PARIS : Rudy Succar, ex-collaborateur de Jean-Christophe Lagarde (UDI), a impliqué son patron en garde à vue et reconnu son rôle dans les fausses informations publiées fin juin dans Le Point visant les députés LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière, a appris l'AFP jeudi de source proche du dossier.
Dans un rapport dévoilé par Le Parisien, dont l'AFP a eu connaissance, la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP) détaille le 8 septembre les positions tenues en garde à vue par MM. Succar et Lagarde ainsi que par un policier, Anouar Bouhadjela, aussi appelé Noam Anouar.
Le premier sera mis en examen le même jour par un magistrat instructeur parisien notamment pour escroquerie en bande organisée, faux ou usurpation d'identité, les deux autres laissés libres sans poursuites à ce stade.
Selon le rapport, M. Succar va d'abord nier devant la BRDP «une quelconque implication dans les faits».
Il est ensuite confronté à des éléments de téléphonie «le désignant comme la seule personne ayant pu être l'utilisateur de la ligne présentée comme étant celle de l'employée maltraitée par le couple de députés».
C'est cette prétendue situation évoquée dans l'article du Point qui avait déclenché le scandale, avant que l'article ne soit retiré.
L'ex-chauffeur de M. Lagarde «finit» alors «par reconnaître» qu'il s'était fait passer pour cette femme auprès du journaliste du Point Aziz Zemouri, qui est désormais partie civile dans l'instruction après sa plainte.
A l'approche du premier tour des législatives de juin, M. Succar se serait en effet «vu suggérer par l'ex-maire de Drancy de trouver une information susceptible de nuire» à Mme Garrido, qui remportera finalement le scrutin dans cette circonscription de Seine-Saint-Denis.
L'ex-chauffeur aurait donc «agi de sa propre initiative pour satisfaire son employeur, M. Lagarde», évoquant «une forme d'emprise psychologique», et «inventé cette histoire de jeune femme en situation irrégulière illégalement employée par le couple».
Il en aurait ensuite fait état à son patron, sans l'informer de son caractère mensonger.
L'ex-chef de l'UDI a lui d'abord rejeté tout rôle dans l'affaire, puis a reconnu avoir parlé de l'histoire de l'aide-ménagère au policier Noam Anouar, car ses liens connus avec des journalistes pourraient «établir ou non la véracité» des faits. Tout en contestant être «l'instigateur de cette manipulation».
Selon le rapport, M. Lagarde est celui «qui avait le plus grand intérêt» à la publication de cet article lors des législatives.