La guerre en Ukraine place l'UE à la croisée des chemins

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen montre l’hémicycle lors d’un débat sur les sanctions économiques contre la Russie en session plénière au Parlement européen à Strasbourg, dans l'est de la France, le 4 mai 2022. (Patrick Hertzog/AFP)
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen montre l’hémicycle lors d’un débat sur les sanctions économiques contre la Russie en session plénière au Parlement européen à Strasbourg, dans l'est de la France, le 4 mai 2022. (Patrick Hertzog/AFP)
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Publié le Samedi 07 mai 2022

La guerre en Ukraine place l'UE à la croisée des chemins

  • L'UE fête lundi les 72 ans de son acte fondateur, la déclaration de Robert Schumann proposant la création d'une Communauté européenne du charbon et de l'acier, le 9 mai 1950
  • «La guerre du président russe Vladimir Poutine en Ukraine remet fondamentalement en question notre architecture de paix européenne», a déclaré vendredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen

BRUXELLES, Belgique :Alors que l'Union européenne célèbre lundi son 72e anniversaire, la guerre en Ukraine la pousse à se transformer radicalement pour devenir un acteur puissant sur la scène mondiale.

«La guerre du président russe Vladimir Poutine en Ukraine remet fondamentalement en question notre architecture de paix européenne», a déclaré vendredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

L'UE fête lundi les 72 ans de son acte fondateur, la déclaration de Robert Schumann proposant la création d'une Communauté européenne du charbon et de l'acier, le 9 mai 1950.

Le bloc commercial associant des nations autrefois en guerre est devenu une puissance politique prête à envoyer des armes à Kiev et à imposer des sanctions sans précédent à la Russie.

Il a tiré les leçons du Brexit et des quatre années de la présidence de Donald Trump aux Etats-Unis et se prépare à faire face à une Chine qui s'affirme.

Mais cette Union prospère de 450 millions d'habitants, qui peine à faire parler d'une seule voix ses 27 pays membres, n'est pas la grande puissance mondiale qu'elle pourrait aspirer à être. Elle est loin de l'autonomie stratégique dont voudrait la doter le président français Emmanuel Macron, qui préside actuellement le Conseil de l'UE.

«Fondamentalement, pour que l'Europe devienne un acteur géopolitique, il faut plus que quelques solutions politiques ou institutionnelles», estime le politologue néerlandais Luuk van Middelaar.

L'UE a «franchi un Rubicon» en décidant de financer des livraisons d'armes à l'Ukraine, un revirement «frappant» par rapport à son histoire pacifiste. Mais, selon lui, sa stratégie est mal définie à l'égard de la Russie et des pays d'Europe de l'Est aspirant à l'adhésion, dont l'Ukraine.

- Un «fédéralisme pragmatique» -

M. Macron, réélu en avril, devrait poursuivre son agenda européen avec encore plus de vigueur, soutenu par les appels lancés cette semaine par d'autres dirigeants et par une consultation citoyenne favorable à des changements fondamentaux dans les traités européens.

L'UE a besoin d'un «fédéralisme pragmatique» qui verrait les Etats membres perdre leur droit de veto, a plaidé mardi le Premier ministre italien Mario Draghi devant les eurodéputés.

«C'est le début d'un chemin qui mènera à la révision des traités. Et si cela doit être le cas, nous devons l'aborder avec courage et confiance», a-t-il déclaré. Les institutions et les processus actuels de l'UE sont «inadéquats» pour faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine, a-t-il ajouté.

Pour Fabian Zuleeg, directeur du centre de réflexion European Policy Centre, «nous sommes à la croisée des chemins».

«De nombreux tabous sont tombés avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et des pays font des choses qu'ils n'auraient jamais pensé faire», a-t-il déclaré à l'AFP. Cela concerne la politique étrangère et de sécurité de l'UE, mais aussi l'agriculture, les migrations, la politique industrielle...

«Nous pouvons décider de profiter de cette situation pour doter l'Union européenne du type de processus décisionnel, des compétences et des lois dont elle a besoin. Ou bien nous continuons sur la voie de pays qui font les choses par eux-mêmes, ce qui, à mon avis, est voué à l'échec», explique-t-il.

- L'abandon des vetos? -

Le Parlement européen a approuvé une réécriture des traités et avancé 49 propositions issues de la Conférence sur l'avenir de l'Europe, consultation citoyenne qui vient de s'achever.

Parmi celles-ci, l'idée de vote à la majorité qualifiée avancée par MM. Macron et Draghi pour rationaliser le processus décisionnel, ainsi que des pouvoirs accrus pour la Commission européenne dans des domaines jalousement gardés par les gouvernements nationaux, comme la défense.

La liste des propositions sera officiellement remise lundi au président français. «Plus de 90%» d'entre elles «peuvent être mises en oeuvre sans modification de traités», estime un diplomate européen.

Outre la France et l'Italie, des pays comme l'Espagne, la Belgique, les Pays-Bas ou le Luxembourg soutiendraient une modification des traités.

Mais d'autres petits Etats membres y seraient hostiles, craignant de perdre toute influence sur le cours des décisions, une fois privés de leur veto.

Si une majorité d'Etats membres de l'UE décide qu'une modification des traités est nécessaire, ils pourront voter au Conseil européen pour lancer une «convention» qui déboucherait sur des négociations.

«D'après mes calculs, nous devrions être en mesure d'obtenir la majorité simple au Conseil pour cela», confie un diplomate européen. Mais tout texte qui en résulterait devrait ensuite être approuvé à l'unanimité par les 27 pays membres.


Un pétrolier touché par un missile au large du Yémen

Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
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  • Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey
  • Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden

DUBAÏ, Emirats Arabes Unis : Un pétrolier battant pavillon panaméen a été touché par un missile au large du Yémen, où les rebelles houthis multiplient les attaques contre les navires marchands, a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey.

Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a affirmé la société britannique selon laquelle l'attaque s'est produite à environ 10 miles nautiques au sud-ouest de la ville yéménite de Mokha.

L'agence de sécurité maritime britannique UKMTO avait fait état plus tôt d'une attaque à 76 miles nautiques au sud-ouest de la ville de Hodeidah, également sur la mer Rouge, sans que l'on sache s'il s'agit du même navire.

«Un navire a subi de légers dégâts après avoir été touché par un projectile non identifié», a affirmé UKMTO sur son compte X, en précisant que l'équipage était sain et sauf et que le navire avait poursuivi sa route vers son prochain port d'escale.

Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique.

Alliés de l'Iran, ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël a déclenché la guerre contre le Hamas après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien.

Face à ces attaques, les Etats-Unis, proché allié d'Israël, ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation en mer Rouge et lancé en janvier, avec l'aide du Royaume-Uni, des frappes au Yémen contre les rebelles qui disent depuis qu'ils ciblent aussi les navires américains et britanniques.

 

 


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".