Ukraine: Moscou emploie une arme hypersonique, Zelensky appelle à parler de paix

Cette photo d'archive prise le 9 mai 2018 montre des avions intercepteurs supersoniques MiG-31 russes transportant des missiles hypersoniques Kinzhal (Dagger) survolant la Place Rouge lors du défilé militaire du jour de la Victoire à Moscou. (AFP)
Cette photo d'archive prise le 9 mai 2018 montre des avions intercepteurs supersoniques MiG-31 russes transportant des missiles hypersoniques Kinzhal (Dagger) survolant la Place Rouge lors du défilé militaire du jour de la Victoire à Moscou. (AFP)
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Publié le Samedi 19 mars 2022

Ukraine: Moscou emploie une arme hypersonique, Zelensky appelle à parler de paix

  • Ce type de missiles, très manœuvrable, défie tous les systèmes de défense anti-aérienne, selon Moscou
  • La Russie n'avait jusque-là jamais fait état de l'emploi de ce missile balistique dans les deux conflits où elle est belligérante, l'Ukraine et la Syrie

KIEV, Ukraine : La Russie a intensifié son offensive russe en Ukraine samedi, annonçant l'emploi, pour la première fois, d'un missile hypersonique tandis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky jugeait qu'il était temps pour Moscou d'accepter de «discuter» sérieusement de paix.

Le ministère russe de la Défense a assuré avoir utilisé la veille des missiles hypersoniques «Kinjal» pour détruire un entrepôt souterrain d'armements dans l'ouest de l'Ukraine, une première selon l'agence d'Etat Ria Novosti.

Ce type de missiles, très manœuvrable, défie tous les systèmes de défense anti-aérienne, selon Moscou.

La Russie n'avait jusque-là jamais fait état de l'emploi de ce missile balistique dans les deux conflits où elle est belligérante, l'Ukraine et la Syrie. Il a été déployé de nombreuses fois en exercices depuis le premier test réussi en 2018.

Le président Zelensky a pour sa part estimé que «des négociations portant sur la paix et la sécurité pour l'Ukraine sont la seule chance pour la Russie de minimiser les dégâts causés par ses propres erreurs».

«Il est temps de nous réunir. Il est temps de discuter. Il est temps de restaurer l'intégrité territoriale et la justice pour l'Ukraine», a plaidé le chef d'Etat dans une vidéo publiée sur Facebook, filmée de nuit dans une rue déserte.

«Autrement, a-t-il prévenu, les pertes pour la Russie seront telles qu'il faudra plusieurs générations pour qu'elle s'en remette».

Plusieurs rounds de tractations entre Kiev et Moscou se sont déroulés en présentiel et par visioconférence depuis l'invasion russe de l'Ukraine lancée le 24 février. Le quatrième s'est ouvert lundi au niveau de délégations négociant à distance.

Le chef de la délégation russe a évoqué vendredi soir un «rapprochement» des positions sur la question d'un statut neutre de l'Ukraine --à l'instar de la Suède et de l'Autriche-- et des progrès concernant la démilitarisation du pays. Il a toutefois relevé des «nuances» à propos des «garanties de sécurité» réclamées par l'Ukraine.

Mais un membre de la délégation ukrainienne, le conseiller de la présidence Mikhaïlo Podoliak, a indiqué que les «déclarations de la partie russe ne sont que leurs demandes de départ».

«Notre position n'a pas changé: cessez-le-feu, retrait des troupes (russes) et garanties de sécurité fortes avec des formules concrètes», a-t-il tweeté.

«C'est l'enfer»

Sur le terrain, le ministère russe de la Défense indiqué avoir détruit des centres radio et de renseignement à l’extérieur d’Odessa, à Velykodolynske et Velykyi Dalnyk.

L’Ukraine a pour sa part admis samedi avoir «temporairement» perdu accès à la mer d’Azov, même si la Russie de facto contrôlait l’ensemble de la côte depuis début mars et l’encerclement de la ville portuaire stratégique de Marioupol.

L'armée russe a affirmé vendredi avoir réussi à y pénétrer et combattre en centre ville aux côtés de troupes de la «république» séparatiste de Donetsk.

Selon un conseiller du ministère ukrainien de l’Intérieur, Vadym Denysenko, cité par l’agence Interfax-Ukraine, la situation est «catastrophique» à Marioupol. Des «combats sont en cours pour Azovstal», une grosse aciérie à la périphérie de la ville. «Une des plus grosses aciéries d'Europe est de facto en train d’être ruinée», a-t-il dit.

Les autorités ukrainiennes ont accusé l'aviation russe d'avoir «sciemment» bombardé mercredi le théâtre de Marioupol, ce que la Russie a démenti.

«Plus d'un millier» de personnes avaient trouvé refuge dans un abri antiaérien sous ce bâtiment, essentiellement des «femmes, enfants et personnes âgées», selon la mairie de ce port sur la mer d'Azov.

M. Zelensky a affirmé samedi que plus de 130 survivants avaient pu être extirpés des décombres.

«Certains souffrent malheureusement de blessures graves. Mais, à ce stade, nous ne disposons pas d'informations sur le nombre de décès» éventuels, a-t-il indiqué, précisant que «les opérations de secours se poursuivent».

Fuyant «l'enfer» de Marioupol, des familles ont raconté les cadavres gisant plusieurs jours dans les rues, la faim, la soif et le froid mordant des nuits passées dans des caves avec des températures inférieures à zéro.

«Ce n'est plus Marioupol, c'est l'enfer», dit Tamara Kavunenko, 58 ans. Les Russes «ont tiré tant de roquettes», ajoute-t-elle, «les rues sont jonchées de nombreux cadavres de civils».

Selon Volodymyr Zelensky, grâce aux couloirs humanitaires instaurés dans le pays, plus de 180.000 Ukrainiens ont pu s'éloigner des combats dont plus de 9.000 personnes de Marioupol.

«Mais les occupants continuent de bloquer l'aide humanitaire, tout particulièrement autour des zones sensibles. C'est une tactique très connue. (...) C'est un crime de guerre», a lancé M. Zelensky. La Russie «répondra de cela. A 100%», a-t-il insisté.

Selon le parquet général ukrainien, une journaliste ukrainienne de la télévision Hromadske enlevée par des forces russes à Berdiansk, station balnéaire sur la mer d’Azov et «sa localisation est inconnue».

Depuis le 24 février, plus de 3,2 millions d'Ukrainiens ont pris les routes de l'exil, dont près des deux tiers vers la Pologne, parfois seulement une étape avant de continuer leur exode.

D'après un décompte au 18 mars du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme en Ukraine, au moins 816 civils ont été tués en Ukraine et plus de 1.333  blessés. Il a souligné que ce bilan était probablement très inférieur à la réalité.

Urgence humanitaire

Les besoins humanitaires se font «de plus en plus urgents», avec plus de 200.000 personnes privées d'eau dans la région de Donetsk et de «graves pénuries» de nourriture, d'eau et de médicaments, a déclaré vendredi Matthew Saltmarsh, porte-parole au Haut Commissariat aux réfugiés.

Le maire de Mykolaïv (sud) a fait savoir sur Facebook que plusieurs villages des alentours étaient désormais occupés par les Russes et que sa ville avait subi un feu nourri. «La journée a été difficile», a déploré Oleksandr Senkevitch.

D'après des médias ukrainiens, l'armée russe a mené une frappe de grande ampleur, tuant au moins quarante soldats dans leur quartier général.

Les bombardements ont perduré vendredi à Kiev et à Kharkiv (nord-ouest), deuxième ville du pays où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre.

La capitale s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants. Selon la mairie, 222 personnes --dont 60 civils-- y ont été tués.

Aucun bilan global n'a été fourni à ce stade. M. Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d'«environs 1.300» militaires ukrainiens, tandis que Moscou a seulement rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars.

Ces armes dont la Russie se targue

La Russie utilise dans son offensive contre l'Ukraine une partie de sa nouvelle génération de missiles, qualifiés par Moscou d'«invincibles», d'«hypersoniques», d'une portée illimitée ou invisibles des radars, quatre ans après avoir été dévoilés par Vladimir Poutine.

Avangard, missile «invincible»

Les missiles hypersoniques russes Avangard («avant-garde» en russe) sont capables de changer de cap et d'altitude à très haute vitesse, les rendant «pratiquement invincibles» selon M. Poutine, qui compare la percée scientifique et militaire de leur développement «à la création du premier satellite artificiel de la Terre», le fameux Spoutnik.

Testés avec succès en décembre 2018, leur vitesse a alors atteint Mach 27 -- soit 27 fois la vitesse du son -- et touché une cible située à environ 6.000 km, selon le ministère russe de la Défense. Ils ont été mis en service en décembre 2019.

Kinjal, «poignard» hypersonique

Utilisés pour la première fois vendredi par l'armée russe, les missiles hypersoniques Kinjal («poignard» en russe) ont permis la destruction d'un entrepôt souterrain d'armements dans l'ouest de l'Ukraine.

Ce type de missiles, très manœuvrable, défie les système de défense anti-aérienne, selon Moscou. Ils ont atteint, lors des essais, toutes leurs cibles à une distance pouvant atteindre 1.000 à 2.000 km. Ils équipent les avions de guerre MiG-31.

Leur emploi en Ukraine est une première mondiale pour un armement hypersonique, selon des experts.

Sarmat, du pôle Nord au pôle Sud

Le missile lourd balistique intercontinental de cinquième génération Sarmat est censé échapper aux défenses antimissiles.

D'un poids dépassant 200 tonnes, il est plus performant que son prédécesseur - le missile Voïevoda d'une portée de 11.000 km - et «n'a pratiquement pas de limites en matière de portée», selon M. Poutine, le jugeant à même de «viser des cibles en traversant le pôle Nord comme le pôle Sud». 

Peresvet, laser de combat

Les caractéristiques techniques des systèmes laser de combat Peresvet («très clair» en russe) sont classées secrètes. Ils sont prêts au combat depuis décembre 2019, selon le ministère de la Défense.

Poséidon, drone sous-marin géant  

Le Poséidon, drone sous-marin à propulsion nucléaire, est capable de se déplacer à plus d'un kilomètre de profondeur, à une vitesse de 60 à 70 nœuds, tout en restant invisible pour les systèmes de détection, selon une source au sein du complexe militaro-industriel russe, citée par l'agence officielle TASS.

Des tests ont eu lieu au printemps 2020 à partir du sous-marin Belgorod, M. Poutine a insisté sur sa «portée illimitée».

Bourevestnik, l'oiseau

Là aussi d'une «portée illimitée», toujours selon Vladimir Poutine, et capables de surmonter quasiment tous les systèmes d'interception, les missiles de croisière Bourevestnik («oiseau de tempête» en russe) à propulsion nucléaire sont en cours de développement par l'armée russe. Leurs caractéristiques techniques sont classées secrètes.

Zircon, missile marin «invisible»

Le premier tir officiel du missile hypersonique Zircon (du nom d'un minéral utilisé par la joaillerie) date d'octobre 2020. Il vole à Mach 9 pour atteindre des cibles maritimes comme terrestres.

Fin décembre 2021, Vladimir Poutine a annoncé un premier tir d'essai réussi d'une salve de Zircon. D'autres essais ont eu lieu depuis octobre 2020 dans l'Arctique russe, notamment à partir de la frégate Amiral Gorchkov et d'un sous-marin immergé.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »