PARIS: Matériaux recyclables, consommation énergétique réduite, écorces, poussière: la foire d'art contemporain "Art Paris" démarre jeudi avec l'écologie comme boussole et la nature au cœur du processus artistique.
L'événement, qui avait accueilli l'an passé plus de 70 000 visiteurs, se tient jusqu'à dimanche au Grand Palais éphémère, près de la Tour Eiffel.
Quelque 130 galeries, dont 37% venues de l'étranger, seront présentes.
Une exposition autour du thème "Art & environnement" mettra notamment en avant 17 artistes.
"Quand on est artiste", s'intéresser aux "enjeux de son époque est inévitable", souligne Alice Audouin, commissaire associée de la foire, qui parle d'une "génération née avec la crise écologique".
Les "poissons tranchés" d'Elsa Guillaume, qui évoquent de la nourriture reconstituée, renvoient à "l'industrialisation et à la pêche intensive". La pyramide de jerricanes de Romuald Hazoumé fait référence à l'exploitation massive du pétrole en Afrique, détaille Mme Audouin.
D'autres utilisent des matières naturelles comme la poussière, la rouille ou "de la peau morte récupérée chez des podologues", pour traduire leur engagement.
"Je récolte mes matériaux et mes idées dans la forêt", raconte Vincent Laval, artiste "éco-responsable" et "militant". "Écorces d'arbres abattus", "vraie fourmi sur une calebasse" et même un gong en branches mortes tressées: autant d'objets "oubliés" auxquels il veut donner une seconde vie.
Nombre d'artistes contribuent en outre financièrement à des actions en faveur de la préservation de l'environnement, en reversant une partie du fruit de leurs ventes.
Les futurs acquéreurs d'une pièce de la série "Amazonia" de Lucy et Jorge Orta deviendront ainsi "propriétaires moraux" et "protecteurs symboliques" d'un mètre carré de forêt amazonienne, sur un hectare acquis par le couple, explique sa galeriste Marguerite Milin.
Le salon a voulu lui-même donner l'impulsion, avec un objectif clair: "réduire de 20% notre impact environnemental par rapport à l'année dernière", explique à l’AFP le commissaire général, Guillaume Piens.
La foire, qui avait généré 16 tonnes de déchets l'an passé, a identifié les postes polluants et cherché des alternatives.
"Nous avons numérisé des documents pour limiter l'usage de papier, refait la +homepage+ du site qui consommait beaucoup d'énergie. Pour les VIP, il y aura cette année une flotte de véhicules électriques", mais aussi un "restaurant sans viande" ou encore du champagne servi "dans des coupes en amidon de maïs", détaille-t-il.
Le passage à un éclairage plus économe devrait permettre de réduire la facture d'électricité de "62,5%". Quant aux trois tonnes de coton gratté qui recouvre les murs, ainsi que les trois tonnes de moquettes, habituellement brûlées après utilisation, elles seront recyclées pour l'usage du BTP.