PARIS: "Un Tout sauf Mélenchon est en train de se construire", assure dimanche l'ancien Premier Secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui accuse son parti d'avoir "perdu son âme" en s'alliant avec la France insoumise.
"Un Tout sauf Mélenchon est en train de se construire parce qu'il ne s'est pas mis en situation d'être au centre de la gauche. Cet accord ne sera pas durable et ne tiendra pas", estime M. Cambadélis sur radio J, au lendemain de la Convention actant la naissance à gauche de la "Nouvelle union populaire écologique et sociale" (Nupes) menée par la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
"Quand Jean-Luc Mélenchon sera confronté à une vague de Tout sauf Mélenchon pendant la campagne législative, peu de dirigeants socialistes et écologistes viendront à son secours", ajoute l'ancien patron du PS.
Alors que le leader insoumis, fort de ses 22% à la présidentielle, a réussi à réunir sous une bannière commune les écologistes d'EELV, les communistes et le PS, M. Cambadelis se dit "hostile depuis le premier jour à cet accord, parce que le programme de Jean-Luc Mélenchon c'est trois sorties: la sortie de l'Europe, la sortie de l'Otan et la sortie de l'OMC" qui transformerait, selon lui, la France en "Corée du Nord".
"Le PS a perdu son âme pour un plat de lentilles" en acceptant de "brader nos convictions pour quelques circonscriptions", regrette M. Cambadélis qui prévoit une défaite de la Nupes aux législatives de juin.
"Il peut y avoir un très bon premier tour mais on se heurtera au second à la réalité du rapport de forces dans la pays. Il n'y a pas de réserves pour le deuxième tour", estime-t-il.
Plusieurs figures historiques, à commencer par François Hollande, ont critiqué ces derniers jours l'accord LFI-PS. Samedi, l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui a déjà rendu sa carte du parti, a dénonçé "des attaques abjectes" de la France insoumise qui est "d'une violence politique parfois insupportable".
"Nous n'avons rien à faire avec cette manière d'aborder les choses, cette violence, cette insulte, toujours présente à la commissure des lèvres. Ce n'est pas la gauche humaniste", a-t-il déclaré à France Bleu Cotentin.
Chez les écologistes aussi, la grogne monte. Dans une tribune au Monde samedi, trois anciens députés européens, Jean-Paul Besset, José Bové et Daniel Cohn-Bendit accusent, dans des mots très durs, les dirigeants des Verts de trahir les valeurs fondatrices d'EELV.
"Qui vous a donné le droit de disposer de nos consciences, au nom d'obscures tractations électorales ?", "n'avez-vous pas honte ?", demandent-ils en exprimant leur "colère" et leur "dégoût" face à ce qu'ils appellent une "escroquerie" et une "infamie sans nom".