KABOUL: Des milliers de bureaux de change étaient fermés dimanche à Kaboul et dans plusieurs villes afghanes, pour protester contre la très forte hausse du coût de leur licence professionnelle imposée par les autorités talibanes, a-t-on appris auprès de l'organisation les représentant.
"Des milliers de bureaux de change sont fermés dans tout le pays pour protester contre les conditions fixées par la Banque centrale d'Afghanistan", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Commission des cambistes afghans, Abdul Rahman Zeerak.
Selon lui, la Banque centrale (DAB) exige qu'ils paient 5 millions d'afghanis (54.000 euros) pour avoir le droit d'exercer, contre 300.000 afghanis par le passé. Elle leur demande aussi de toujours disposer d'au moins 50 millions d'afghanis pour faire tourner leur commerce.
C'est "beaucoup d'argent" et "nous ne sommes pas assez solides" pour remplir ces conditions, a observé M. Zeerak, assurant que la Banque centrale n'avait pas justifié cette hausse.
La DAB entend imposer à tous les changeurs de renouveler leur licence et que toutes les transactions se fassent en ligne, a-t-il ajouté.
Les agents de change qui ne respecteront pas ces nouveaux critères encourront des "poursuites judiciaires", a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la Banque centrale, Mohammad Sabir Momand.
Celle-ci, a-t-il fait valoir, est déterminée à garantir "la transparence et la sécurité de ce secteur" et à s'assurer que toutes les activités de change s'effectuent "dans le respect des lois en vigueur".
Un ancien gouverneur adjoint de la Banque centrale, Khan Afzal Hadawal, a expliqué à l'AFP que les talibans avaient pris cette mesure pour répondre aux exigences de la communauté internationale en terme de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
"Le moyen le plus facile pour ceux qui blanchissaient de l'argent et les terroristes était de passer par les changeurs d'argent", a-t-il déclaré.
"Ce que (le gouvernement) a fait, c'est qu'il a durci les conditions nécessaires pour fonctionner, de façon que ceux qui ne peuvent les remplir devront fermer", a-t-il ajouté.
Après le soudain retour au pouvoir des talibans en août, l'Afghanistan a vu son économie s'effondrer et le chômage exploser, notamment à cause de l'immense crise de liquidités provoquée par le gel de milliards d'avoirs détenus à l'étranger, en particulier aux Etats-Unis.
Les banques afghanes ont fermé pendant plusieurs semaines, et les agents de change ont joué un rôle crucial pour limiter l'instabilité en répondant alors aux besoins financiers de millions d'Afghans.
Le système bancaire restant fragile, les bureaux de change se livrent à certaines activités financières normalement dévolues aux banques, comme transférer de l'argent ou accorder des prêts à des commerçants ou agriculteurs.