Pour la COP27, la ville égyptienne de Charm el-Cheikh se tourne vers les solutions écologiques

Des bus électriques aux installations solaires, la ville égyptienne de Charm el-Cheikh s'est transformée pour accueillir le sommet de la COP27. (Photo fournie)
Des bus électriques aux installations solaires, la ville égyptienne de Charm el-Cheikh s'est transformée pour accueillir le sommet de la COP27. (Photo fournie)
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Publié le Lundi 07 novembre 2022

Pour la COP27, la ville égyptienne de Charm el-Cheikh se tourne vers les solutions écologiques

  • Cette station balnéaire située sur la mer Rouge fournit un exemple éloquent des perspectives envisageables si la protection de l'environnement prime
  • Les hôtels et les centres de loisirs ont intégré la gestion des eaux usées, le recyclage et l'efficacité énergétique

LE CAIRE: La 27e Conférence des nations unies sur le climat, plus connue sous le nom de «COP27», a commencé hier. Pour accueillir cet événement, la ville de Charm el-Cheikh, située sur la côte ensoleillée de la mer Rouge en Égypte, s'est résolument tournée vers les solutions respectueuses de l'environnement.
De la flotte de voitures électriques transportant les délégués, aux panneaux solaires conçus pour alimenter en énergie tous les secteurs de l'économie locale, Charm el-Cheikh s'impose désormais comme une référence en matière de durabilité.
Un autre secteur important s'engage lui aussi sur la voie de l'écologie: l’hôtellerie. Il intègre les dernières pratiques durables dans le domaine des loisirs et de l'accueil, notamment en termes de gestion des eaux usées, de recyclage, d'énergies renouvelables et de performance énergétique.
«Faire de la ville de Charm el-Cheikh une ville verte est un objectif auquel nous aspirons depuis dix ans», confie à Arab News Yasmine Fouad, ministre égyptienne de l'Environnement, à la veille du sommet.
«L'opportunité de tenir la COP27 à Charm el-Cheikh nous a incités à transformer la ville dans son ensemble. Le gouvernement égyptien a profité de cette occasion pour se mobiliser en faveur d'une cause environnementale importante. Un pays met plusieurs années avant de transformer une ville en ville verte.»

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De la flotte de voitures électriques transportant les délégués, aux panneaux solaires conçus pour alimenter en énergie tous les secteurs de l'économie locale, Charm el-Cheikh s'impose désormais comme une référence en matière de durabilité. (Photo fournie)

Selon le 11e objectif de développement durable des Nations unies, une ville durable se définit comme une ville qui s'efforce d'assurer la durabilité environnementale, sociale et économique. Pour y parvenir, il convient de réduire la consommation d'énergie, d'eau et de nourriture, mais aussi de réduire sensiblement les déchets, les émissions de chaleur et la pollution.
D’après Mme Fouad, il a fallu onze mois à son gouvernement pour convertir Charm el-Cheikh en ville verte en prévision de la COP27, le premier sommet organisé au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Elle précise que «quatre grands volets ont été envisagés. Le premier concerne les transports durables, c'est-à-dire les modes de transport écologiques. Ensuite, il y a le système de gestion des déchets solides. Troisièmement, le développement des énergies renouvelables. Et enfin, ce que nous appelons l'efficacité des ressources.»
Les espaces verts sont désormais plus nombreux à Charm el-Cheikh, ce qui permet de réduire la température ambiante. Parmi ceux-ci, on trouve le parc central qui abrite une grande variété d'arbres ombragés et de plantes exotiques. Il s'étend sur une superficie de 40 acres dans la zone du Triangle vert.
Toutefois, la vedette de cette évolution n'est autre que le système de transport en commun écologique. En effet, le gouvernement égyptien a annoncé en mars dernier son intention de mettre à la disposition des délégations près de 260 bus fonctionnant au gaz naturel et à l'électricité pour les transporter vers le lieu de la conférence.
En octobre, une flotte de 110 bus a défilé dans les rues de la ville. De nombreux autres ont été prévus avant la conférence et ils sont équipés de systèmes de climatisation, de cartes électroniques et de dispositifs pour les personnes handicapées.
Sur le site officiel de la COP27, on peut consulter la «Carte des itinéraires des transports urbains». Des navettes circuleront quotidiennement dans la ville tout au long de la conférence.
Parmi les services proposés, on trouve près de 800 taxis écologiques, fonctionnant au gaz naturel au lieu du traditionnel diesel. Ils permettront aux passagers de payer le transport par carte électronique, grâce aux systèmes de paiement intelligents dont ils sont équipés.
Il convient de rappeler que les véhicules à essence contribuent de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Les avancées de la technologie des batteries et les investissements réalisés dans les stations de recharge routières expliquent la popularité et le faible coût des véhicules électriques.
Le recours à cette nouvelle technologie reste toutefois lent et le monde ne parvient pas à ce jour à limiter la hausse de la température de la planète à 1, 5 °C au-dessus des niveaux préindustriels, comme le prévoit l'accord de Paris sur le climat signé en 2015.

 

Focus

La 27e Conférence des nations unies sur le changement climatique, plus connue sous le nom de «Conférence des parties de la CCNUCC», se tient du 6 au 18 novembre à Charm el-Cheikh.

«Les émissions de CO2 à l’échelle mondiale doivent diminuer entre 2020 et 2025. En réalité, elles ne font qu'augmenter», avertit le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) relevant des Nations unies.
«Si l'on souhaite limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, il convient de réduire de moitié les émissions mondiales d'ici à 2030 et d'atteindre le niveau “zéro émission nette” d'ici à 2050.»
Pour réaliser cette transformation verte, le gouvernement égyptien ne s'est pas contenté de cibler les transports publics à Charm el-Cheikh. Le recyclage et la gestion des déchets figurent eux aussi en tête de ses priorités.
Le ministère égyptien de l'Environnement a conclu un contrat de dix ans avec le groupe Beeah, dont le siège est aux Émirats arabes unis (EAU). Un autre contrat a été signé avec Green Planet, une entreprise de services environnementaux en plein essor en Égypte. Les deux sociétés seront chargées de la collecte des déchets solides, du transport, du nettoyage des rues et des services publics.
Ces deux entreprises conçoivent en outre des solutions durables pour la gestion des déchets dont l’objectif est de soutenir le programme de développement durable égyptien. Elles développent des infrastructures de classe mondiale dans ce domaine, ainsi que des services efficaces de collecte et de recyclage des déchets, grâce à un réseau de véhicules équipés de GPS et de poubelles munies d'étiquettes d'identification par radiofréquence; ces services seront confiés à un personnel qualifié.

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Une participante passe devant une maquette de la planète Terre le premier jour du sommet sur le climat COP27 à Charm el-Cheikh en Égypte. (AFP)


Dès à présent, les visiteurs de la ville de Charm el-Cheikh peuvent observer les véhicules électriques nettoyer et désinfecter les rues et les places publiques de la ville. Par ailleurs, des conteneurs à ordures spéciaux sont prévus pour recueillir les déchets alimentaires, les matériaux recyclables et les déchets mélangés. Ces conteneurs sont équipés d'un système GPS qui prévient les équipes d'assainissement dès qu'une poubelle est pleine.
«Nous envisageons d'autres projets pour Charm el-Cheikh et ils se poursuivront au-delà de la COP27», explique à Arab News Khaled el-Melouki, responsable des projets au sein du groupe Beeah.
«Notre objectif est de sensibiliser les habitants aux questions environnementales grâce à des campagnes portant sur l'importance du recyclage et sur la manière de préserver la propreté des rues, des espaces publics et des plages.»
«Nous prévoyons également des poubelles à énergie solaire qui seront placées devant les restaurants et les hôtels pour collecter les déchets d'huile de cuisson. Des conteneurs spéciaux seront également prévus pour la collecte de ces déchets.»
Les hôtels et centres de villégiature de la ville accueillent un grand nombre de clients durant le sommet de la COP27. Pour se préparer à l'afflux de visiteurs et respecter les objectifs écologiques fixés par le gouvernement, les établissements hôteliers et de loisirs ont introduit des pratiques respectueuses de l'environnement.
«Près de 120 hôtels sur 160 ont reçu la Green Star («étoile verte»). Soixante centres de plongée ont reçu le label Greenfin (label garantissant la qualité verte des fonds d’investissement, accordé aux acteurs financiers qui agissent au service du bien commun via des pratiques transparentes et durables) grâce aux systèmes d'énergie photovoltaïque installés sur leurs toits», indique à Arab News Heba Maatouk, porte-parole du ministère de l'Environnement.
«L'écotourisme se définit par la rationalisation de la consommation d'énergie et d'eau dans les hôtels et par le recours aux énergies de substitution propres afin de réduire les effets indésirables de l'industrie hôtelière qui nuisent à l'environnement. Il s'agit également de diminuer les dépenses, tout en proposant aux clients une atmosphère saine et paisible.»
Le label Green Star Hotel est une certification nationale écologique et un programme de formation géré par la fédération des hôtels d'Égypte. Il est supervisé par le ministère égyptien du Tourisme. Ce certificat permet aux hôtels d'obtenir une reconnaissance internationale pour avoir amélioré leurs prestations environnementales ainsi que leurs normes sociales tout en réduisant leurs coûts d'exploitation.
Quant au label Greenfin, il est décerné aux centres de plongée qui protègent les récifs coralliens conformément aux directives relatives à la protection de l'environnement; ces centres sensibilisent leurs clients à la manière de traiter ces écosystèmes vulnérables et ils adoptent des mesures de tourisme durable.
Des labels écologiques ont été attribués à de nombreux hôtels, centres de plongée, restaurants et autres établissements de loisirs et d'accueil de la ville. En effet, ces établissements utilisent largement l'énergie solaire qui ne manque pas dans cette région ensoleillée pratiquement tous les jours de l'année.

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Yasmine Fouad, ministre égyptienne de l'environnement, a déclaré que « l'opportunité d'accueillir la COP27 à Charm el-Cheikh nous a donné plus de motivation pour changer toute la ville». (AFP)


Le distributeur local d'énergie Taqa Arabia a annoncé en octobre l'inauguration de la plus grande centrale solaire de Charm el-Cheikh. Construite sur une superficie de 250 000 mètres carrés, elle produit plus de 42 gigawattheures d'électricité par an, de quoi alimenter en électricité propre plus de 6 000 chambres d'hôtel.
Le sommet sur le climat COP27 accueille près de 30 000 participants et 120 chefs d'État. Ce sommet intervient à un moment où les experts préviennent que notre planète se tient au bord du gouffre et que les impacts humains sur le climat sont en passe de prendre un caractère irréversible.
Alors que les dirigeants du monde entier, les chefs d'entreprise et la société civile s'apprêtent à traduire leurs engagements en actions concrètes, Charm el-Cheikh fournira un exemple éloquent des perspectives envisageables lorsque la protection de l'environnement prime.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com.


Le procureur de la CPI demande des mandats d'arrêts contre Netanyahu et des dirigeants du Hamas

Une activiste musulmane tient un écriteau représentant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une manifestation contre Israël et en soutien aux Palestiniens à Gaza, devant l'ambassade des États-Unis à Jakarta, en Indonésie, le 17 mai 2024. (REUTERS)
Une activiste musulmane tient un écriteau représentant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une manifestation contre Israël et en soutien aux Palestiniens à Gaza, devant l'ambassade des États-Unis à Jakarta, en Indonésie, le 17 mai 2024. (REUTERS)
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  • Karim Khan a déclaré dans un communiqué qu'il demandait des mandats d'arrêt contre M. Netanyahu et le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant
  • Pour des crimes tels que « le fait d’affamer délibérément des civils », «homicide intentionnel » et «extermination et/ou meurtre »

LA HAYE : Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé lundi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et des dirigeants du Hamas pour des crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés commis dans la bande de Gaza.

Karim Khan a déclaré dans un communiqué qu'il demandait des mandats d'arrêt contre M. Netanyahu et le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant pour des crimes tels que "le fait d’affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre".

"Nous affirmons que les crimes contre l'humanité visés dans les requêtes s'inscrivaient dans le prolongement d’une attaque généralisée et systématique dirigée contre la population civile palestinienne dans la poursuite de la politique d’une organisation. D’après nos constatations, certains de ces crimes continuent d’être commis", a affirmé M. Khan en référence à MM. Netanyahu et Gallant.

Les accusations portées contre les dirigeants du Hamas, dont Yahya Sinwar, le chef du mouvement, incluent "l'extermination", "le viol et d'autres formes de violence sexuelle" et "la prise d'otages en tant que crime de guerre".

"Nous affirmons que les crimes contre l'humanité visés dans les requêtes s'inscrivaient dans le prolongement d’une attaque généralisée et systématique menée par le Hamas ainsi que d’autres groupes armés dans la poursuite de la politique d'une organisation", est-il écrit dans le communiqué.

 


L'Iran en deuil après la mort du président Raïssi dans un accident d'hélicoptère

Des membres de l'équipe de secours travaillent sur le site du crash d'un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raisi à Varzaghan, dans le nord-ouest de l'Iran, le 20 mai 2024. (Agence de presse du MOJ/AFP)
Des membres de l'équipe de secours travaillent sur le site du crash d'un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raisi à Varzaghan, dans le nord-ouest de l'Iran, le 20 mai 2024. (Agence de presse du MOJ/AFP)
Des membres de l'équipe de secours travaillent sur le site du crash d'un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raisi à Varzaghan, dans le nord-ouest de l'Iran, le 20 mai 2024. (Agence de presse du MOJ/AFP)
Des membres de l'équipe de secours travaillent sur le site du crash d'un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raisi à Varzaghan, dans le nord-ouest de l'Iran, le 20 mai 2024. (Agence de presse du MOJ/AFP)
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  • Le décès de M. Raïssi à 63 ans ouvre une période d'incertitude politique en Iran
  • En attendant, c'est le premier vice-président Mohammad Mokhber, un homme de l'ombre de 68 ans, qui assumera les fonctions de président par intérim

TEHERAN: L'Iran a décrété lundi cinq jours de deuil pour rendre hommage à son président, Ebrahim Raïssi, décédé dans un accident d'hélicoptère trois ans après l'arrivée au pouvoir de cet ultraconservateur qui était considéré comme l'un des favoris pour succéder au Guide suprême, Ali Khamenei.

Le décès de M. Raïssi à 63 ans ouvre une période d'incertitude politique en Iran, au moment où le Moyen-Orient est secoué par la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, un allié de la République islamique.

Sa mort brutale va entraîner une élection présidentielle au suffrage universel qui devra être organisée "dans les 50 jours", soit d'ici au 1er juillet.

Mohammad Mokhber

En attendant, c'est le premier vice-président Mohammad Mokhber, un homme de l'ombre de 68 ans, qui assumera les fonctions de président par intérim.

A ce stade, aucun nom ne se dégage comme prétendant pour la présidentielle, qui se déroulera quatre mois avant le scrutin présidentiel aux Etats-Unis, principal ennemi de la République islamique avec Israël.

Elu président en 2021, Ebrahim Raïssi était, lui, considéré comme l'un des favoris pour succéder au Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, âgé de 85 ans.

"La nation iranienne a perdu un serviteur sincère et précieux", a déclaré le chef de l'Etat dans une déclaration. En soulignant que "ses ennuis dus à l'ingratitude et aux railleries de certains méchants ne l'empêchaient pas de travailler jour et nuit".

Le gouvernement a rendu hommage au "président du peuple iranien, travailleur et infatigable" qui "a sacrifié sa vie pour la nation".

L'annonce de son décès avait été faite en début de matinée par les agences de presse et les sites d'information après la découverte de l'épave de l'hélicoptère à l'aube. La télévision d'Etat a parallèlement diffusé des chants religieux en montrant des photos du président.

L'hélicoptère du président avait disparu dimanche en début d'après-midi alors qu'il survolait une région de l'Iran escarpée et boisée dans des conditions météorologiques difficiles, avec de la pluie et un épais brouillard.

«grande perte»

La perspective de découvrir vivants le président et les huit autres passagers, avait progressivement diminué durant la nuit.

Parmi eux figurait Hossein Amir-Abdollahian, 60 ans, nommé à la tête de la diplomatie par M. Raïssi en juillet 2021. Etaient également présents le gouverneur de la province d'Azerbaïdjan oriental, le principal imam de la région, ainsi que le chef de la sécurité du président et trois membres d'équipage.

Les secours ont récupéré lundi matin les dépouilles des neuf passagers éparpillés au milieu des débris de l'appareil, un Bell 212. Elles ont été transportées à  Tabriz, la grande ville du nord-ouest, où débuteront mardi les cérémonies de funérailles.

L'épave de l'hélicoptère a été découverte à l'aube sur le flanc d'une montagne qu'il aurait heurté pour une raison encore inconnue, selon des médias. Il s'était envolé dans des conditions météorologiques difficiles, avec des pluies et un épais brouillard.

De nombreux dirigeants, dont certains de pays entretenant des relations tièdes avec Téhéran, ont envoyé des messages de condoléances.

Le président russe, Vladimir Poutine, a rendu hommage à un  "politicien remarquable" et à un "véritable ami" de la Russie. Son décès est une "grande perte pour le peuple iranien", a salué le président chinois Xi Jinping.

«Pas de perturbations»

M. Raïssi, qui avait le titre d'ayatollah, présidait la République islamique depuis près de trois ans.

Considéré comme un ultraconservateur, il avait été élu le 18 juin 2021 dès le premier tour d'un scrutin marqué par une abstention record pour une présidentielle et l'absence de concurrents de poids.

Toujours coiffé de son turban noir et vêtu d'un long manteau de religieux, il avait succédé au modéré Hassan Rohani, qui l'avait battu à la présidentielle de 2017.

Il était soutenu par la principale autorité de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a appelé dimanche "le peuple iranien" à "ne pas s'inquiéter" car "il n'y aura pas de perturbation dans l'administration du pays".

Dernier message pro-palestinien 

Raïssi s'était rendu dimanche dans la province d'Azerbaïdjan oriental, où il a notamment inauguré un barrage en compagnie du président d'Azerbaïdjan, Ilham Aliev, à la frontière entre les deux pays.

Au cours d'une conférence de presse commune, il a de nouveau apporté son soutien au Hamas face à Israël. "Nous pensons que la Palestine est la première question du monde musulman", a-t-il dit.

Dans un message de condoléances, le Hamas a salué un "soutien à la résistance palestinienne".

L'Iran avait lancé une attaque inédite le 13 avril contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l'aide des Etats-Unis et de plusieurs autres pays alliés.

M. Raïssi était sorti renforcé des législatives qui se sont tenues en mars, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation qui a secoué l'Iran fin 2022 à la suite du décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la République islamique.

Né en novembre 1960, Raïssi a effectué l'essentiel de sa carrière dans le système judiciaire, en étant notamment procureur général de Téhéran puis procureur général du pays, des postes où s'est construite sa réputation de fermeté envers les "ennemis" de la République islamique.

M. Raïssi figurait sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour "complicité de graves violations des droits humains", des accusations balayées comme nulles et non avenues par Téhéran.


Dans le désert syrien, des milliers de déplacés oubliés

Dans un camp d'une région désertique aux confins de la Syrie, des milliers de déplacés fuyant la guerre dans leur pays sont "pris au piège" depuis des années, dépendant d'une aide qui ne leur parvient qu'au compte-gouttes. (AFP)
Dans un camp d'une région désertique aux confins de la Syrie, des milliers de déplacés fuyant la guerre dans leur pays sont "pris au piège" depuis des années, dépendant d'une aide qui ne leur parvient qu'au compte-gouttes. (AFP)
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  • "Nous sommes pris au piège", regrette Khaled, un policier de 50 ans ayant fait défection, qui refuse de donner son nom de famille pour des raisons de sécurité
  • Khaled a fui il y a huit ans sa région du centre de la Syrie, pour échapper aux exactions des jihadistes du groupe Etat islamique et aux forces du régime

BEYROUTH: Dans un camp d'une région désertique aux confins de la Syrie, des milliers de déplacés fuyant la guerre dans leur pays sont "pris au piège" depuis des années, dépendant d'une aide qui ne leur parvient qu'au compte-gouttes.

Au milieu d'un paysage lunaire balayé par les tempêtes du désert, le camp de Rokbane est situé dans un no man's land près de la frontière avec l'Irak et la Jordanie, qui ont tous deux fermé leurs frontières aux réfugiés syriens.

"Nous sommes pris au piège", regrette Khaled, un policier de 50 ans ayant fait défection, qui refuse de donner son nom de famille pour des raisons de sécurité.

"Nous ne pouvons pas nous rendre (dans les autres régions) de Syrie car nous sommes recherchés par le régime, et nous ne pouvons pas entrer en Jordanie ou en Irak", ajoute-t-il.

Khaled a fui il y a huit ans sa région du centre de la Syrie, pour échapper aux exactions des jihadistes du groupe Etat islamique et aux forces du régime.

Le conflit en Syrie s'est déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, et s'est complexifié au fil des ans avec l'implication d'acteurs régionaux, de puissances étrangères et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.

Le camp de Rokbane est situé dans une enclave protégée par une base militaire de la coalition internationale antijihadiste dirigée par Washington.

Le régime syrien contrôle les zones tout autour et le passage de l'aide est tributaire de son bon vouloir.

Rokbane a été établi en 2014, au plus fort de la guerre et a compté à un moment plus de 100.000 résidents, mais il n'en reste plus que 8.000 aujourd'hui.

« De pain et de thé »

Poussés par la faim, la pauvreté et l'absence de soins, un grand nombre de déplacés sont partis, surtout depuis que la Jordanie a fermé sa frontière en 2016.

L'ONU qualifie la situation de "désespérée" dans le camp où aucun convoi d'aide humanitaire n'a pénétré depuis 2019. Les vivres y sont acheminées en contrebande et revendues à prix d'or.

Mais les habitants risquent de ne plus recevoir ces maigres réserves. Ils affirmant que les postes de contrôle du régime ont mis fin à tous les itinéraires de contrebande vers le camp il y a environ un mois.

"Mes filles vivent de pain et de thé. Les vivres commencent à manquer", déplore Khaled, joint au téléphone par l'AFP.

La plupart des familles subsistent grâce à l'envoi d'argent par leurs proches à l'étranger ou aux salaires de quelque 500 hommes qui travaillent dans la base américaine voisine pour 400 dollars par mois, explique Mohammad Derbas al-Khalidi.

Ce père de 14 enfants, qui dirige le conseil local du camp, indique être recherché par le régime pour avoir aidé des déserteurs au début de la guerre.

"Si je n'avais pas peur pour mes enfants et pour moi-même, je ne serais pas resté dans ce désert", assure-t-il.

Déportés de Jordanie

Les seuls nouveaux arrivants dans le camp sont chaque année quelques dizaines de Syriens déportés à leur sortie de prison par les autorités jordaniennes, selon le conseil local du camp et l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Depuis début 2024, 24 Syriens ont été déportés, dont Mohammed al-Khalidi, un mécanicien de 38 ans, qui était emprisonné en Jordanie pour trafic de drogue.

Il dit craindre d'être arrêté s'il revient dans la région de Homs dont il est originaire, sous contrôle des forces gouvernementales syriennes, et où il ne lui reste ni maison ni famille.

"Mes proches sont tous en Jordanie, et tous ceux qui étaient en Syrie ont été tués ou sont partis", affirme-t-il à l'AFP qui l'a contacté par téléphone.

Interrogé par l'AFP, un responsable jordanien a affirmé sous couvert de l'anonymat que le royaume "n’a pas forcé et ne forcera aucun réfugié syrien à retourner en Syrie".

« Comme une prison »

"Ce camp a les pires conditions de vie", affirme à l'AFP Mouaz Moustafa, de l'association Syrian Emergency Task Force, basée aux Etats-Unis, qui s'est rendu à Rokbane.

Son groupe a réussi à y acheminer de l'aide par avion, avec l'aide de la base américaine voisine.

"Mais ils ont besoin en premier, avant même la nourriture, de médecins", souligne Mouaz Moustafa, évoquant le cas d'un nouveau né souffrant de problèmes respiratoires ou d'accouchements compliqués.

Après un appel aux dons, Mohammed, 22 ans, a pu partir pour Homs dans le centre de la Syrie, pour subir une intervention chirurgicale au foie.

Quelques mois plus tard, il a échappé au service militaire en Syrie en fuyant au Liban. "N'importe quel endroit sur terre est mieux que Rokbane", dit-il à l'AFP, joint au téléphone.

Il n'a plus vu sa mère et ses deux frères depuis deux ans, ces derniers étant toujours bloqués à Rokbane. "Ma famille sait qu'elle ne sortira jamais (...) Ce camp est comme une prison."