SANTA CRUZ : La ville de Santa Cruz, capitale économique de la Bolivie, a été vendredi le théâtre de violences liées à des revendications sur le recensement, que le président Luis Arce a rejetées.
Contrôlée par l'opposition de droite, Santa Cruz a connu sa 20ème journée de manifestations avec des blocages de rues et de routes interdépartementales pour exiger que le gouvernement de gauche procède à un recensement anticipé de la population.
Le président de gauche Luis Arce a refusé vendredi soir de l'avancer. "Le recensement aura lieu le 23 mars" 2024, a-t-il déclaré à la télévision publique. Il a par ailleurs promis de redistribuer les fonds économiques de l'Etat, dans les six mois suivants, à toutes les régions en fonction des nouveaux résultats démographiques.
Le chef de l'Etat a aussi demandé "le retour au calme, à la paix et à la normale dans le département de Santa Cruz".
Prévu en 2024, le recensement sert à recalculer la répartition des sièges au Parlement et les ressources publiques. Or la région de Santa Cruz, gouvernée par l'opposition de droite, estime être défavorisée par un recensement obsolète datant d'il y a plus de 10 ans. Elle craint que sa représentation ne soit pas actualisée à temps pour l'élection présidentielle de 2025.
Santa Cruz prévoit d'organiser une réunion municipale ou une assemblée populaire dimanche prochain pour définir sa position en réponse à l'annonce du président.
«Attaqués par la police»
Dans la matinée, des commerçants et des chauffeurs des services publics ont défilé dans une avenue de la ville pour exiger la levée des blocages des routes et des rues.
Des affrontements à coups de pierres, de bâtons et de pétards ont eu lieu avec des sympathisants de l'opposition. La police antiémeute est intervenue en tirant des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Les manifestants d'opposition ont dressé des barricades de pneus incendiés et ont affirmé avoir été battus par la police.
"Aujourd'hui, les habitants de Santa Cruz ont été attaqués par la police", a déclaré le gouverneur de Santa Cruz, Luis Fernando Camacho.
Quelques heures plus tard, des opposants ont attaqué les bureaux de la Fédération des paysans de Santa Cruz, liée au parti au pouvoir, qu'ils ont incendiée et pillée, selon des images d'une chaîne de télévision privée.
Par la suite, le siège du plus grand syndicat local, la Central Obrera Departamental (COD), a également été pillé.
La police n'a pas donné dans l'immédiat d'informations quant au nombre de blessés ou de manifestants interpellés.
En trois semaines de manifestations à Santa Cruz, quatre personnes sont mortes et 178 autres ont été blessées, selon un bilan du gouvernement.