ABUJA, Nigeria: Les dirigeants d'Afrique de l'Ouest ont décidé dimanche à Abuja la création d'une force régionale vouée à intervenir non seulement contre le djihadisme, mais aussi en cas de coup d'État, comme la région en a connu plusieurs depuis deux ans, a indiqué un haut responsable.
Propagation djihadiste
Plusieurs pays de la région sont en proie à la propagation djihadiste qui, partie du nord du Mali, a gagné le centre de ce pays, mais aussi le Burkina Faso et le Niger, et s'étend vers le sud et le golfe de Guinée. Les armées nationales sont largement impuissantes et coopèrent avec des acteurs extérieurs, l'ONU, la France ou encore la Russie.
L'insécurité est un facteur primordial des coups d'État militaires qui ont secoué la région depuis 2020, au Mali, au Burkina et, pour d'autres raisons, en Guinée.
Des responsables militaires de la région se réuniront dans la deuxième moitié de janvier pour discuter des modalités d'établissement de la force régionale, a dit M. Touray.
La Cédéao exige que le Mali libère 46 soldats ivoiriens avant janvier
Les dirigeants des États d'Afrique de l'Ouest ont exigé de la junte au pouvoir au Mali qu'elle libère avant janvier 46 soldats ivoiriens prisonniers depuis juillet sous peine de sanctions, ont indiqué des responsables ouest-africains.
"Nous demandons aux autorités maliennes au plus tard au 1er janvier 2023 la libération des soldats ivoiriens", a dit à des journalistes Omar Touray, président de la commission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
A défaut, la Cédéao prendra des sanctions, a dit un diplomate ouest-africain à un correspondant de l'AFP sous le couvert de l'anonymat. M. Touray a également déclaré que la Cédéao se réservait la possibilité d'agir si les soldats ne recouvraient pas la liberté avant le 1er janvier.
Le président togolais Faure Gnassingbé, qui joue les bons offices entre le Mali et la Côte d'Ivoire dans cette crise, se rendra au Mali pour "exiger" la libération des soldats, a ajouté le diplomate ouest-africain.
Les dirigeants ouest-africains ont décidé pour le financement de ne pas s'en remettre uniquement aux contributions volontaires qui ont déjà montré leurs limites, a-t-il dit sans plus de précisions.
Ils se sont aussi penchés sur la situation politique au Mali, au Burkina Faso et en Guinée.
La Cédéao, inquiète d'instabilité et de contagion, fait pression depuis des mois pour un retour aussi rapide que possible des civils à la tête de ces pays, dont deux, le Mali et le Burkina, sont gravement ébranlés par la propagation djihadiste. Le Mali et le Burkina ont été le théâtre de deux putschs en l'espace de moins d'un an.
«Sérieuses inquiétudes»
Les trois pays sont suspendus des organes décisionnels de la Cédéao.
Les militaires se sont engagés sous la pression à céder la place au bout de deux ans et d'une période dite de transition au cours de laquelle ils disent tous vouloir "refonder" leur État.
Les dirigeants ouest-africains ont examiné les actes accomplis par les uns et les autres sur la voie de ce qu'ils appellent un "retour à l'ordre constitutionnel".
Au Mali, "Il faut absolument que l'ordre constitutionnel revienne dans les délais prévus", a dit M. Touray. Si les militaires maliens respectent l'échéance annoncée de mars 2024 après des mois de confrontation politique avec la Cédéao et un sévère embargo commercial et financier aujourd'hui levé, la "transition" aura en fait duré trois ans et demi.
En Guinée, M. Touray a pressé la junte d'associer "immédiatement" et "sans exception" les partis politiques et la société civile au processus devant ramener les civils au pouvoir.
Les principaux partis et une bonne partie de la société civile boycottent l'offre de dialogue de la junte. Si ce dialogue n'est pas possible en Guinée même, la junte doit examiner la possibilité qu'il ait lieu dans un autre pays de la Cédéao, a dit M. Touray.
Quant au Burkina, M. Touray a exprimé "les sérieuses inquiétudes" de la Cédéao devant l'évolution sécuritaire et la crise humanitaire. Il a affirmé la volonté de la Cédéao de soutenir le Burkina.