes en 2023, la majorité au moment du Black Friday", rappelle sa directrice générale Delphine Sarfati-Sobreira à l'AFP.

Le Black Friday "tue la notion du commerce", déplore aussi Thibaut Ringo, directeur général d'Altermundi, un réseau de boutiques prônant une consommation responsable. "Le consommateur n’attend qu’une chose : qu'on fasse des remises mais nous, les commerçants indépendants, on ne peut pas s'aligner", se désole-t-il.

La Confédération des commerçants de France s'indigne, elle aussi, et met en garde contre des remises "pouvant être basées sur des prix de référence artificiels" et "des stocks spécifiques de moindre qualité proposés à prix cassés". Contre cette "concurrence déloyale", elle appelle à "mieux protéger [les] petits commerçants, qui font vivre [les différents] territoires".