BICHCKEK, Kirghizstan : Le Premier ministre et président par intérim du Kirghizstan, Sadyr Japarov, a démissionné samedi comme prévu de ses fonctions pour se porter candidat à l'élection présidentielle prévue le 10 janvier dans ce pays d'Asie centrale, en proie à une grave crise politique.
Sadyr Japarov, un populiste qui a profité du chaos ayant suivi les élections législatives du 4 octobre pour se propulser au pouvoir, avait annoncé le 26 octobre son intention de se présenter au scrutin présidentiel, pour lequel il est favori.
Dans une déclaration postée sur le site de la présidence, il a confirmé samedi qu'il quittait ses fonctions et serait candidat comme « un citoyen ordinaire » le 10 janvier.
Son principal adversaire devrait être le nationaliste Adakhan Madumarov, qui bénéficie d'un fort soutien dans le sud du pays.
La constitution interdit à un président ou premier ministre en exercice de briguer la magistrature suprême.
Les élections législatives du 4 octobre, remportées par des formations proches du président d'alors, Sooronbaï Jeenbekov, avaient été contestées par l'opposition et suivies de heurts qui ont fait un mort et 1.200 blessés.
Le résultat du scrutin a été annulé et M. Jeenbekov a dû démissionner. Il a été remplacé par Sadyr Japarov, libéré de prison par ses sympathisants lors de la crise et qui a profité du chaos pour se faire nommer Premier ministre, puis obtenir la présidence par intérim.
En attendant la présidentielle du 10 janvier, le président du parlement Talant Mamytov, un allié de M. Japarov, le remplacera à la présidence et le vice-premier ministre Artem Novikov au poste de Premier ministre.
Pays le plus pluraliste, mais aussi le plus instable d'Asie centrale, le Kirghizstan a connu deux révolutions en 2005 et 2010, qui ont contraint à l'exil deux ex-présidents. Un troisième, Almazbek Atambaïev, le prédécesseur de M. Jeenbekov, est quant à lui emprisonné.