MONTRÉAL: Après la série Dix pour cent, qui a connu un grand succès en France et à l'international, la scénariste Fanny Herrero collabore pour la première fois avec la plate-forme Netflix. Drôle, sa nouvelle série sur le milieu du stand-up, est une immersion dans l'univers du «seul en scène».
Le feuilleton de six épisodes suit quatre jeunes qui cherchent à percer dans le milieu très compétitif du stand-up parisien. Il y a Mariama Gueye, qui joue Aïssatou, la talentueuse qui réussit à percer et doit jongler entre célébrité et vie familiale; Jean Siuen, qui interprète Bling, en manque d'inspiration; Younès Boucif, qui incarne le rôle de Nezir, doué mais timide, qui sacrifie sa passion pour aider son père en difficulté financière; et Elsa Guedj dans le rôle d’Apolline, la bourgeoise qui veut tenter sa chance et défie ses parents.
À travers ces quatre profils, Drôle aborde des sujets plus politiques, au-delà de la sphère du stand-up, comme la précarité et l’inégalité entre les classes sociales. Autre thème majeur: la puissance des réseaux sociaux... Un sketch réussi, plébiscité par les internautes, peut changer toute une vie. Au contraire, un faux pas peut, en une fraction de seconde, anéantir une carrière et une réputation.
Là où tout a commencé
L'idée de la série est venue d’une suggestion de celui qui n’est autre que le «roi du stand-up». «J'ai dîné une fois avec Gad Elmaleh et il m'a demandé: “Tu connais un peu la scène du stand-up parisien en ce moment? Il y a plein de comedy clubs qui ouvrent”», se rappelle la scénariste de 48 ans, lors d’une entrevue avec l’AFP avant la sortie de la série.
«J'étais une grande fan de Blanche Gardin, je connaissais bien la génération Gad, Jamel, Foresti... mais pas la nouvelle scène», ajoute-t-elle.
Fanny Herrero et son coauteur Hervé Lassïnce ont rencontré une série d'artistes de stand-up, écouté leurs podcasts, et consulté des humoristes stars, dont Jason Brokerss, Shirley Souagnon ou Marina Rollman.
Le stand-up américain, un outil de changement social
Le concept de cette série était de «mettre en valeur» un art qui commence à être pris au sérieux en France, alors qu'il est comme une «religion aux États-Unis».
«J'ai du respect et de l'admiration pour ces artistes avec qui j'ai un lien de parenté, car ce sont des auteurs», raconte Fanny Herrero. «Ils passent des heures à peaufiner leurs blagues, à trouver le bon ton et ils répètent beaucoup.»
Pour les comédiens issus du milieu du théâtre, se mettre dans la peau de «stand-uppeurs» n'a pas été facile.
«Au théâtre, il y a le quatrième mur (mur imaginaire séparant la scène de la salle). Ce n'est pas le cas dans le stand-up, on est proche des spectateurs et on leur parle», explique Jean Siuen. «Le métier d'humoriste, franchement chapeau! C'est très, très dur de trouver des “vannes”, de les mémoriser, de les interpréter et de faire rire», confie Mariama Gueye.
De son côté, Fanny Herrero se dit fascinée par les histoires des artistes. «Il y a un “mec” qui m'a raconté qu'il venait d'Alsace et que son père était imam. Il était marrant et racontait ça avec tendresse et “rigolade”. C'est une façon de parler de l'identité tout en nous faisant du bien.»