PARIS: Peu de métros circulaient jeudi à Paris en raison d'une grève à l'appel de l'ensemble des syndicats pour des hausses de salaire, dans un contexte de contestation grandissante en Europe, durement frappée par l'envolée des prix de l'énergie liée à la guerre en Ukraine.
Les rames du métro parisien qui circulaient jeudi étaient peu remplies, beaucoup de salariés ayant opté pour le télétravail ou une journée de congé avant un week-end de trois jours en raison du pont du 11 Novembre.
Seules les lignes automatisées (1 et 14) roulaient normalement, cinq lignes étaient fermées, les autres ne fonctionnant qu'aux heures de pointe, avec un service fortement dégradé.
La situation n'était pas meilleure sur les trains de banlieue (RER), avec entre un train sur trois et un sur deux en circulation selon les lignes.
L'ensemble des syndicats de la régie des transports parisiens (RATP) avaient appelé de longue date à la mobilisation pour demander des hausses de salaire et une amélioration des conditions de travail.
La RATP, comme les autres entreprises du secteur des transports, souffre d'un sous-effectif chronique à cause de difficultés de recrutement et subit une explosion de l'absentéisme, notamment sur son réseau de bus.
La baisse du pouvoir d'achat sur fond d'inflation galopante nourrit la contestation à travers l'Europe, avec des grèves nationales organisées mercredi en Belgique et en Grèce ainsi que l'annonce d'un mobilisation inédite des infirmières au Royaume-Uni dans les semaines à venir.
Une grève dans les raffineries françaises en octobre avait fortement perturbé pendant plusieurs semaines la distribution de carburant dans tout le pays.
« Les salaires n'augmentent pas »
"Il y a un vrai problème de pouvoir d’achat dans ce pays, il n’y a qu’en augmentant les salaires qu’on pourra le régler", a martelé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, dans le défilé de Nîmes (Sud).
Mais, comme lors de la précédente journée du 27 octobre - 14.000 manifestants en province et 1.360 à Paris -, peu de personnes sont descendues dans la rue. La police a compté un millier de manifestants à Lyon, 650 à Lille, 300 à Bordeaux.
A Paris, ils étaient 10 000, selon la CGT (la police n'avait pas encore donné de chiffres dans l'après-midi).
"J’ai 28 ans d’ancienneté, je ne gagne que 1 300 (euros) net. Et encore, j’ai la chance d’être à temps complet", témoigne Laurent Lamaury, 58 ans, salarié chez Carrefour market (magasin alimentaire) et délégué syndical CGT. "On a eu une augmentation de 2,5% mais ça ne suffit pas par rapport à l’inflation", qui a dépassé les 6% en octobre, d'après les données de l'Institut national de la statistique et des études économiques.
"Les salaires n'augmentent pas, les bourses non plus. Certains étudiants interrompent leurs années en cours parce qu'ils n'ont plus les moyens", s'indigne à Lille (Nord) Léonie Cornette, 20 ans, étudiante en histoire de l'art.
Patricia Champ, retraitée de 67 ans dans le défilé à Lyon (centre-est), réclame "l'indexation des bas salaires ou des retraites". "Moi, c'est surtout pour les légumes (...) Les salades, les tomates, les courgettes, ça a presque doublé", dit-elle.
"Un conducteur de métro travaille quatre week-ends sur six, il subit la pollution qui est deux à trois fois plus élevée en sous-sol qu'à l'extérieur, on travaille en décalé, tôt le matin, et on vit moins longtemps en bonne santé que le Français moyen", énumère Bastien Berthier, élu FO-RATP, syndicat qui représente 72% des conducteurs de métro.
Une augmentation générale des salaires est la revendication numéro un, souligne-t-il. Même demande du côté de la CGT-RATP, qui réclame une hausse générale de 300 euros brut par mois.
Une hausse que n'envisage pas dans l'immédiat la RATP, qui attend la prise de fonction officielle de son futur patron... l'ancien Premier ministre Jean Castex. Ce dernier a fait savoir qu'il ouvrirait des négociations au mois de décembre.