En Espagne, un projet de «congé menstruel» au coeur de vifs débats

La ministre espagnole de l'Egalité Irene Montero à Madrid le 3 février 2021 (Photo, AFP).
La ministre espagnole de l'Egalité Irene Montero à Madrid le 3 février 2021 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 13 mai 2022

En Espagne, un projet de «congé menstruel» au coeur de vifs débats

  • Une version provisoire du projet de loi, élaboré par le ministère de l'Egalité, la durée de ce congé serait de trois jours
  • Cette mesure pourrait figurer dans un projet de loi sur l'avortement visant à consolider le droit à l'interruption volontaire de grossesse

MADRID: La décision serait une première en Europe: en Espagne, le gouvernement de gauche envisage d'instaurer dans la loi un "congé menstruel" pour les femmes souffrant de règles particulièrement douloureuses, mais l'initiative fait débat au sein même de l'exécutif et des syndicats.

Cette mesure pourrait figurer dans un projet de loi sur l'avortement visant à consolider le droit à l'interruption volontaire de grossesse et les droits reproductifs, et qui devrait être adopté mardi en Conseil des ministres.

"Nous allons reconnaître dans la Loi le droit des femmes qui ont des règles douloureuses à un arrêt (de travail) spécial qui sera financé par l'Etat dès le premier jour", a tweeté vendredi après-midi la ministre de l'Egalité, Irene Montero, l'une des chefs de file du parti de gauche radicale Podemos, partenaire du parti socialiste au sein du gouvernement de Pedro Sánchez.

On ignorait toutefois si les discussions au sein de l'exécutif avaient vraiment permis de dégager un accord entre Podemos et les ministres socialistes détenant les portefeuilles économiques sur la portée exacte de ce "congé menstruel".

Selon des médias espagnols ayant eu accès à une version provisoire du projet de loi, élaboré par le ministère de l'Egalité, la durée de ce congé serait de trois jours, avec la possiblité de le prolonger de deux jours supplémentaires en cas de symptômes aigus, sur la base d'un certificat médical.

"Il y a des femmes qui ne peuvent pas travailler et vivre normalement plusieurs jours par mois parce qu'elles ont des règles vraiment douloureuses", a affirmé cette semaine Mme Montero.

"Il est important de préciser ce que sont des règles douloureuses: nous ne parlons pas d'un léger inconfort, mais de symptômes graves tels que diarrhées, maux de tête sévères et de la fièvre", avait précisé début avril la secrétaire d'Etat à l'Egalité, Ángela Rodríguez, également membre de Podemos.

Stigmatisation

Quelques pays ont introduit ces dernières années dans leur législation un droit à un "congé menstruel", notamment en Asie, mais à l'heure actuelle, aucun pays européen ne l'a fait. En France, quelques rares entreprises autorisent bien leurs salariées à arrêter le travail lors de leurs règles, mais le "congé menstruel" ne figure ni dans la loi ni dans les conventions collectives.

L'Espagne ferait donc de nouveau figure de pionnier en Europe en matière de droits des femmes. Mais le débat est vif, car si l'aile gauche du gouvernement pousse en ce sens, certains ministres socialistes sont réticents, par crainte qu'une telle mesure, en raison de son coût élevé, ne soit en fait contre-productive, en  "stigmatisant" les femmes et en aboutissant paradoxalement à privilégier le recrutement de salariés masculins.

La ministre de l'Economie, la socialiste Nadia Calviño, s'est ainsi montrée réservée. "Nous travaillons sur plusieurs versions de cette loi", a précisé la numéro deux du gouvernement, avant d'avertir que "jamais ce gouvernement ne va a adopter une mesure qui stigmatise les femmes".

Le débat existe également au sein des syndicats. "Il faut faire attention avec ce type de décision", a ainsi mis en garde vendredi la secrétaire générale adjointe de l'UGT, l'un des deux principaux syndicats espagnols, Cristina Antoñanzas, qui s'est dite inquiète des possibles effets indirects de la mesure sur "l'accès des femmes au marché du travail".

"Plus que d'un congé, ce dont nous avons besoin, c'est de la reconnaissance de notre handicap, dans les cas évidemment où ce handicap existe", a déclaré l'AFP Ana Ferrer, responsable de l'Association des victimes de l'endométriose, qui a dit craindre une "discrimination".

Une analyse réfutée par Commissions ouvrières (CCOO), l'autre grand syndicat espagnol, qui a salué dans un communiqué une "avancée législative" majeure, de nature à "rendre visible et reconnaître un problème de santé jusqu'à présent ignoré".

La mise en place d'un "congé menstruel" ferait figure de mesure phare de ce projet de loi, mais ne serait pas la seule.

Le ministère de l'Egalité voudrait ainsi inclure la suppression totale de la TVA pour les produits d'hygiène féminine. Le texte prévoit également de renforcer l'accès à l'IVG dans les hôpitaux publics et de permettre aux mineures d'avorter sans l’autorisation de leurs parents dès 16 ans.

L'avortement en Espagne a été dépénalisé en 1985, puis légalisé en 2010, mais l'interruption de grossesse reste un droit semé d'embûches dans ce pays à forte tradition catholique, où l'objection de conscience des médecins est massive et où les mouvements anti-IVG sont très actifs.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.