BUENOS AIRES : L'assaillant au pistolet de la vice-présidente argentine Cristina Kirchner il y a deux semaines, et sa jeune compagne, ont été tous deux formellement inculpés jeudi de tentative d'"homicide aggravé" avec préméditation, et placés en détention provisoire, selon la résolution de la juge chargée de l'enquête.
Fernando Sabag Montiel, 35 ans, avait été maîtrisé et arrêté sur place, alors que le coup de feu n'était pas parti, et son amie Brenda Uliarte, 23 ans, avait été arrêtée trois jours plus tard.
La juge Maria Capuchetti devra statuer ultérieurement sur le sort de deux connaissances du couple, une jeune femme de 21 ans, Agustina Diaz, et un jeune homme de 27 ans, Nicolas Gabriel Carrizo, arrêtés cette semaine.
Mme Kirchner, ex-cheffe de l'Etat (2007-2015) et figure de proue de la gauche péroniste toujours influente, quoique très clivante, dans la politique argentine, a été victime d'une tentative d'attentat le 1er septembre, alors qu'elle se mêlait à des sympathisants venus la soutenir à son domicile.
Fernando Sabag Montiel, dans la foule, avait pointé un pistolet à un mètre environ de la tête de Mme Kirchner, mais pour une raison encore inconnue, le coup n'est pas parti. L'arme -un pistolet semi-automatique Bersa calibre 7.65- était pourtant en état de marche et le chargeur contenait des balles mais aucune apparemment n'était engagée dans la chambre de tir.
«Planification et entente préalable»
L'enquête, s'appuyant en grande partie sur l'analyse de contenus des téléphones des suspects et ceux de leur entourage, avait établi une "planification et entente préalable" entre les deux principaux suspects, de statut précaire et sans emploi formel récent.
Leurs motivations n'ont à ce jour pas été clairement établies et une politisation marquée n'a pas non plus été avérée à ce stade les concernant, même si certains échanges de messages ont montré une hostilité manifeste de Brenda Uliarte à l'égard de Mme Kirchner.
L'attaque contre la vice-présidente a donné lieu le lendemain à des manifestations rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes dans plusieurs villes d'Argentine, et à une vague de condamnations internationales.
Jeudi, elle s'est exprimée pour la première fois en public depuis l'attentat, disant son émotion d'être "en vie, grâce à Dieu et à la Vierge", et évoquant le soutien du pape François, qui l'avait appelée quelques heures après l'attaque.
"Je sens que je suis en vie, grâce à Dieu et à la Vierge, vraiment", a-t-elle déclaré, la voix brisée, au Sénat -dont elle est présidente- où elle recevait un groupe de prêtres et religieuses qui oeuvrent dans les quartiers pauvres ou les "villas miserias", les bidonvilles.