Législatives: La gauche unie derrière Mélenchon fait vaciller la macronie

Jean-Luc Melenchon, prononce un discours après les premiers résultats des élections législatives à Paris le 19 juin 2022 (Photo, AFP).
Jean-Luc Melenchon, prononce un discours après les premiers résultats des élections législatives à Paris le 19 juin 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 19 juin 2022

Législatives: La gauche unie derrière Mélenchon fait vaciller la macronie

  • La Nupes va envoyer de 150 à 200 députés au Palais Bourbon, selon les différents instituts de sondage
  • Jean-Luc Mélenchon a certes perdu son pari de s'installer à Matignon mais il aura réussi à hisser la gauche en principale force d'opposition

PARIS: Jean-Luc Mélenchon ne sera pas Premier ministre mais il a le sourire: la gauche qu'il a unie est en passe d'emporter plus de 150 sièges dimanche au 2e tour des élections législatives, battant plusieurs figures de la macronie et empêchant le président d'obtenir une majorité absolue.

"On est là, on est là, même si Macron ne le veut pas nous on est là", ont chanté à 20H00 les centaines de militants présents à l'Élysée Montmartre à Paris, où était organisée la soirée de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes).

Leur chef de file Jean-Luc Mélenchon a certes perdu son pari de s'installer à Matignon mais il aura réussi à hisser la gauche en principale force d'opposition - même si le RN fait une percée historique avec entre 80 et 95 députés, selon les estimations.

La Nupes va envoyer de 150 à 200 députés au Palais Bourbon, selon les différents instituts de sondage. Pour Ipsos, La France insoumise, qui présentait le plus de candidats en vertu de sa troisième place à la présidentielle, remporterait environ 90 sièges, les écologistes 30, le PS une petite vingtaine et le PCF 13.

"La situation est totalement inattendue, absolument inouïe. La déroute du parti présidentiel est totale", s'est exclamé Jean-Luc Mélenchon sur scène à l'Élysée Montmartre.

"Nous avons réussi l'objectif politique que nous nous étions donnés: en moins d'un mois faire tomber celui qui, avec tant qu'arrogance, a tordu le bras du pays pour être élu président sans qu'on sache pour quoi faire", a-t-il ajouté.

Julien Bayou, le chef d'EELV, a quant à lui fait applaudir toutes les composantes de la Nupes, et rendu hommage à LFI: "Vous pouvez les applaudir car ce sont évidemment les insoumis, en premier lieu, qui ont permis cette coalition".

Pour la numéro 2 du PS, Corine Narassiguin, "notre stratégie d'alliance a fonctionné, on va presque tripler le nombre de représentants de gauche, et l'intergroupe va devenir la première force d'opposition".

Au PS, "on a fait le bon choix, on a répondu à l'attente des électeurs qui voulaient l'union", "à leurs yeux on s'est ré-ancrés à gauche", a-t-elle ajouté.

Camouflet énorme

Ian Brossat, le bras droit du communiste Fabien Roussel, réélu comme son homologue socialiste Olivier Faure et toutes les figures majeures de la gauche qui se sont présentées, s'est enthousiasmé: "c'est un camouflet énorme pour la majorité sortante, dont plusieurs ministres seraient battus".

Selon lui, "le président de la République va devoir renoncer à beaucoup de ses réformes de régression sociale. En tout cas, il n'y aura pas de majorité pour voter la retraite".

Les militants ont exulté quand les défaites face à la Nupes de Christophe Castaner et Richard Ferrand, respectivement président du groupe des députés LREM sortant et président de l'Assemblée nationale sortant, sont apparues sur les écrans.

"Aujourd'hui il n'y a pas de majorité absolue pour Emmanuel Macron, c'est une bonne nouvelle, il ne pourra pas se faire ce qu'il veut, et devra faire des concessions", salue Théophile Nemoz, un militant de 24 ans, à l'Élysée Montmartre.

Cet ingénieur dit avoir "commencé à militer pour les législatives, avec l'union de la gauche". Le résultat "donne envie de continuer à s'engager pour cette dynamique, ça donne une grosse motivation", ajoute-t-il.

Bonne surprise dans certaines circonscriptions rurales, comme dans la Creuse, où Catherine Couturier (Nupes-LFI) a battu le député sortant (Ensemble-Renaissance) Jean-Baptiste Moreau.

Mais Jean-Luc Mélenchon ne s'y est pas trompé sur la géographie du vote de gauche: "il faut attendre avec patience que les chiffres des grandes villes remontent pour que nous sachions où nous en sommes".

La gauche unie a aussi réalisé un carton en outre-mer, notamment six sièges sur sept à La Réunion, huit sur neuf en Guadeloupe, Martinique et en Guyane, trois sur trois en Polynésie.

Seules ombres au tableau: le député LFI sortant Michel Larive a été battu dans l'Ariège par le dissident PS Laurent Panifous. Et, selon Corinne Narrassiguin, plusieurs candidats de la Nupes risquent de perdre face au RN, la faute selon elle "à sa banalisation" par la macronie.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Short Url
  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".