PARIS: C'est, en principe, le weekend de la dernière chance: Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis appellent les gauches à sortir de la "culture de la défaite" alors que s'écoulent les dernières heures prévues pour leurs négociations en vue des législatives, même si le scénario d'une prolongation à la semaine prochaine se fait jour.
Dimanche soir était la date butoir pour un accord mentionnée par tous les protagonistes, évoquant les impératifs de propagande électorale en vue des élections les 12 et 19 juin.
Or, on est "toujours dans le flou", glisse à l'AFP Alain Coulombel, l'un des négociateurs d'EELV, alors que les discussions ont repris samedi après-midi au siège de LFI avec son parti.
"Ça avance", a pour sa part sobrement commenté Manuel Bompard, négociateur en chef pour LFI. Sa formation est dominante depuis les 22% de Jean-Luc Mélenchon le 10 avril, tandis que tous les autres ont été relégués en dessous des 5% ouvrant le droit au remboursement de leurs frais de campagne.
La volonté de conclure un accord paraissait samedi réelle entre LFI et EELV. Les deux formations ont abordé en profondeur les thématiques qui pouvaient faire obstacle comme l'Europe, le partage des circonscriptions ou encore le mode d'organisation de l'alliance, au cours des deux dernières semaines.
Après avoir jugé vendredi matin qu'un accord était "en vue", le chef des Verts Julien Bayou a suggéré, samedi à l'AFP, qu'EELV était attentif aux discussions avec les autres partis avant de conclure: "Nous on souhaite que ça avance, avec tout le monde, et entre tout le monde".
Car avec le Parti socialiste, la réconciliation entamée en milieu de semaine prendra du temps, les socialistes ayant "suspendu" leurs discussions vendredi midi. En cause, a argué la direction du parti: les attitudes "hégémoniques" de LFI.
La fronde de certains grands élus et d'un courant minoritaire qui n'acceptent pas que le PS ait souscrit aux exigences idéologiques des Insoumis (retraite à 60 ans, désobéissance partielle à l'Europe, blocage des prix...) expliquent aussi les atermoiements d'Olivier Faure et ses lieutenants.
Cependant, "le lien n'est aucunement rompu" avec LFI, a assuré samedi un négociateur PS à l'AFP, qui a expliqué: "Les discussions, nous l’espérons, vont se prolonger. Dans une négociation, il y a toujours des périodes d’arrêt, des brusques accélérations. Dans les heures et les jours qui viennent, il y aura des redémarrages et des arrêts".
Selon ce socialiste, "la seule vraie échéance pour LFI, c’est le 7 mai (jour de la convention d'investiture de l'Union populaire), donc ils souhaitent que ce soit terminé à cette date. Mais en réalité, jusqu’au 14 mai, tout est gérable . Pour personne il n’y a de date butoir".
Social-libéralisme
De ces péripéties, Jean-Luc Mélenchon s'agace. L'ex-candidat à la présidence, qui vise désormais Matignon, appelle samedi dans le JDD les partis de gauche à sortir de "la culture permanente de la défaite", regrettant qu'ils se "laissent absorber par leurs enjeux internes".
Ses critiques visent d'ailleurs tout autant le PS qu'EELV - et son "mode de fonctionnement interne" favorisant la pluralité des tendances - et que le PCF.
Le communiste Fabien Roussel, sans attendre un accord qui tarde trop à son goût, a ainsi annoncé vendredi sa candidature à sa réélection dans sa circonscription nordiste de Saint-Amand-les-Eaux.
Les communistes espèrent avoir plus de circonscriptions que celles de leurs députés sortants, affirmant être mieux implantés dans certaines zones. Samedi, les communistes ont acté dans une déclaration à l'AFP, "que les propositions de La France insoumise, qui a la responsabilité première de permettre ce rassemblement, n’ont pas permis à cette heure" un accord.
Jean-Luc Mélenchon a "mis en garde" tous ses partenaires potentiels: "Les gens n'accepteront pas deux fois de se faire voler la victoire par ceux qui refuseront de construire cette nouvelle majorité".
Certains maires qui composent avec des majorités plurielles sont montés au créneau pour défendre ce modèle d'alliance, tels l'écologiste Grégory Doucet à Lyon ou à Nantes la socialiste Johanna Rolland - pourtant ex-directrice de campagne d'Anne Hidalgo, qui reste silencieuse.