CANNES: Dernière ligne droite au Festival de Cannes, où les films de deux dernières réalisatrices doivent être projetés avant que le jury, présidé par Vincent Lindon, ne se retire pour décerner, samedi soir, la prestigieuse Palme d'Or.
Au terme de cette 75e édition, la course à la Palme pourra-t-elle être bouleversée en dernière minute ?
Vendredi, une figure du cinéma indépendant, l'Américaine Kelly Reichardt, doit présenter "Showing Up". Son dernier film, "First Cow", avait été salué par la critique.
A Cannes, elle racontera le quotidien d'une artiste et la manière dont elle puise dans sa vie. Avec au casting, l'une de ses actrices fétiches, Michelle Williams.
L'Américaine partagera les marches avec une nouvelle venue dans la compétition, la Française Léonor Séraille, qui tente sa chance en racontant dans "Un petit frère" l'histoire d'une famille issue de l'immigration, de la fin des années 1980 à nos jours en banlieue parisienne.
La réalisatrice avait charmé le Festival en 2017 avec son premier film "Jeune Fille", qui avait récolté la Caméra d'or.
L'un de ces films succèdera-t-il à "Titane" de Julia Ducournau, Palme d'Or gore à l'énergie punk de l'an dernier ? Les jeux sont pour l'instant assez ouverts, aucun film en compétition n'ayant fait l'unanimité du côté des festivaliers.
Du côté de la presse internationale, dont les critiques sont compilées par le magazine professionnel Screen, c'est le cinéaste sud-coréen Park Chan-wook, 58 ans, ("Mademoiselle", "Old Boy") qui fait figure de favori.
Son thriller "Decision To Leave" est une leçon de cinéma, à la réalisation virtuose, que certains aiment à comparer à "Basic Instinct", le sexe en moins.
Cette enquête menée par un inspecteur de police, qui tombe amoureux de la principale suspecte d'un crime, est toutefois desservie par une intrigue très complexe.
Le film est porté par l'interprétation de ses deux personnages principaux, deux nouveaux venus dans le cinéma de Park Chan-wook: dans le rôle de l'inspecteur, l'acteur Park Hae-il, qui avait travaillé avec Bong Joon-ho ("Memories of a Murder", "The Host"), dans celui de la veuve, l'actrice chinoise Tang Wei, révélée par Ang Lee ("Lust, caution").
Délibérations
Si un film aussi attendu que celui de David Cronenberg, "Crimes of the Future", a fait pschitt, un autre grand nom, James Gray, a plutôt charmé la critique avec "Armageddon Time".
Pour sa 5e fois en compétition, l'auteur d'"Ad Astra" et "La nuit nous appartient" livre une chronique touchante et largement autobiographique de l'enfance d'un garçon dans le New York des années 1980, et la découverte de sa vocation artistique.
L'ovni "EO", un film sur un âne, du doyen de la compétition, Jerzy Skolimowski, 84 ans, ainsi que le dernier film empreint de réalisme social des frères Dardenne, "Tori et Lokita", font aussi figure de candidats sérieux à la Palme, selon les avis recensés par Screen.
Un nouveau trophée à ces derniers serait un évènement, puisqu'ils seraient les premiers cinéastes à avoir trois Palmes d'Or, après "Rosetta" (1999) et "L'enfant" (2005).
Au total, 21 films sont en lice pour succéder à "Titane", dont la réalisatrice Julia Ducournau était seulement la deuxième femme couronnée dans l'histoire de Cannes. Cinq réalisatrices sont cette année en lice.
Après avoir visionné les derniers films, le jury se retirera dans une villa pour délibérer samedi, et annoncer le palmarès en début de soirée.
Aux côtés de Vincent Lindon, l'actrice et réalisatrice anglo-américaine Rebecca Hall ("Vicky Cristina Barcelona"), la Suédoise Noomi Rapace, ("Millenium") ou encore les réalisateurs Asghar Farhadi (Grand prix en 2021 avec "Un héros"), Ladj Ly ("Les misérables", prix du jury 2019) et Joachim Trier ("Julie en 12 chapitres").