ATHENES: Le réalisateur grec Yorgos Lanthimos, à Athènes pour lancer vendredi son nouveau film "Bêlement", se réjouit d'avoir renoué avec "une forme antérieure de cinéma", en silence et en noir et blanc, pour son premier tournage en Grèce après des années d'éloignement.
A l'occasion de la première mondiale de son court-métrage tourné sur l'île grecque de Tinos avec la comédienne américaine Emma Stone et l'acteur français Damien Bonnard, le cinéaste a dit aux journalistes avoir "vraiment aimé revenir en Grèce" et tourner "de manière simple".
Il a confié à l'AFP qu'il serait "heureux" de filmer à nouveau en Grèce à condition que cela ait "du sens".
Son long-métrage "La Canine", tourné en Grèce avant son départ à Londres, a été récompensé en 2009 par le prix "Un certain regard" au festival de Cannes et nominé aux Oscars.
Trois ans plus tard, son premier film en anglais, "The Lobster", tourné en Irlande, a reçu le Prix du Jury à Cannes.
Question: "Bêlement" signe votre retour en Grèce, où vous n'aviez plus tourné depuis plus d'une décennie. Y a-t-il maintenant une chance que vous y filmiez un nouveau long-métrage?
Réponse: "Après avoir fait mes quelques premiers films en Grèce, j'ai ressenti le besoin de sortir du pays afin de faire des films en anglais car les limites (de l'industrie grecque du cinéma, NDLR) étaient telles que ce n'était plus créatif.
Mais depuis quelques années désormais, je pense que j'irais juste à l'endroit qui a du sens pour chaque histoire à filmer. Donc s'il est logique de filmer une histoire comme celle-ci en Grèce, je serais heureux de venir la filmer ici".
Q: Depuis votre départ, au pic de la crise, les gouvernements grecs ont entrepris des réformes non seulement pour faire de la Grèce une terre de tournage mais aussi pour bénéficier à l'industrie locale du cinéma. Est-ce suffisant?
R: "Il y a des incitations même s'il y a un manque évident de connaissance (...) et nombre de personnes qui pourraient beaucoup plus faciliter la production. Mais je pense que c'est très positif."
Q: Vous êtes connu pour vos films d'avant-garde associés à la "vague bizarre" du cinéma qui a émergé en Grèce au début de la crise de la dette. Etes-vous ouvert à tous les genres de cinéma?
R: "Je n'ai jamais vraiment adhéré à la caractérisation de la vague grecque du cinéma. Très souvent, les journalistes doivent trouver une sorte de boîte spéciale pour mettre les choses dedans et les caractériser. Je pense qu'ils faisaient référence à deux films (seulement). Nombre de films sortis après sont assez différents. Donc, il n'y a pas eu de mouvement spécifique, juste peut-être des conditions similaires pour les films qui étaient faits, mais pas l'essence même des films. Ainsi, plus le temps passe, plus nous sommes libérés de ce genre d'étiquettes".
"Je ne suis absolument pas (attaché à un genre spécifique de cinéma, NDLR). Je pense que j'essaie tout tant que je sens qu'il y a une histoire et des questions à poser sur un thème, quel qu'il soit et quel que soit le genre. (...) Donc je ne dis jamais non à rien".
Alors verra-t-on un jour une comédie musicale de Lanthimos? "Vous pourriez".