Kiev appelle à des négociations sur le sort de Marioupol

Des bâtiments endommagés dans la ville portuaire méridionale de Marioupol en Ukraine le 19 avril 2022. (Photo, Reuters)
Des bâtiments endommagés dans la ville portuaire méridionale de Marioupol en Ukraine le 19 avril 2022. (Photo, Reuters)
Short Url
Publié le Jeudi 21 avril 2022

Kiev appelle à des négociations sur le sort de Marioupol

  • Moscou a fait une démonstration de force en testant un nouveau missile intercontinental à potentiel nucléaire
  • «L'Histoire n'oubliera pas les crimes de guerre qui ont été commis ici», a écrit Charles Michel sur Twitter

ZAPORIJIA: Les combats s'intensifiaient mercredi dans l'est et le sud de l'Ukraine où l'armée russe semblait près de s'emparer du port stratégique de Marioupol, Kiev recevant cependant un soutien croissant des Européens et des Américains, notamment en armes lourdes. 

L'Ukraine a appelé mercredi à la tenue de négociations avec la Russie sur le sort de la ville assiégée de Marioupol, au moment où Moscou faisait une démonstration de force en testant un nouveau missile intercontinental pouvant emporter des charges nucléaires.

Mykhaïlo Podolyak, conseiller de la présidence ukrainienne et un des négociateurs avec la Russie, a proposé à la Russie une "session spéciale de négociations" à Marioupol, ville portuaire sur la mer d'Azov assiégée.

"Nous sommes prêts à tenir une 'session spéciale de négociations' à Marioupol. Pour sauver nos gars, (le bataillon) Azov, les soldats, les civils, les enfants, les vivants et les blessés. Tout le monde", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Dernier dirigeant européen en date à se rendre à Kiev, le président du Conseil européen Charles Michel a rencontré le président Volodymyr Zelensky. 

L'UE fera "tout son possible" pour que l'Ukraine "gagne la guerre", a déclaré Charles Michel après les entretiens, qui ont porté sur le soutien financier et militaire de l'Union européenne et ses sanctions contre la Russie. 

L'adhésion de l'Ukraine à l'UE est "une priorité", a dit de son côté Volodymyr Zelensky. 

Sur le terrain, le ministère ukrainien de la Défense a affirmé mercredi matin que l'armée russe "concentrait l'essentiel de ses efforts sur la prise de Marioupol et poursuivait ses tentatives d'assaut près de l'aciérie Azovstal", dernier îlot de résistance de ce port situé sur la mer d'Azov, à l'extrémité sud du Donbass. 

Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du bataillon Azov qui résiste à Azovstal, a indiqué que ses combattants faisaient face à un "front à 360 degrés", "sans arrière" possible. 

Il a souligné que des centaines de civils, dont des enfants, se trouvaient dans l'aciérie, complètement détruite par des "bombes super-puissantes", et a appelé les dirigeants internationaux à les "sauver avant tout". 

"Nous vivons peut-être nos derniers jours, voire nos dernières heures", et "l'ennemi est 10 fois plus nombreux que nous", avait déclaré dans la nuit de mardi à mercredi Serguiï Volyna, commandant de la 36e brigade de la marine ukrainienne, dans un message posté sur Facebook. 

Le couloir humanitaire, qui avait en principe été négocié pour permettre mercredi l'évacuation des civils de Marioupol, "n'a pas fonctionné", a déclaré dans la soirée la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk, en accusant les Russes d'avoir violé le cessez-le-feu et bloqué les cars.

À Moscou Mikhaïl Mizintsev, un haut responsable du ministère russe de la Défense, a pour sa part accusé "les autorités de Kiev d'avoir cyniquement sabordé cette opération humanitaire", assurant que "personne n'a utilisé le couloir indiqué".

La situation dans la ville, où au moins 20 000 personnes ont péri depuis début mars selon le conseil municipal, est "catastrophique", selon la première vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk. 

La Russie, qui a lancé plusieurs ultimatums aux défenseurs de Marioupol, est déterminée à prendre ce port qui lui permettrait de faire la jonction entre la Crimée, qu'elle a annexée en 2014, et les républiques séparatistes du Donbass. 

Sa prise permettrait aussi à Moscou d'injecter des forces supplémentaires dans l'offensive visant à prendre le contrôle de l'ensemble du Donbass, que les séparatistes contrôlent en partie depuis 2014. 

1
Derniers développements de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, avec photos. (Graphique, AFP)

«Tentatives » d'assaut dans le Donbass 

Au-delà de Marioupol, les combats semblaient s'intensifier tant dans l'est que dans le sud de l'Ukraine.  

Le ministère ukrainien de la Défense a fait état mercredi matin de "tentatives d'assaut" sur les localités de Soulyguivka et Dibrivné, dans la région de Kharkiv (est), ainsi que sur Roubijné et Severodonetsk, dans la région de Lougansk (est). 

Le gouverneur de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a renouvelé ses appels aux civils à évacuer. "La situation se complique d'heure en heure", a-t-il écrit sur la messagerie Telegram: "Mettez-vous en sécurité (...) Partez".  

A Kramatorsk, grande ville de la région de Donetsk, des habitants interrogés par l'AFP s'attendaient au pire. "Ca va être le merdier", a dit Alexandre, 53 ans. "Tant que les Russes ne se calmeront pas, il n'y a rien de bon à attendre".  

Les bombardements s'intensifiaient aussi dans le sud, notamment sur les villages de Mala Tokmatchka et d'Orikhiv, à 70 km au sud-est de Zaporijjia.

Alors que la guerre semblait encore lointaine la semaine dernière, "maintenant, quand ça vient du côté russe, les maisons tremblent et c'est beaucoup plus fréquent", a dit Vitaly Dovbnia, précisant avoir une valise prête dans le coffre de sa voiture. 

Dans cette région, le ministère russe de la Défense a indiqué avoir notamment frappé les villages de Kisselivka et Novovorontsovka.   

Selon un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie a augmenté sa présence militaire dans l'est et le sud de l'Ukraine, portant à 76 le total de ses bataillons dans le pays. 

La famille d'un Britannique capturé dénonce une vidéo «  sous la contrainte »

La famille d'Aiden Aslin, un Britannique capturé lors de combats en Ukraine, a dénoncé une vidéo diffusée en Russie et prise selon eux "sous la contrainte", en violation de la convention de Genève sur le traitement des prisonniers.


"La vidéo d'Aiden parlant sous la contrainte et ayant clairement subi des blessures physiques est profondément éprouvante. Utiliser des images et des vidéos de prisonniers de guerre est contraire à la Convention de Genève et doit cesser", indique sa famille dans une déclaration relayée sur Twitter par le député Robert Jenrick.


Aiden Aslin, né en 1994, figure aux côtés de son compatriote Shaun Pinner, lui aussi capturé en Ukraine, dans des enregistrements présentés comme des interviews et diffusés par la télévision publique russe lundi. Les deux hommes, qui apparaissent les traits tirés, demandent à être échangés contre Viktor Medvedtchouk, un riche homme d'affaires ukrainien proche de Vladimir Poutine et arrêté en Ukraine.


Selon les médias russes, ils ont été capturés après avoir combattu côté ukrainien à Marioupol. Ils appartiendraient à une unité qui s'est rendue la semaine dernière aux forces russes.


La famille d'Aiden Aslin a expliqué que ce dernier avait déménagé en 2018 en Ukraine, où il a rencontré sa petite-amie et s'est finalement installé à Mykolaïv. Il a décidé de rejoindre les Marines ukrainiens et a servi dans cette unité pendant près de quatre ans.


"Il n'est pas, contrairement à la propagande du Kremlin, un volontaire, un mercenaire ou un espion. Aiden faisait des plans pour son avenir en dehors de l'armée, mais comme tous les Ukrainiens, sa vie a été bouleversée par l'invasion barbare de Poutine", soulignent-ils.


La famille d'Aiden Aslin a expliqué être, comme celle de Shaun Pinner, en contact avec le ministère des Affaires étrangères britannique "pour que les autorités russes remplissent leurs obligations envers les prisonniers de guerre en vertu du droit international, et finalement pour obtenir la libération d'Aiden et Shaun".


La famille de Shaun Pinner avait expliqué dans un communiqué que celui ci n'était "ni un volontaire ni un mercenaire, mais sert officiellement dans l'armée ukrainienne conformément à la législation ukrainienne".


Il s'était lui aussi installé en 2018 en Ukraine, et a épousé une Ukrainienne.

Nouvelles armes pour Kiev 

"Cette nouvelle phase" de la guerre, comme l'a qualifiée mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, s'annonce acharnée. D'autant que l'Ukraine reçoit désormais des armes lourdes que les Occidentaux hésitaient à lui fournir auparavant. 

Après la livraison de pièces d'artillerie annoncée la semaine dernière par le président américain Joe Biden, les Ukrainiens ont désormais "à leur disposition plus d'avions de chasse qu'il y a deux semaines", a affirmé mardi le porte-parole du Pentagone John Kirby, expliquant qu'ils avaient reçu "des appareils supplémentaires et des pièces détachées pour accroître leur flotte". 

Le commandement des forces aériennes ukrainiennes a affirmé de son côté mercredi n'avoir "pas reçu de nouveaux avions", mais "des pièces détachées pour la réparation des appareils existants". 

Kiev réclame des Occidentaux des Mig-29 soviétiques que ses militaires savent déjà piloter et dont disposent encore certains pays d'Europe de l'Est. 

Washington s'apprête aussi à approuver un nouveau paquet d'aide militaire s'élevant à 800 millions de dollars, moins d'une semaine après une annonce d'une tranche du même montant, selon plusieurs médias américains. 

Négociations au point mort 

L'appel mardi du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres à une trêve "humanitaire" de quatre jours pour les fêtes orthodoxes de Pâques - renouvelé mercredi par le coordinateur de l'ONU en Ukraine Amin Awad - semblait en revanche avoir peu de chances d'être entendu. 

D'autant que les négociations russo-ukrainiennes, censées continuer en ligne depuis la dernière séance physique à Istanbul fin mars, semblent au point mort. 

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé mercredi que les Ukrainiens "ne cessent de se retirer de ce sur quoi il y avait des ententes". "La balle est dans leur camp", après que Moscou leur a remis "un projet de document", a-t-il ajouté sans préciser le contenu de ce texte. 

L'invasion russe a déjà poussé vers les pays voisins de l'Ukraine, à commencer par la Pologne, plus de cinq millions d'Ukrainiens, un record depuis la Seconde guerre mondiale. 

Certains font néanmoins des allers-retours: le porte-parole des garde-frontières ukrainien a indiqué mercredi que 1,1 million d'Ukrainiens étaient rentrés en Ukraine depuis le 24 février. 

Le conflit a aussi chamboulé certains grands équilibres mondiaux. Des pays européens qui ne faisaient pas partie de l'Otan semblent désormais prêts à rejoindre l'Alliance militaire, comme la Finlande, dont le Parlement entamait mercredi un débat sur une adhésion. 

Sa candidature est désormais probable, et cette évolution est suivie de près par la Suède voisine, qui pourrait lui emboîter le pas. 

Les ministres des Finances et les banquiers centraux des pays du G20, réunis mercredi pour la première fois depuis le début du conflit, risquaient de voir leurs discussions paralysées, les Occidentaux ayant demandé en vain à la présidence indonésienne que la Russie en soit exclue.  

La directrice générale du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva a cependant exhorté les pays à continuer leur coopération. "Aucun pays ne peut résoudre ses problèmes seul. Il est évident que la coopération doit et va se poursuivre", a-t-elle estimé lors d'une conférence de presse. 


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Short Url

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Short Url
  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Short Url
  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »