PARIS : Après le scandale, les conséquences financières: le groupe d'Ehpad privés Orpea, dans la tourmente depuis la sortie en janvier d'un livre-enquête, a signé un accord avec ses banques pour assurer son financement dans un contexte incertain, après un plongeon de près de 60% de son bénéfice net annuel.
Cet accord s'inscrit dans le cadre "d'une procédure amiable de conciliation", pour prévenir les difficultés, ouverte devant le tribunal de commerce de Nanterre, a indiqué le groupe dans un communiqué publié vendredi.
Il "répond au contexte actuel d'incertitudes qui pèse sur Orpea, ainsi qu'à un accès fermé aux marchés financiers et au ralentissement du programme de cessions d'actifs initialement envisagé", a expliqué le groupe présent dans 23 pays et qui gère plus de 350 établissements pour personnes âgées dépendantes en France.
Il prévoit l'octroi d'un crédit de 1,73 milliard d'euros, la mise en place d'un plan de cession d'actifs pour plus de 3 milliards d'euros d'ici à fin 2025 et un prêt optionnel d'un montant maximum de 1,5 milliard d'euros.
"Je m'engage à ce que nous tirions toutes les leçons de cette crise pour rétablir la confiance que nous accordent nos parties prenantes depuis toujours, partout où le groupe est implanté", a commenté Philippe Charrier, PDG d'Orpea, cité dans le communiqué.
Charges liées au scandale
Pour l'année en cours, Orpea s'attend "à faire face à des charges exceptionnelles liées à la gestion de la crise et de ses conséquences". Il prévoit également que sa rentabilité soit affectée par la hausse de l'inflation qui impacte "les coûts de l'énergie et les salaires dans certains pays".
Le groupe se dit "confiant sur la dynamique de croissance" de son chiffre d'affaires 2022 mais n'a pas publié de prévisions chiffrées. Il ne versera pas de dividende au titre de l'exercice 2021.
Au premier trimestre, le chiffre d'affaires a progressé de 9% à 1,12 milliard d'euros.
L'an passé, son bénéfice net a chuté de 59,3% par rapport à 2020 à 65,2 millions d'euros, en raison notamment d'une provision de 83 millions d'euros "pour risques et charges relatives aux risques estimés au titre des années 2017-2021 suite aux enquêtes administratives" dont le groupe a fait l'objet.
Et en 2020, son bénéfice net avait déjà fondu de près d'un tiers car la crise sanitaire a diminué son activité et alourdi ses charges opérationnelles.
En 2021, l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) du groupe a toutefois progressé de 11% à 1,07 milliard d'euros pour un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros, en hausse de 9,6%.
«Mesures correctives»
Le groupe est sous le feu des critiques depuis la publication fin janvier du livre-enquête de Victor Castanet "Les Fossoyeurs". Le journaliste indépendant dénonçait notamment une maltraitance des résidents et un usage abusif des fonds publics.
Un rapport commandé dans la foulée par le gouvernement a pointé début avril de graves dysfonctionnements. L'État a porté plainte et demandé la restitution de dotations publiques présumées détournées de leurs fins.
Le groupe fait depuis fin avril l'objet d'une enquête judiciaire, ouverte à Nanterre, sur des soupçons de maltraitance institutionnelle ou d'infractions financières.
Un rapport intermédiaire des cabinets indépendants Grant Thornton et Alvarez & Marsal, commandé par Orpea, a également constaté des dysfonctionnements au sein du groupe.
"De nombreuses mesures correctives ont d'ores et déjà été prises", a assuré M. Charrier.
Orpea, qui a annoncé la semaine dernière la nomination d'un nouveau directeur général, entend mener "un plan de transformation majeur, prioritairement déployé en France" destiné à améliorer notamment "la qualité de l'accompagnement et le bien-être du résident" ainsi que sa politique de ressources humaines.
En début de matinée, à la Bourse de Paris, le titre Orpea reculait de 4,70% à 32,23 euros dans un marché en hausse. Il a perdu plus de 60% de sa valeur depuis le début de l'année, réalisant la pire chute de l'indice SBF 120.