Un «méga feu» frappe le Gard, apogée d'une journée marquée par de multiples incendies

Un homme prend une photo d'un incendie qui fait rage sur la colline derrière la ville de Bessèges, dans le sud de la France, le 7 juillet 2022 (AFP)
Un homme prend une photo d'un incendie qui fait rage sur la colline derrière la ville de Bessèges, dans le sud de la France, le 7 juillet 2022 (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 08 juillet 2022

Un «méga feu» frappe le Gard, apogée d'une journée marquée par de multiples incendies

  • Dans le département des Bouches-du-Rhône, les pompiers ont eu à traiter pas moins de 35 départs de feu dans la journée
  • Dans un département marqué par une extrême sécheresse et en prévision de vents violents, les 500 sapeurs-pompiers du Sdis13 avaient été renforcés de 450 hommes supplémentaires jeudi

BESSEGES, FRANCE: Opposés à "un méga feu" menaçant des milliers d'hectares au coeur des Cévennes, les pompiers du Gard ont poursuivi leur lutte toute la nuit, après une journée de jeudi marquée par de multiples incendies dans la région, attisés par des "conditions météorologiques extrêmes".

A Bordezac, à la frontière de l'Ardèche, le sinistre, très virulent, avait déjà brûlé près de 600 hectares de végétation en fin de soirée jeudi. Peu avant minuit, l'incendie avait encore "pris de l'ampleur", selon la préfecture, avec 10 kilomètres de lisière active. Et il menaçait "des milliers d'hectares".

Les pompiers eux étaient aux abois, au poste de commandement de Bessèges, où l'AFP les a rencontrés jeudi soir, au coeur d'un ballet incessant de camions arrivant en renfort.

"On continue la montée en puissance des moyens car ce sont des secteurs qui sont très, très difficilement accessibles", a témoigné le contrôleur général du Sdis, Jean-Michel Langlais: face à un vent "soutenu toute la nuit, ce qui va nous compliquer beaucoup la tâche, il faut qu'on fasse un très gros maillage autour du feu".

Au total, 900 pompiers ont été prévus pour lutter contre ce sinistre, a précisé la ministre aux Collectivités territoriales, Caroline Cayeux, vers 01h00 du matin, lors d'un point presse à Bessèges, en soulignant que les pilotes des sept Canadair et trois Dash mobilisés reprendront leurs rotations aériennes vers 06h30.

De Bessèges, de grands panaches de flammes étaient visibles jeudi soir sur trois collines assez distantes les unes des autres, a pu constater l'AFP sur place. La colonne de fumée, très impressionnante, était visible depuis la sortie de Nîmes, à plus de 50 kilomètres de là.

"Ce feu est, comment dire, un méga feu", avait expliqué à l'AFP le commandant Tanguy Salgues, chargé de communication des pompiers du Gard.

"Il faut essayer de tenir le terrain parce qu'il n'y a pas encore eu de tombée d'humidité, qui arrive plus tard dans la nuit, et pour attendre la relève du matin", a précisé à l'AFP le sous-préfet d'Alès, Jean Rampon, toujours au poste de commandement de Bessèges.

Un spectacle de désolation

"Ca a vraiment brûlé. Ce sont des pins maritimes, très combustibles. Demain, ça sera un spectacle de désolation.", a-t-il prévenu, craignant un débordement du feu sur l'autre rive de la Cèze, "où 10.000 hectares avaient brûlé en 1985".

En fin de soirée, 70 personnes habitant Bordezac avaient été évacuées vers Aujac et Robiac Rochessadoule, deux communes voisines.

"Je suis en train de caser les gens dans des chambres et tous les gîtes ont fait de même", avait confirmé Régine Marchand, gérante du restaurant d'Aujac, jeudi soir à l'AFP: "On leur fait des pâtes, les gens sont partis vite, sans rien, mais ils gardent le moral, il y a une bonne ambiance".

Quinze habitants d'une zone menacée de Bessèges avaient également été relogés, dans un camp de vacances, tandis que les autorités recommandaient aux autres habitants de cette commune, ainsi qu'à ceux de Gagnières, de rester "confinés", fenêtres fermées.

Jeudi soir, un autre feu sévissait encore dans le Gard, à Générac, au sud du département. Cet incendie, qui a parcouru 235 hectares de végétations basses et de pins, évoluait favorablement en fin de soirée. Au total, le Gard a vécu 28 départs de feu jeudi.

De leur côté, dans le département voisin des Bouches-du-Rhône, ce sont 35 départs de feu que les pompiers ont eu à traiter jeudi, et notamment à Arles, avec un incendie parti de roseaux et de broussailles dans une zone commerciale.

Poussé par un fort mistral, le sinistre s'était rapidement propagé pour finalement sauter la Nationale 113, un axe stratégique assurant la jonction de l'A54 entre Nîmes et Marseille, et la couper dans les deux sens.

Quatre maisons ont été brûlées, selon un premier bilan des secours, et quatre autres endommagées, mais l'incendie était fixé vers 20h00, comme celui de Martigues où un départ de feu avait provoqué le confinement des habitants et l'évacuation temporaire des résidents d'une maison de retraite.

Sur Twitter, la direction générale de la sécurité civile a recommandé une grande prudence jusqu'à dimanche "en raison d'un très fort danger d'incendies en zone méditerranéenne".


Macron met en garde contre la mort de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Short Url
  • Le président français a évoqué une Europe «dans une situation d'encerclement» face aux grandes puissances régionales
  • Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a appelé l'UE à renforcer encore sa défense au sein de l'Otan

PARIS: "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir". Emmanuel Macron a dressé jeudi un portrait alarmiste à un mois et demi d'élections européennes compliquées pour son camp, en exhortant à un sursaut des Vingt-Sept pour bâtir une "Europe puissance" et une défense "crédible".

"Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant" car "à l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué", a-t-il asséné devant 500 invités, dont les ambassadeurs des 26 autres Etats membres de l'UE, des étudiants, des chercheurs et le gouvernement au complet.

Le président français a évoqué dans un discours-fleuve une Europe "dans une situation d'encerclement" face aux grandes puissances régionales et a jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées".

"Le risque, c'est que l'Europe connaisse le décrochage et cela, nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts", a averti le chef de l'Etat, en plaidant pour une "Europe puissante", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a annoncé qu'il inviterait les Européens à se doter d'un "concept stratégique" de "défense européenne crédible", en évoquant la possibilité pour elle de se doter d'un bouclier antimissiles.

Il a aussi appelé l'Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un "emprunt européen", sujet tabou notamment en Allemagne, pour investir dans l'armement en appliquant le principe de "préférence européenne".

Entrée en campagne

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migration, de criminalité et de terrorisme.

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel.

Devant les pratiques commerciales chinoises et américaines, le président français a également demandé une "révision" de la politique européenne "en défendant nos intérêts".

"Ca ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques", a-t-il déclaré.

Réagissant peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d'ondes que son homologue, a salué les "bonnes impulsions" du discours pour que "l'Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".

Le discours d'Emmanuel Macron est largement considéré comme une entrée en campagne du chef de l'Etat français, alors que son camp patine à six semaines des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles le Rassemblement national (RN, extrême droite) fait largement course en tête.

Selon un récent sondage Opinionway, la liste de la majorité présidentielle, à 19%, se situait toujours loin derrière celle du RN (29%), mais gardait une nette avance sur celle des socialistes (12%).

"Sur la scène européenne, cela fait sept ans qu'Emmanuel Macron confond ses incantations et ses gesticulations avec des réalisations", a ironisé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du RN, sur X, accusant le chef de l'Etat de "brader des pans entiers de souveraineté" nationale.

Le palais présidentiel de l'Elysée a réfuté toute tactique électoraliste et affirmé que M. Macron ambitionnait d'"influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et aux retours des Français, qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg (Est), où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne qui accueille le parlement européen.

 

 


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Short Url
  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.