PARIS: Après deux années de pause pour cause de pandémie, les élites politiques et économiques mondiales font leur retour cette semaine à Davos, pour une réunion largement dominée par la guerre en Ukraine. Ce lundi matin, les experts se penchent sur la crise énergétique, exacerbée par l'invasion russe de l'Ukraine.
En effet, le paysage et les marchés énergétiques mondiaux sont radicalement remodelés à mesure que les gouvernements et les entreprises réagissent à la crise et réduisent leur dépendance à l'égard de l'énergie russe.
Pour enrayer la crise énergétique et assurer une plus grande sécurité et durabilité énergétiques, quels sont les enjeux prioritaires qui nécessitent une action des gouvernements et des entreprises ?
Pour Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie, "l'invasion de l'Ukraine par la Russie ne doit pas être une excuse pour investir massivement dans les énergies fossiles. Sinon cela fermera la porte à jamais au développement des énergies renouvelables." Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie rappelle que "cette année, les compagnies de gaz et pétrole ont eu 4 trillons de $ de revenus, un record historique. Elles doivent investir dans les énergies propres".
"Il est important de développer du gaz plus vert, comme l'hydrogène vert, qui constitue vraiment l'avenir du gaz", renchérit Catherine MacGregor, directrice générale d'ENGIE. De son côté, Vicki Hollub, présidente et directrice de Occidental Petroleum Corporation, assure investir dans les énergies vertes, mais prévient aussi : "Les Etats-Unis peuvent fournir du pétrole et du gaz au reste du monde, mais ce sera de plus en plus compliqué".
En effet, le monde est confronté à une crise multiple: hausse de l'inflation, crise énergétique, insécurité alimentaire et changement climatique. "Si aucun des problèmes n'est résolu, je crains que nous ne nous heurtions vraiment à une récession mondiale," estime Robert Habeck, vice-chancelier et ministre fédéral allemand des affaires économiques et de l'action pour le climat, en insistant sur la nécessité de s'attaquer aux "problèmes entrelacés" qui affligent le monde en ce moment. Pour lui, le découplage de l'énergie russe est directement lié à l'"objectif plus large" d'indépendance vis-à-vis des combustibles fossiles.
"Nous devons accélérer la transition énergétique pour renforcer notre indépendance énergétique car les énergies renouvelables sont produites localement", déclare Catherine MacGregor, directrice générale d'ENGIE en expliquant comment stimuler l'acceptation des énergies renouvelables en Europe.
Pour Robert Habeck, "l'invasion de l'Ukraine par la Russie accélère la transition car l'énergie renouvelable est la moins chère, puis le marché suivra, car les clients demandent de l'énergie verte".
"Nous devons accélérer sur la voie de la transition verte, mais nous devons aussi survivre, estime Hardeep Singh Puri, ministre indien du Pétrole et du Gaz naturel.
"Le monde n'a pas besoin de choisir entre une crise énergétique et une crise climatique" conclut Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie.