Colombie: la «paix totale» promise par Petro se dessine enfin

Le nouveau président de gauche de Colombie, Gustavo Petro (Photo, AFP).
Le nouveau président de gauche de Colombie, Gustavo Petro (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 19 septembre 2022

Colombie: la «paix totale» promise par Petro se dessine enfin

  • Des émissaires du chef de l'Etat colombien ont déjà rencontré ces dernières semaines à La Havane des représentants de la guérilla guévariste
  • Ces négociations avaient été interrompues en 2019 par le président conservateur Ivan Duque

BOGOTA: Plus d'un mois après son arrivée au pouvoir, le nouveau président de gauche de Colombie, Gustavo Petro, a commencé à dessiner les contours du projet de "paix totale" qu'il ambitionne pour son pays.

Elu sur ses promesses du "changement" et d'une politique en faveur "de la vie", M. Petro a placé en tête de son agenda cette "paix totale" qu'il répète comme un mantra et dont l'objectif est d'aboutir à "un cessez-le-feu multilatéral".

Dans un pays toujours plongé dans la violence après presque six décennies de conflit (malgré l'accord de paix de 2016 avec les ex-FARC marxistes), où sévissent des dizaines de groupes armés liés au juteux narcotrafic, l'objectif est une gageure.

M. Petro affiche ainsi sa volonté de négocier avec l'ELN (Armée de libération nationale, guévariste), dernière guérilla constituée comme telle encore active dans le pays, les dissidents des ex-FARC (qui rejettent l'accord de 2016), mais également de discuter avec les narcotrafiquants de leur reddition à la justice.

"Après des semaines de silence et d'informations parcellaires, Petro et son équipe ont enfin commencé à dévoiler quelques-unes de leurs cartes (...)", constate la presse nationale.

Discret «Zorro»

Jusqu'à il y a peu, "le grand public n'avait connaissance que de quelques messages et approches avec les gangs et les ex-paramilitaires narcotrafiquants", observe le quotidien El Tiempo.

Mais avec la demande officielle la semaine dernière de Petro à son homologue vénézuélien Nicolas Maduro pour que Caracas soit l'un des garants des négociations avec l'ELN, la reprise des pourparlers avec ce groupe se précise, note ce journal.

Des émissaires du chef de l'Etat colombien ont déjà rencontré ces dernières semaines à La Havane des représentants de la guérilla guévariste. Ces négociations avaient été interrompues en 2019 par le président conservateur Ivan Duque.

Samedi, le Commissaire à la paix Danilo Rueda -le très discret missi dominici de Petro au coeur de cet épineux dossier- a rencontré dans les montagnes du sud du pays l'une des factions les plus puissantes des dissidents des FARC (le "Premier Front" ou Bloc du sud-est) pour étudier la possibilité de négociations.

"Nous avons tenu une réunion exploratoire et de rapprochement pour évaluer la possibilité d'entamer des pourparlers", selon le communiqué des deux parties.

M. Rueda, baptisé "Zorro" par un journal local, a également indiqué cette semaine que l'ex-numéro deux des FARC, Ivan Marquez, qui avait repris les armes après de 2016, a fait part au gouvernement de son intérêt de reprendre des pourparlers. M. Marquez, chef de la "secunda Marquetalia" (autre grande faction de la dissidence des FARC), souhaite lui aussi explorer les "possibilités d'un dialogue vers la paix".

Au total à ce jour, ce sont 22 groupes armés ou bandes criminelles qui ont approché le gouvernement, a révélé dans un récent rapport la Fondation Indepaz.

Parmi les organisations criminelles, se trouvent notamment le redoutable Clan del Golfo, décrit comme les plus puissants narcrotrafiquants du pays. Ou encore les "Spartanos" et les "Shottas", deux gangs rivaux qui ont mis en coupe réglée le grand port de Buenaventrua sur la côte Pacifique.

Selon El Tiempo, un émissaire et avocat proche de Petro a entamé des consultations dans les prisons avec des parrains et autres chefs de gangs incarcérés.

Confusion? 

Un projet de loi sur la "paix totale" est par ailleurs en cours d'examen devant le Congrès, qui fixe notamment le cadre légal de ces futures négociations et une "politique d'Etat" pour les quatre années à venir.

Enfin, le gouvernement a annoncé la tenue d'ici la fin de l'année d'une cinquantaine de "dialogues régionaux", un "exercice fondamental" en forme "d'agora" afin d'écouter directement les citoyens". Car au final, "seuls les citoyens peuvent construire la paix", a expliqué cette semaine M. Rueda sur une TV nationale, l'une de ses rares déclarations publiques.

"C'est une dynamique simultanée de dialogue avec les hommes armés, et de dialogue avec la société", a-t-il plaidé.

"Nous avons avancé de façon quasi-invisible mais considérablement" avec les acteurs de la violence, a commenté le Commissaire sur les palabres en cours, cette "phase exploratoire devant absolument se faire dans la discrétion".

"En général, il y a une disposition positive (des groupes armés) à faire partie de la paix totale", a-t-il jugé, promettant "bientôt des résultats".

Les défis sont immenses, les questions innombrables: "des analystes demandent une feuille de route claire" et "les communautés sont dans l'expectative" dans les régions, souligne ainsi la presse.

Pour l'ancien président Juan-Manuel Santos (2010-2018), qui négocia l'accord avec les FARC, le gouvernement doit "affiner son narratif", au risque de "beaucoup de confusion" qui pourrait susciter le "scepticisme" des Colombiens. Ceci alors que la violence, à ce jour, n'a guère ralenti dans le pays.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.