RIYAD: Le secteur bancaire saoudien ne sera pas en mesure de financer tous les projets de l’initiative Vision 2030 du Royaume: c’est ce qu’indique un rapport qui insiste sur la nécessité d’investissements privés supplémentaires.
L’analyse menée par S&P Global révèle que les besoins de l’Arabie saoudite en matière d’investissement sont «importants» et que les marchés des capitaux joueront un «rôle clé» dans le financement non seulement des investissements du secteur privé, mais de mégaprojets comme Neom, dont l’introduction en bourse est prévue pour 2024.
Quantifier le montant exact du financement nécessaire aux plans de croissance ambitieux de l’Arabie saoudite n’est «pas facile», explique le rapport, dans la mesure où le Royaume a l’intention d’augmenter la contribution du secteur privé au produit intérieur brut de 40 à 65% et la part des exportations non pétrolières dans le PIB de 16 à 50%.
Parallèlement à la flambée des prix du pétrole, S&P Global affirme que l’Arabie saoudite devrait devenir l’une des grandes économies à la croissance la plus rapide au monde en 2022. L’entreprise prévoit une croissance du PIB réel supérieure à 7% cette année ainsi qu’un retour à des excédents budgétaires à 6,3% du PIB en 2022 et à 3,5% en 2023.
Le rapport signale que «les banques saoudiennes ont contribué de manière considérable à un objectif clé de l’initiative Vision 2030: augmenter l’accès à la propriété à 70% d’ici à 2030 [60% en 2020]».
«Les prêts hypothécaires ont été le principal moteur de croissance des banques saoudiennes au cours des dernières années. Ils ont atteint, en tout, 503,2 milliards de riyals saoudiens (SAR), soit 133,85 milliards de dollars (1 dollar = 0,96 euro), au 30 juin 2022, contre 140,3 milliards de SAR au 31 décembre 2018.
«À mesure que le marché arrive à maturité et que les taux d’intérêt continuent d’augmenter, l’origination perdra probablement de son élan au cours des douze à vingt-quatre prochains mois.»
«Cependant, à mesure que les contrats pour les projets de l’initiative Vision 2030 sont attribués, les prêts aux entreprises devraient commencer à contribuer de manière plus significative à la croissance des crédits bancaires.»
S&P Ratings affirme que, même si les entreprises saoudiennes fixent des objectifs ambitieux de dépenses en capital au cours des cinq prochaines années, l’entreprise ne réévaluerait pas nécessairement ces entreprises «compte tenu de leurs bilans sains et de leurs fortes liquidités».
«Au fil du temps, cependant, nous procéderons à la réévaluation au fur et à mesure de l’exécution des projets, puisque toute note à la hausse dépendrait de l’amélioration des tendances commerciales, de la croissance durable de l’ebitda [bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement] ou d’un effet de levier plus important», souligne le rapport.
Ce dernier soutient que l’Arabie saoudite a mieux résisté que d’autres pays à la vague d’inflation qui avait secoué le monde, le riyal étant indexé sur le dollar, ce qui contribue à minimiser l’imprévisibilité.
«Nous prévoyons une inflation de 2,5% en 2022 avant de grimper à 2,7% en 2023 puis de redescendre à 1,9% en moyenne en 2024-2025. Nous nous attendons à ce que les hausses de taux d’intérêt affectent davantage le secteur privé et les ménages que les activités qui sont en lien avec le gouvernement, compte tenu des prix du pétrole prétendument élevés, mais plutôt en baisse», fait savoir le rapport.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com