WASHINGTON: La Chine pose un risque "fondamental" pour la sécurité des Etats-Unis des décennies à venir, tandis que la Russie représente une "menace aiguë", estime le Pentagone dans sa nouvelle stratégie de défense publiée jeudi, qui fixe la stratégie de l'armée américaine pour les années à venir.
Pékin "est le seul concurrent qui ait à la fois l'intention de modifier l'ordre international et, de plus en plus, les moyens de le faire", a souligné le ministre de la Défense, Lloyd Austin, en présentant à la presse la nouvelle stratégie américaine.
"Contrairement à la Chine, la Russie ne représente pas une menace systémique pour les Etats-Unis à long terme. Mais la Russie représente une menace immédiate et vive pour nos intérêts et nos valeurs", a-t-il ajouté.
«Rhétorique provocatrice» de la Chine
La nouvelle stratégie de défense, publiée pour la première fois en même que la nouvelle posture nucléaire et la nouvelle posture antimissile des Etats-Unis, évoque les pressions de Pékin sur Taïwan au moment où Washington craint que la Chine n'accélère le calendrier en vue de sa réunification avec l'île.
"La rhétorique de plus en plus provocatrice et les activités coercitives de la Chine à l'encontre de Taïwan sont déstabilisantes, risquent d'entraîner des malentendus, et menacent la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan", est-il précisé dans ce document d'une vingtaine de pages, dont une version plus longue classée secret défense a été transmise au Congrès il y a plusieurs mois.
Le Pentagone note cependant qu'un "conflit avec la Chine n'est ni inévitable ni désirable".
Les Etats-Unis considèrent par ailleurs que leurs armes nucléaires sont destinées à "dissuader toute forme d'attaque stratégique", y compris conventionnelle, est-il précisé dans la nouvelle posture nucléaire américaine.
"Cela inclut l'emploi d'une arme nucléaire, quelle que soit sa puissance, et cela inclut des attaques très importantes de nature stratégique, avec l'usage de moyens non-nucléaires", a précisé à la presse un haut responsable du ministère américain de la Défense.
Affirmations russes «irresponsables»
Le document précise cependant que les Etats-Unis "n'envisageront l'usage de l'arme nucléaire que dans des circonstances extrêmes pour défendre les intérêts vitaux des Etats-Unis, de leurs alliés et de leurs partenaires".
Le haut responsable du Pentagone a expliqué que cette nouvelle approche ambiguë était destinée à "compliquer la prise de décision" de l'adversaire, au moment où la Russie accuse l'Ukraine de se préparer à faire usage d'une "bombe sale".
"L'invasion de l'Ukraine par la Russie souligne que le danger nucléaire persiste et pourrait s'aggraver, dans un contexte géopolitique de plus en plus concurrentiel et instable", ajoute la nouvelle stratégie américaine stipule.
Alors que les Etats-Unis s'attendent à un test nucléaire imminent de la Corée du Nord, le Pentagone prévient qu'une frappe nucléaire de la Corée du Nord signifierait "la fin du régime" de Kim Jong Un.
"Toute attaque nucléaire de la Corée du Nord contre les Etats-Unis ou leurs alliés et partenaires sera inacceptable et conduira à la fin de ce régime", indique le Pentagone. "Il n'existe aucun scénario dans lequel le régime de Kim pourrait faire usage d'armes nucléaires et survivre."
La Chine a "engagé un effort ambitieux d'expansion, de modernisation et de diversification de ses forces nucléaires", souligne en outre le ministère de la Défense américain, qui précise que Pékin "souhaite vraisemblablement posséder au moins 1 000 têtes nucléaires d'ici la fin de la décennie".
Mais "la Russie est le principal rival des Etats-Unis, avec les forces nucléaires les plus diverses et les plus capables", est-il précisé dans le document.
La Russie dispose de 1 550 têtes nucléaires déployées et 2 000 autres non-déployées.
La nouvelle stratégie militaire américaine prend de nouveau en compte le changement climatique, qui avait été retiré de la dernière version publiée sous la présidence de Donald Trump, et revient sur la décision prise en 2018 de déployer un nouveau missile nucléaire de croisière mer-sol, dont le développement était prévu sur sept à dix ans.