Liz Truss remporte la course à Downing Street

La nouvelle cheffe du Parti conservateur et Première ministre britannique élue Liz Truss quitte la scène après avoir prononcé un discours lors d'un événement pour annoncer le vainqueur de la course à la direction du Parti conservateur dans le centre de Londres le 5 septembre 2022. Adrian DENNIS / AFP
La nouvelle cheffe du Parti conservateur et Première ministre britannique élue Liz Truss quitte la scène après avoir prononcé un discours lors d'un événement pour annoncer le vainqueur de la course à la direction du Parti conservateur dans le centre de Londres le 5 septembre 2022. Adrian DENNIS / AFP
Un camion de déménagement est photographié à Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre britannique, dans le centre de Londres, le 2 septembre 2022. ADRIAN DENNIS / AFP
Un camion de déménagement est photographié à Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre britannique, dans le centre de Londres, le 2 septembre 2022. ADRIAN DENNIS / AFP
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Publié le Mardi 06 septembre 2022

Liz Truss remporte la course à Downing Street

  • Agée de 47 ans, Liz Truss sera la troisième femme à diriger le gouvernement britannique, après Margaret Thatcher et Theresa May
  • Le nouveau locataire de Downing Street prend ses fonctions dans un contexte économique et social explosif, avec une inflation qui dépasse les 10% et devrait encore considérablement augmenter

LODNRES : La très libérale Liz Truss a remporté lundi la course pour devenir Première ministre britannique et succéder à Boris Johnson, avec pour défi immédiat de s'attaquer à la crise historique du pouvoir d'achat qui frappe le Royaume-Uni.

Agée de 47 ans, Liz Truss, qui a mené une campagne très à droite axée sur les baisses d'impôt, deviendra mardi la troisième femme à diriger le gouvernement britannique, après Margaret Thatcher et Theresa May.

Sans surprise, la ministre des Affaires étrangères s'est imposée face à son ancien collègue des Finances Rishi Sunak, à l'issue d'un vote réservé aux adhérents du parti conservateur, déclenché par la démission début juillet de Boris Johnson, acculé par les scandales à répétition.

Elle a recueilli 81.326 voix (57%) contre 60.399 pour son rival (43%), un écart plus faible que prévu, alors que déjà elle n'avait pas la préférence des seuls députés.

Restée fidèle jusqu'au bout à Boris Johnson, qu'elle a fait applaudir en énumérant Brexit, victoire face aux travaillistes et soutien à l'Ukraine, Liz Truss va entrer à Downing Street dans un contexte économique et social explosif, marqué par une inflation qui dépasse les 10%, une hausse exorbitante des factures d'énergie prévue à l'automne et des grèves qui s'étendent.

Elle ne dispose d'aucun répit pour convaincre, à deux ans d'élections où l'opposition travailliste, qui dispose d'une nette avance dans les sondages, espère déloger les conservateurs au pouvoir depuis 2010. Le chef du Labour Keir Starmer a accueilli le résultat en soulignant que Liz Truss "n'est pas du côté des travailleurs".

Appel à l'unité

Après l'annonce de sa victoire, Liz Truss a promis "un plan audacieux pour réduire les impôts et faire croître notre économie".

"Je m'attaquerai à la crise énergétique en m'occupant des factures d'énergie des gens, mais aussi en m'occupant des difficultés à long terme d'approvisionnement en énergie", a-t-elle ajouté, alors que selon la presse elle se prépare à annoncer un gel des factures d'énergie.

Elle a promis une "grande victoire" à son parti lors des législatives prévues en 2024, semblant exclure dans l'immédiat des élections anticipées.

Elue cheffe du parti conservateur, Liz Truss va automatiquement accéder au pouvoir en raison de la majorité dont bénéficient les "tories" à la chambre des Communes.

Liz Truss devra aussi composer avec l'ombre de Boris Johnson, qui manque déjà à certains membres du parti conservateur - plus masculins, âgés et blancs que la moyenne des Britanniques - et n'a pas exclu un retour en politique.

Si elle est populaire auprès des conservateurs, moins d'un cinquième des Britanniques (19%) lui font confiance pour agir face à la crise du coût de la vie, selon un sondage YouGov publié lundi.

Les 15 Premiers ministres d'Elizabeth II

Liz Truss va devenir le 15e Premier ministre en 70 ans de règne de la reine Elizabeth II, cheffe d'Etat du Royaume-Uni.

Après avoir reçu formellement la démission de Boris Johnson, la monarque va recevoir mardi Mme Truss dans sa résidence écossaise de Balmoral pour la nommer cheffe du gouvernement.

Voici la liste des locataires du 10, Downing Street depuis l'accession de la reine sur le trône en 1952.

Winston Churchill (conservateur, 1951-55)

Anthony Eden (conservateur, 1955-57)

Harold Macmillan (conservateur, 1957-63)

Alec Douglas-Home (conservateur, 1963-64)

Harold Wilson (travailliste, 1964-70)

Edward Heath (conservateur, 1970-74)

Harold Wilson (travailliste, 1974-76)

James Callaghan (travailliste, 1976-79)

Margaret Thatcher (conservatrice, 1979-90)

John Major (conservateur, 1990-97)
Tony Blair (travailliste, 1997-2007)

Gordon Brown (travailliste, 2007-10)

David Cameron (conservateur, 2010-16)

Theresa May (conservatrice, 2016-19)

Boris Johnson (conservateur, 2019-22)

Grogne sociale

Adressant ses félicitations à Liz Truss, le dirigeant sortant a appelé le parti à l'unité, après une campagne qui a mis au jour divisions et rancoeurs chez les conservateurs.

Un appel auquel Rishi Sunak a immédiatement répondu favorablement, alors que la nouvelle Première ministre va devoir "diriger le pays dans une période difficile".

Boris Johnson ira dès mardi remettre sa démission à Elizabeth II dans sa résidence d'été de Balmoral en Ecosse, une première pour la souveraine de 96 ans qui a du mal à se déplacer et ne fera pas le voyage à Londres.

Liz Truss suivra pour devenir 15e cheffe de gouvernement des 70 ans de règne de la monarque, avant de rentrer à Londres pour prononcer son premier discours devant le 10, Downing Street, et former son gouvernement.

Premier dirigeant étranger à réagir après l'annonce officielle, le chancelier allemand Olaf Scholz a fait part de sa "hâte" de travailler avec la nouvelle dirigeante britannique, tandis que le Premier ministre indien Narendra Modi s'est dit "confiant" quant à un renforcement du partenariat stratégique entre les deux pays.

Même impatience affichée de la part du Premier ministre irlandais Micheal Martin, alors que les relations entre les deux pays ont été durement éprouvées par les conséquences du Brexit.

Le gouvernement irlandais a réservé un accueil prudent à la victoire de Liz Truss, tandis que la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon l'a félicitée, l'appelant toutefois sur Twitter à "geler les factures d'énergie (...) à distribuer davantage d'aides et à augmenter les financements aux services publics".

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré de son côté espérer "le respect intégral (des) accords" entre le Royaume-Uni et l'UE.

Dans une campagne marquée très à droite, parfois au point de sembler déconnectée de l'aggravation dramatique de la crise pendant l'été, Liz Truss, tardivement convertie au conservatisme comme au Brexit, a séduit en promettant des baisses d'impôt massives et adoptant un ton très dur contre les syndicats.

Pourtant préféré des députés conservateurs, Rishi Sunak, richissime ex-banquier, a peiné à séduire la base du parti en prônant un réalisme économique et a été perçu comme un technocrate donneur de leçons incapable de comprendre les difficultés des ménages.

Si elle est populaire auprès des conservateurs, 52% des Britanniques estiment que Liz Truss sera une mauvaise voire très mauvaise Première ministre selon un récent sondage YouGov.

En politique étrangère, avec sa ligne dure, Truss ne compte pas que des amis

A en croire ses propos tenus en tant que cheffe de la diplomatie et sa campagne pour Downing Street, Liz Truss semble prête à en découdre avec l'Union européenne, la Russie et la Chine.

L'Ukraine était déjà une priorité pour son prédécesseur, Boris Johnson, mais Liz Truss a prévenu qu'elle allait redoubler d'efforts pour la soutenir.

"Nous continuerons d'aller plus loin et plus vite pour chasser la Russie de toute l'Ukraine", a-t-elle déclaré en avril, affirmant que les Russes devaient également évacuer la Crimée, annexée en 2014.

La doctrine Truss

Ce discours, prononcé dans le quartier financier de la City à Londres, a donné un aperçu de la vision du monde de Liz Truss, au ton volontiers belliqueux.

"Ma vision est celle d'un monde dans lequel les nations libres s'affirment et prennent l'ascendant", a-t-elle alors dit. "Où la paix et la démocratie sont renforcées par un réseau de partenariats économiques et sécuritaires. Où les agresseurs sont contenus et forcés d'opter pour une meilleure voie".

Les "agresseurs", ce sont la Russie et la Chine.

Fin juillet, Liz Truss a promis de renforcer les liens économiques et commerciaux avec les pays du Commonwealth, cette alliance réunissant surtout des anciennes colonies britanniques, afin de contrer ce qu'elle a appelé "l'influence malveillante croissante" de la Chine.

Elle compte sur les puissances du Pacifique que sont l'Australie et le Japon.

Pas de courbette

Elle a attaqué le bilan de la Chine en matière de droits humains au Xinjiang et à Hong Kong, ainsi que son protectionnisme économique.

Un rapport des Nations unies fin août sur le sort des Ouïghours "couvre la Chine de honte au sein de la communauté internationale", a-t-elle déclaré.

"Et nous devons nous assurer que les démocraties comme Taïwan sont en mesure de se défendre", a-t-elle aussi dit, en avril, avant que des manoeuvres militaires chinoises, début août, ne fassent monter en flèche les tensions entre les deux rives du détroit.

Protestant contre ces exercices, Liz Truss a convoqué l'ambassadeur de Chine mais a exclu de se rendre à Taïwan en tant que Première ministre.

Brexit : virulente contre l'UE

Parfois, pour Mme Truss, l'Union européenne est apparue comme un ennemi encore plus grand que Pékin pour ce qu'elle et Boris Johnson aiment à appeler la "Global Britain".

Après avoir fait campagne contre le Brexit en 2016, Liz Truss en est devenue une fervente partisane. Ses critiques virulentes envers l'UE ne lui auront d'ailleurs pas fait perdre de voix parmi les fidèles conservateurs qui élisaient le nouveau chef du parti.

Elle est l'architecte de la loi visant à passer outre l'accord signé par Londres avec Bruxelles sur l'Irlande du Nord. C'était pourtant un élément clé de l'accord de Brexit des deux parties, d'où le risque d'une guerre commerciale avec les Européens.

Une relation pas si spéciale ? 

Liz Truss est alignée sur l'icône des "Tories", Margaret Thatcher, dans la plupart de ses positions politiques, mais la comparaison s'arrête à la relation transatlantique, à laquelle Thatcher vouait une véritable dévotion.

La promesse de Liz Truss de réécrire le protocole nord-irlandais et sa position très dure envers Vladimir Poutine ont provoqué des haussements de sourcils chez le président américain Joe Biden.

D'après le Financial Times, Liz Truss a mis en question les bases même de "la relation spéciale" entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis à l'occasion de sa première rencontre avec le secrétaire d'Etat Antony Blinken il y a un an.

"Cette conversation était emblématique du style décrit comme cru, binaire et autoritaire par des officiels américaines et des analystes, certains estimant que Truss était prompte à adopter des positions radicales sans penser aux conséquences", a écrit le quotidien financier fin août.

Elle a créé encore davantage le malaise chez les diplomates londoniens quand elle a refusé, pendant la campagne, de dire si le président français Emmanuel Macron était plutôt un "ami ou ennemi".

Dans la dernière ligne droite de la campagne électorale, Liz Truss a refusé de commenter une éventuelle candidature de Donald Trump pour la Maison Blanche.

"Les Etats-Unis comme la France sont des démocraties éprises de liberté et je travaillerai avec ces deux pays, quel que soit leur leader", a-t-elle dit.

 

 


Attentat contre le Premier ministre slovaque: médecins optimistes, le suspect au tribunal

Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
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  • Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient
  • Le suspect de la tentative de meurtre, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises

BRATISLAVA, Slovaquie : Le pronostic concernant l'état de santé du chef du gouvernement slovaque Robert Fico après la tentative d'assassinat est «positif», a annoncé samedi la ministre slovaque de la Santé, alors que le suspect comparaissait devant un tribunal.

M. Fico est hospitalisé depuis mercredi, date à laquelle un tireur isolé lui a tiré dessus à quatre reprises, notamment dans l'abdomen.

Il a subi une opération de cinq heures mercredi et une autre de deux heures vendredi, toutes deux dans un hôpital de la ville de Banska Bystrica, dans le centre de la Slovaquie.

«L'intervention chirurgicale d'hier, qui a duré deux heures, a contribué à un pronostic positif sur l'état de santé du Premier ministre», a déclaré la ministre Zuzana Dolinkova à la presse.

«L'état de santé du premier ministre est stable, mais il reste grave», a-t-elle ajouté.

«Si le tir était parti quelques centimètres plus haut, il aurait atteint le foie du Premier ministre», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matus Sutaj Estok à la chaîne d'information TA3.

Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient.

«Je ne pense pas qu'il puisse être transporté à Bratislava dans les prochains jours, car son état est encore grave», a-t-il déclaré aux journalistes.

Dans la matinée également, le suspect de la tentative de meurtre est arrivé au tribunal pénal de Pezinok au nord-est de Bratislava, qui devrait ordonner son maintien en détention provisoire.

L'homme, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises.

Un procureur a requis vendredi que le suspect soit placé en détention provisoire après avoir été inculpé de tentative de meurtre avec préméditation.

La fusillade s'est produite alors que M. Fico saluait ses partisans après une réunion du gouvernement délocalisée dans la ville de Handlova, dans le centre de la Slovaquie.

M. Fico est en poste depuis que son parti populiste centriste, le Smer-SD, a remporté les élections législatives à l'automne dernier.

- Tous ces mensonges -

M. Fico effectue son quatrième mandat en tant que Premier ministre après avoir fait campagne sur des propositions de paix entre la Russie et l'Ukraine, pays voisin de la Slovaquie, et sur l'arrêt de l'aide militaire à Kiev, ce que son gouvernement a fait par la suite.

La tentative d'assassinat a profondément choqué ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, déjà fortement divisé sur le plan politique depuis des années.

La présidente pro-occidentale sortante, Zuzana Caputova, et son successeur, Peter Pellegrini, un allié de M. Fico qui prendra ses fonctions en juin, ont appelé leurs concitoyens slovaques à s'abstenir de toute «confrontation» après la fusillade.

Ils ont convoqué une réunion de tous les chefs de partis parlementaires pour mardi afin de faire preuve d'unité à la suite de l'attentat.

M. Kalinak a toutefois laissé entendre samedi que le Smer-SD ne participerait pas à la réunion.

«Ils ont invité les chefs des partis politiques et notre président (du parti) est entre les mains des médecins», a-t-il déclaré.

M. Kalinak a ajouté qu'il appellerait Mme Caputova à ce sujet, soulignant que la Slovaquie avait besoin de «réconciliation et de paix».

Certains hommes politiques slovaques ont déjà lancé des accusations contre leurs adversaires, les accusant d'être à l'origine de l'attentat.

M. Kalinak a critiqué vendredi les hommes politiques de l'opposition et certains médias pour avoir qualifié M. Fico de criminel, de dictateur ou de serviteur du président russe Vladimir Poutine avant l'attentat.

«Tous ces mensonges sont la principale raison pour laquelle Robert Fico se bat aujourd'hui pour sa vie», a-t-il déclaré dans un message publié sur le site internet du Smer-SD.


Zelensky se prépare à une offensive plus large, les troupes russes continuent d'avancer

Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
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  • « Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022
  • L'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région de Kharkiv et affirmé que ses forces continuaient à progresser

KIEV, Ukraine : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit s'attendre, dans un entretien exclusif à l'AFP, à une offensive russe plus large dans le Nord et dans l'Est qui viserait à prendre Kharkiv, régions où Moscou poursuit son assaut d'ampleur lancé le 10 mai.

«Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.

Il a néanmoins assuré que, malgré les avancées russes des derniers jours dans la région de Kharkiv, la situation était meilleure pour ses forces qu'il y a une semaine, lorsque les troupes du Kremlin ont franchi par surprise la frontière.

Pour lui, la Russie veut attaquer  Kharkiv (Nord-Est), deuxième ville du pays, à seulement quelques dizaines de kilomètres du front. Moscou avait déjà échoué à la prendre en 2022 et le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi ne pas avoir l'intention de l'attaquer «pour l'instant».

L'offensive russe vise officiellement, selon M. Poutine, à répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe et créer une zone tampon censée empêcher ces frappes.

Les forces de Moscou essayent de profiter du manque d'hommes et d'armes auquel est confronté l'Ukraine après deux ans de guerre.

- Près de 10.000 évacuations  -

M. Zelensky a reconnu auprès de l'AFP un manque d'effectifs. «Il y a un nombre important de brigades qui sont vides», a-t-il dit.

Face à ses carences, Kiev a voté une législation controversée, entrée en vigueur samedi, pour accélérer la mobilisation militaire avec l'abaissement de l'âge de 27 à 25 ans.

Vendredi, M. Zelensky a également signé une loi permettant de recruter des détenus en échange d'une libération conditionnelle.

Tourné vers les Occidentaux, il a déploré n'avoir qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont Kiev a besoin, ajoutant avoir également besoin de 120 à 130 avions de combat F-16.

Dans la région de Kharkiv, la Russie a affirmé samedi avoir saisi le village de Staritsa près de Vovtchansk, ville située à une cinquantaine de kilomètres de Kharkiv, assurant que ses forces «poursuivent leur avancée en profondeur dans les positions défensives de l'ennemi».

Près de dix mille personnes ont été contraintes de quitter leur habitation dans la région de Kharkiv, avaient auparavant annoncé les autorités ukrainiennes.

«Au total, 9.907 personnes ont été évacuées», a déclaré samedi le gouverneur Oleg Synegoubov, précisant que les forces armées ukrainiennes avaient repoussé deux tentatives de percer les défenses au cours de la nuit.

La situation est selon lui «sous contrôle», les «défenseurs menant des assauts et des opérations de ratissage dans certaines zones».

Selon M. Synegoubov, les Russes ont «commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie». La ville, comptait quelque 18.000 habitants avant-guerre. Une centaine de personnes y sont toujours et «de violents combats» ont lieu, selon le gouverneur.

L'armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, comme Bakhmout l'an passé ou Avdiïvka en février.

Kiev accuse Moscou d'utiliser des civils comme «boucliers humains» à Vovtchansk et d'avoir commis au moins une exécution sommaire.

- Avancée de l'ennemi -

Un peu plus à l'ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d'assaut dans la région.

Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, une autre localité sur la route de Kharkiv.

«Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l'ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent encore de la tenir», avait affirmé le gouverneur de la région de Kharkiv.

De son côté, l'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région et affirmé que ses forces continuaient à progresser.

- «Zone sanitaire» -

Moscou a engrangé en une semaine ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l'AFP à partir de données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Vendredi après-midi, Kharkiv, très régulièrement bombardée, a été touchée par de nouvelles frappes russes qui ont fait au moins trois morts et 28 blessés, selon un dernier bilan fourni par le maire Igor Terekhov dans la soirée.

A Vovtchansk, des frappes russes ont tué un homme de 35 ans et blessé un autre de 60 ans, tous deux civils, selon le Parquet régional.

A Odessa, ville portuaire du sud du pays régulièrement frappée elle aussi, un bombardement russe a fait un mort et cinq blessés hospitalisés, selon le gouverneur local Oleg Kiper.

Pour sa part, l'armée russe a dit avoir fait face à une centaine de drones lancés depuis l'Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a fait état de la mort d'une mère et de son enfant de quatre ans dans le village d'Oktiabrski.

Dans la soirée, il a en outre annoncé la mort d'un homme dans le village de Novaïa Naoumovka attaqué par des drones, et d'un blessé hospitalisé.

Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités ont affirmé que deux drones ukrainiens avaient incendié une raffinerie à Touapsé. Dans cette même région, des «infrastructures civiles» ont été touchées et ont pris feu à Novorossiïsk, port de la mer Noire.

En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée de courant car une installation électrique a été endommagée, selon les autorités locales.

Enfin, dans la journée de vendredi une femme a été tuée par une frappe dans la région russe de Briansk, selon le gouverneur.

 


Un pétrolier touché par un missile au large du Yémen

Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
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  • Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey
  • Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden

DUBAÏ, Emirats Arabes Unis : Un pétrolier battant pavillon panaméen a été touché par un missile au large du Yémen, où les rebelles houthis multiplient les attaques contre les navires marchands, a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey.

Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a affirmé la société britannique selon laquelle l'attaque s'est produite à environ 10 miles nautiques au sud-ouest de la ville yéménite de Mokha.

L'agence de sécurité maritime britannique UKMTO avait fait état plus tôt d'une attaque à 76 miles nautiques au sud-ouest de la ville de Hodeidah, également sur la mer Rouge, sans que l'on sache s'il s'agit du même navire.

«Un navire a subi de légers dégâts après avoir été touché par un projectile non identifié», a affirmé UKMTO sur son compte X, en précisant que l'équipage était sain et sauf et que le navire avait poursuivi sa route vers son prochain port d'escale.

Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique.

Alliés de l'Iran, ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël a déclenché la guerre contre le Hamas après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien.

Face à ces attaques, les Etats-Unis, proché allié d'Israël, ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation en mer Rouge et lancé en janvier, avec l'aide du Royaume-Uni, des frappes au Yémen contre les rebelles qui disent depuis qu'ils ciblent aussi les navires américains et britanniques.