IZIOUM: Dissimulés, petits et mortels, les mines et autres engins explosifs laissés par les forces russes dans l'est de l'Ukraine dans les districts dont elles se sont retirées, représentent un défi urgent pour les démineurs avant l'arrivée de l'hiver.
"Sans nous, aucune chance de réparer des services comme l'électricité avant l'hiver", souligne Artem, 33 ans, qui dirige une équipe de démineurs s'affairant autour de la ville d'Izioum, récemment libérée par les forces ukrainiennes.
"Nous avons découvert plus de trente mines et obus d'artillerie, aujourd'hui, principalement des obus", ajoute Artem dont l'équipe de dix personnes est chargée de nettoyer les zones autour d'infrastructures essentielles comme les câbles électriques ou les canalisations d'eau et de gaz.
"Chaque jour nous commençons là où nous avons terminé hier", ajoute-t-il, observant des électriciens qui progressent avec précaution derrière un démineur dans un champ de tournesols en direction d'un câble sectionné.
D'autres démineurs empilent les mines découvertes, dont les détonateurs ont été retirés dans des conditions sûres, derrière un camion qui les évacuera en vue de leur destruction.
Les démineurs explorent les bords d'une route jonchée de débris entre Izioum, dont les forces ukrainiennes se sont emparées début septembre après six mois d'occupation par l'armée russe, et la limite de la région de Donetsk, non loin sur cette voie.
Artem, qui ne souhaite pas communiquer son nom de famille, ne semble pas s'émouvoir de la dangerosité du travail de son équipe, qui inspecte les bords de la route et progresse avec précaution dans des champs d'herbes hautes.
"C'est notre travail, c'est ce que nous savons faire, mais maintenant plus que jamais, c'est notre devoir", souligne-t-il.
Danger pour les enfants
"Nous disposons de 35 hommes, répartis en sept équipes, venant de différentes régions d'Ukraine", indique Vassyl Maidyk, 42 ans, qui commande l'équipe de démineurs déployée dans le district d'Izioum.
"Personne ne sait combien de temps" prendront les opérations de déminage, déclare-t-il à l'AFP à la base des démineurs d'Izioum.
"En dépit de l'aide des organisations internationales, nous n'avons même pas fini de découvrir les mines abandonnées depuis le début de la première phase du conflit en 2014", ajoute-t-il, évoquant les affrontements avec les séparatistes de l'est de l'Ukraine.
Mais si les démineurs "travaillent rapidement", le district d'Izioum pourra être nettoyé d'ici novembre, ce qui permettrait aux services essentiels d'être de nouveau opérationnels d'ici l'hiver, espère-t-il.
Depuis la libération d'Izioum, ses équipes ont couvert selon lui quelque 100 hectares dans le district, et découvert plus de 5 000 mines autour des position occupées précédemment par les Russes.
Les démineurs ont découvert aussi bien des mines antichars, des mines antipersonnel et des obus d'artillerie, que des mines PFM-1, dites mines "papillon", particulièrement destructrices et interdites par un traité international auquel la Russie n'est pas partie.
Ces petites mines de couleur verte dotées d'ailes, connues en Ukraine sous le nom de "pétales", sont d'autant plus dangereuses qu'elles peuvent être ramassées par des enfants, souligne M. Maidyk.
Sur la route, où ne circulent que des véhicules militaires se dirigeant vers le front, l'équipe de Sacha martèle des poteaux sur les bords de la voie, accrochant des panneaux avec une tête de mort et des os entrecroisés signalant "Danger - Mines!"
"Ce n'est pas plus dangereux que de traverser la route en temps normal", assure Sacha, 44 ans, cigarette aux lèvres, commentant la situation d'un haussement d'épaules.
"Maintenant, la prochaine mine est deux mètres plus loin, dit-il, donc ici on est en sécurité, plus ou moins", dit-il.