Les pays du G20 n'ont «pas cédé» face à la Russie, se félicite un négociateur français

Des délégués assistent à la cérémonie de passation des pouvoirs lors du sommet du G20 à Nusa Dua, sur l'île balnéaire indonésienne de Bali, le 16 novembre 2022 (Photo, AFP).
Des délégués assistent à la cérémonie de passation des pouvoirs lors du sommet du G20 à Nusa Dua, sur l'île balnéaire indonésienne de Bali, le 16 novembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 18 novembre 2022

Les pays du G20 n'ont «pas cédé» face à la Russie, se félicite un négociateur français

  • Les trois dernières réunions du G20 Finance n'ont pas permis d'adopter un communiqué commun en raison de la présence de la Russie à la table de cette organisation qui rassemble des Etats développés
  • Mais les chefs d'Etats sont parvenus à publier mercredi un texte commun stipulant que «la plupart» de ses membres "ont condamné fermement la guerre en Ukraine"

PARIS: Les pays membres du G20, qui ont pour la plupart condamné l'invasion russe en Ukraine lors du sommet de Bali, n'ont "pas cédé" face à Moscou, s'est félicité vendredi le directeur général du Trésor Emmanuel Moulin tout juste rentré d'Indonésie.

Les trois dernières réunions du G20 Finance n'ont pas permis d'adopter un communiqué commun en raison de la présence de la Russie à la table de cette organisation qui rassemble des Etats développés. Mais les chefs d'Etats réunis à Bali cette semaine sont parvenus à publier mercredi un texte commun stipulant que "la plupart" de ses membres "ont condamné fermement la guerre en Ukraine", a relevé Emmanuel Moulin qui représente la France dans de nombreux sommets économiques.

"C'est un communiqué où l'on n'a pas cédé, qui condamne la guerre en Ukraine, qui dit que l'ère qui vient ne doit pas être une ère de guerre et, pour la première fois dans les communiqués du G20, indique qu'il serait inadmissible d'utiliser des armes nucléaires", a-t-il poursuivi au cours d'un échange avec la presse au ministère français de l'Economie dans le cadre des rendez-vous de l'Association des journalistes économiques et financiers (AJEF).

Selon lui, "tous les Etats du G20 ont souhaité conserver cette enceinte, et on y est parvenus", notant dans le même temps les "grands efforts" de la présidence indonésienne du G20 pour obtenir un texte commun.

Le président indonésien Joko Widodo a souligné mercredi que les négociations avaient été "très difficiles".

La Russie était représentée à ce sommet par son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le président Vladimir Poutine n'ayant pas souhaité se rendre à l'événement.

Outre le G20, qui a connu plusieurs mois de blocages depuis l'invasion de l'Ukraine en février, M. Moulin a observé que le G7 "a montré sa cohésion" pendant ce temps de crise, en apportant un soutien à l'Ukraine et en appliquant des sanctions économiques coordonnées contre la Russie.


L'Allemagne ferme les consulats iraniens après l'exécution d'un dissident

Des policiers allemands montent la garde devant le consulat général de la République islamique d'Iran à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 31 octobre 2024, après que le ministre allemand des Affaires étrangères a annoncé la fermeture des trois consulats iraniens sur son sol en réponse à l'exécution de l'Iranien d'origine allemande Jamshid Sharmahd. (AFP)
Des policiers allemands montent la garde devant le consulat général de la République islamique d'Iran à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 31 octobre 2024, après que le ministre allemand des Affaires étrangères a annoncé la fermeture des trois consulats iraniens sur son sol en réponse à l'exécution de l'Iranien d'origine allemande Jamshid Sharmahd. (AFP)
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  • L'Allemagne a annoncé jeudi avoir décidé la fermeture des trois consulats iraniens sur son sol en réaction à l'exécution par Téhéran d'un dissident iranien naturalisé allemand
  • Le ministère iranien des Affaires étrangères a réagi jeudi soir, dénonçant une "décision irrationnelle" qui "ne peut être justifiée"

BERLIN: L'Allemagne a annoncé jeudi avoir décidé la fermeture des trois consulats iraniens sur son sol en réaction à l'exécution par Téhéran d'un dissident iranien naturalisé allemand, une décision à son tour dénoncée par l'Iran.

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a "décidé de fermer les trois consulats généraux iraniens à Francfort-sur-le-Main, Munich et Hambourg" après l'"assassinat" de Jamshid Sharmahd par "un régime dictatorial et inique", a-t-elle dit depuis New York, dans une allocution retransmise à la télévision.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a réagi jeudi soir, dénonçant une "décision irrationnelle" qui "ne peut être justifiée" et dit avoir convoqué le chargé d'affaires pour lui transmettre la "vive protestation" de l'Iran.

L'ambassadeur d'Allemagne à Téhéran, Markus Potzel, avait déjà été rappelé à Berlin pour consultations.

Ces fermetures vont affecter 32 agents consulaires employés sur les sites, selon le ministère allemand des Affaires étrangères.

Cette décision va "priver les Iraniens des services et facilités consulaires", a déploré Téhéran.

L'Allemagne maintient en revanche son ambassade à Téhéran et ses "canaux diplomatiques" avec l'Iran, et ce notamment pour défendre les "autres Allemands" que le "régime détient injustement", a précisé Mme Baerbock.

Le régime iranien était "plus que conscient de l'importance (...) des cas de détention allemands", a estimé la ministre, qui rappelle que Berlin a "régulièrement et clairement fait savoir à Téhéran que l'exécution d'un ressortissant allemand aurait de graves conséquences".

"Le fait que l'assassinat" de M. Sharmahd se produise en même temps que les "derniers développements au Proche-Orient montre qu'un régime dictatorial et inique comme celui des mollahs ne fonctionne pas selon la logique diplomatique normale", a encore souligné la cheffe de la diplomatie.

- "Position interventionniste" -

Israël est engagé dans un conflit avec l'Iran et ses relais régionaux depuis le début de la guerre à Gaza contre le Hamas le 7 octobre 2023. Outre le Hamas, il affronte le Hezbollah libanais à sa frontière nord.

Jamshid Sharmahd, 69 ans, a été exécuté lundi, après avoir passé plusieurs années en prison pour son implication présumée dans un attentat contre une mosquée à Chiraz (sud) en avril 2008.

Iranien naturalisé allemand, l'opposant accusé de diriger un mouvement de la mouvance monarchiste avait été arrêté par les autorités iraniennes en 2020 alors qu'il transitait par les Emirats arabes unis.

Le chancelier Olaf Scholz a qualifié cette exécution de "scandale". Le chargé d'affaires iranien en Allemagne, principal diplomate de Téhéran en l'absence depuis juillet d'un ambassadeur, a été convoqué dans les heures suivant cette annonce.

Dans le même temps, l'ambassadeur allemand à Téhéran a "protesté" auprès du ministère iranien des Affaires étrangères, avant d'être convoqué par ce dernier qui a fustigé "la position interventionniste de certains responsables allemands".

Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a dénoncé les critiques de Berlin. "Aucun terroriste ne bénéficie de l'impunité en Iran. Même s'il est soutenu par l'Allemagne", a-t-il dit, s'adressant à Annalena Baerbock.

Berlin pousse aussi au niveau européen pour que Bruxelles impose des sanctions supplémentaires à l'Iran.

Mme Baerbock a rappelé jeudi qu'elle était favorable à ce que l'Union européenne classe le Corps des Gardiens de la révolution iraniens parmi les organisations terroristes.

La définition de nouvelles mesures doit être "discutée avec tous les Etats membres", a souligné mardi une porte-parole de la Commission. "La politique européenne en matière de sanctions est bien entendu décidée à l'unanimité", a fait écho mercredi un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.


Russie: un ex-employé russe d'un consulat américain condamné à près de 5 ans de prison

Le drapeau des États-Unis flotte à l'extérieur du bâtiment du consulat américain à Saint-Pétersbourg le 30 mars 2018. (AFP)
Le drapeau des États-Unis flotte à l'extérieur du bâtiment du consulat américain à Saint-Pétersbourg le 30 mars 2018. (AFP)
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  • Un ex-employé du consulat américain de Vladivostok, dans l'extrême-orient russe, a été condamné à quatre ans et dix mois de prison pour "collaboration secrète avec un Etat étranger"
  • Il avait été arrêté en début d'année, soupçonné d'avoir transmis aux Etats-Unis des informations secrètes sur le conflit en Ukraine, en échange d'argent

MOSCOU: Un ex-employé du consulat américain de Vladivostok, dans l'extrême-orient russe, a été condamné à quatre ans et dix mois de prison pour "collaboration secrète avec un Etat étranger", ont annoncé vendredi les agences russes.

La Russie avait annoncé le 14 septembre 2023 l'expulsion de deux diplomates américains, accusés d'avoir servi d'agents de "liaison" pour Robert Shonov, un ex-employé russe du consulat américain de Vladivostok.

Il avait été arrêté en début d'année, soupçonné d'avoir transmis aux Etats-Unis des informations secrètes sur le conflit en Ukraine, en échange d'argent.

Selon le jugement publié sur le site du tribunal de Primorié à Vladivostok, 400.000 roubles (4.000 euros) et un appareil électronique lié à la commission des faits avaient été saisis.

Selon Washington, M. Shonov n'avait été embauché par le consulat que pour faire une veille de routine des médias russes libres d'accès.

Ces dernières années, plusieurs citoyens américains ont été arrêtés et condamnés à de lourdes peines en Russie. D'autres sont détenus en attente de jugement.

Washington, qui soutient militairement et financièrement Kiev face à l'armée russe en Ukraine, accuse Moscou de vouloir les échanger contre des Russes détenus aux Etats-Unis.

Le 1er août, l'Occident et la Russie ont procédé au plus grand échange de prisonniers depuis la fin de la Guerre froide, parmi lesquels figuraient des opposants russes, le journaliste américain Evan Gershkovich et l'ancien Marine Paul Whelan, libérés par Moscou.

L'accord avait permis la libération de seize personnes détenues en Russie et au Bélarus, en échange de huit Russes incarcérés aux Etats-Unis, en Allemagne, en Pologne, en Slovénie et en Norvège, ainsi que les deux enfants d'un couple condamné pour espionnage.


Après les frappes israéliennes, la dissuasion iranienne affaiblie

Des banlieusards passent devant un panneau d'affichage portant des photos du président iranien Masoud Pezeshkian (2 G), du chef d'état-major des forces armées, le général de division Mohammad Bagheri (G), du président américain Joe Biden (2 D) et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (D) sur la place Vali-Asr à Téhéran, le 27 octobre 2024. (AFP)
Des banlieusards passent devant un panneau d'affichage portant des photos du président iranien Masoud Pezeshkian (2 G), du chef d'état-major des forces armées, le général de division Mohammad Bagheri (G), du président américain Joe Biden (2 D) et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (D) sur la place Vali-Asr à Téhéran, le 27 octobre 2024. (AFP)
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  • Les récentes frappes d'Israël sur l'Iran ont touché plusieurs installations militaires et, selon des analystes, affaibli encore la force de frappe de la République islamique, donc sa capacité de dissuasion
  • Même si l'Iran n'admet que des "dégâts limités", cet énième avatar de l'escalade bilatérale est significatif

PARIS: Téhéran minimise, Israël évoque un nouvel "équilibre des forces". Les récentes frappes d'Israël sur l'Iran ont touché plusieurs installations militaires et, selon des analystes, affaibli encore la force de frappe de la République islamique, donc sa capacité de dissuasion.

Samedi dernier, Israël a effectué des raids aériens en réponse à l'attaque de missiles iraniens du 1er octobre. Une attaque menée elle-même en représailles à l'assassinat de dirigeants du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais, mouvements islamistes soutenus par Téhéran.

Même si l'Iran n'admet que des "dégâts limités", cet énième avatar de l'escalade bilatérale est significatif, pour les analystes occidentaux consultés par l'AFP: les raids ont visé tant les défenses aériennes de l'Iran que sa capacité à frapper.

"Israël a utilisé quelque 100 avions de combat, et possiblement des systèmes de drones", affirme l'institut américain Hudson. "Attaquant sur trois vagues, les forces armées israéliennes ont visé les capacités de production de missiles et l'architecture de la défense aérienne" iraniennes.

Sur les quatre sites de production de combustible solide, utilisé par les fusées et missiles iraniens, trois ont été touchés à Sharhoud, Khojir (Est) et Parchin (près de Téhéran), selon Fabian Hinz, expert de l'Institut international pour les études stratégiques (IISS).

Israël a "délibérément visé un goulot d'étranglement du processus de fabrication qui aura d'importantes conséquences sur la production de missiles", explique-t-il à l'AFP.

Les frappes ont aussi détruit des systèmes anti-aériens russes S-300, ainsi que des radars longue portée.

"Des responsables américains et israéliens ont confirmé que les frappes avaient rendu inutilisables les S-300" et endommagé des sites de radars "présentés comme capables de détecter les missiles balistiques et avions furtifs", assure l'American Enterprise Institute (AEI) à Washington.

- "Course contre la montre" -

Israël a en outre préalablement frappé des groupes pro-iraniens en Irak et Syrie, tout en poursuivant son offensive au Liban contre le Hezbollah.

Ce dernier disposait de missiles longue portée qui permettaient de défendre les installations nucléaires de son allié. Mais ses capacités ont chuté. "Le mouvement dissuadait Israël et ce n'est plus le cas", tranche Fabian Hinz.

Israël peut désormais, plus facilement qu'auparavant, frapper des installations énergétiques ou militaires iraniennes. Et les deux pays, dotés d'industries militaires puissantes, sont condamnés à la surenchère.

"Il y a une course contre la montre entre l'Iran, qui doit produire un maximum de missiles balistiques suffisamment précis et efficaces, et Israël qui doit produire ou acquérir aux Etats-Unis un maximum de missiles anti-missiles", résume pour l'AFP Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques (FMES). "Le premier qui tombe à court de munition se trouvera en situation de très grande vulnérabilité".

Le bras de fer prend dès lors une dimension planétaire. L'Iran attend les chasseurs Soukhoï Su-35 promis par la Russie il y a 18 mois et doit se réapprovisionner en S-300, voire en leur version plus avancée S-400.

- Peu de bonnes options -

Mais la négociation est incertaine. Téhéran a livré à son allié des drones Shahed pour sa guerre en Ukraine. Or, ce dernier mobilise tout son arsenal et son industrie de défense pour poursuivre son propre effort de guerre.

"Si l'Iran signe un partenariat stratégique avec la Russie", batteries et chasseurs peuvent "être un cadeau dans la corbeille de la mariée", estime Pierre Razoux. "Mais si les Russes ne les livrent pas, Téhéran n'a plus vraiment les moyens de défendre correctement son espace aérien".

Israël, lui, compte sur l'appui de Washington, pour autant réticent à laisser les deux pays plonger dans un affrontement direct.

"Un examen de ce qu'Israël s'est abstenu de viser est important pour comprendre les implications géopolitiques des frappes", note l'institut Hudson. "Le poids de l'administration Biden sur les dirigeants politiques et militaires d'Israël a limité l'ampleur des frappes".

Le programme nucléaire iranien a ainsi été épargné. Pierre Razoux, comme d'autres, émet des doutes sur la capacité israélienne à détruire les installations profondément enfouies dans des bunkers en sous-sol.

"Le programme nucléaire est en outre éparpillé sur plusieurs sites, dont certains situés sous des grandes villes", ajoute-t-il. Les détruire entraînerait un bain de sang auquel Washington ne saurait se résoudre.

Reste que Téhéran est acculé face à une armée israélienne qui, depuis le 7 octobre, a considérablement augmenté sa "tolérance au risque", souligne Fabian Hinz.

Si les Iraniens frappent à nouveau, Israël sera en position idéale pour riposter plus fort. S'ils s'en abstiennent, leur ennemi pourrait y voir une incitation à reprendre les frappes.

L'Iran "va devoir trouver un moyen de rétablir sa dissuasion et je ne vois pas beaucoup de bonnes options pour lui actuellement", conclut l'analyste de l'IISS.