Soixante ans après, la France commémore la fin de la guerre d'Algérie

La foule entoure les soldats de l'Armée de libération nationale (ALN) algérienne de la Wilaya V (région d'Oran) arrivés à Alger durant l'été 1962, dans le cadre de l'intégration des Wilayas. Après plus de sept ans de guerre, l'Algérie proclame son indépendance le 05 juillet 1962. (AFP)
La foule entoure les soldats de l'Armée de libération nationale (ALN) algérienne de la Wilaya V (région d'Oran) arrivés à Alger durant l'été 1962, dans le cadre de l'intégration des Wilayas. Après plus de sept ans de guerre, l'Algérie proclame son indépendance le 05 juillet 1962. (AFP)
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Publié le Samedi 19 mars 2022

Soixante ans après, la France commémore la fin de la guerre d'Algérie

  • C'est dans une relative discrétion qu'est marqué cet anniversaire, en pleine campagne à trois semaines du 1er tour de la présidentielle
  • Les rapatriés estiment que les Accords d'Évian ne marquent pas la fin de la guerre d'Algérie ayant débuté en 1954, en raison des violences qui se poursuivirent jusqu'à l'indépendance de l'Algérie le 5 juillet 1962

PARIS :  La France commémore samedi le 60e anniversaire des Accords d'Évian et du cessez-le-feu en Algérie, avec une cérémonie à l'Élysée où Emmanuel Macron va de nouveau plaider pour un «apaisement» des mémoires sur les deux rives de la Méditerranée.

C'est dans une relative discrétion qu'est marqué cet anniversaire, en pleine campagne à trois semaines du 1er tour de la présidentielle. 

Soixante ans plus tard, la date du 19 mars 1962, jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu signé la veille entre armée française et indépendantistes algériens, continue à faire polémique.

Elle a été consacrée par la loi en 2012 comme la «Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc».

Mais les rapatriés estiment que les Accords d'Evian ne marquent pas la fin de la guerre d'Algérie ayant débuté en 1954, en raison des violences qui se poursuivirent jusqu'à l'indépendance de l'Algérie le 5 juillet 1962 et se conclurent par l'exode de centaines de milliers d'entre eux vers la France.

Cette position est soutenue par plusieurs candidats de la droite et de l'extrême droite. Valérie Pécresse (LR) s'est ainsi engagée à trouver «une autre date» que le 19 mars pour commémorer la fin de la guerre d'Algérie. Car «80% des victimes civiles sont tombées après les accords d'Evian», a-t-elle affirmé vendredi, en rappelant la fusillade de la Rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962, ou le massacre d'Oran du 5 juillet 1962.

Marine Le Pen (RN) a également souligné qu'elle contestait «depuis longtemps» cette date car «il y a eu des dizaines de milliers de harkis qui ont été sauvagement assassinés» après le 19 mars 1962.

Face à cette controverse, l'Élysée présente la commémoration du 19 mars comme «une étape» sur le chemin de mémoire «mais ce n'en est pas le terme».

200 invités à l'Élysée

Ont été conviés à 12H dans la salle des fêtes de l'Élysée quelque 200 invités, représentant les témoins de toutes les mémoires liées à la guerre d'Algérie: appelés, combattants indépendantistes, harkis et rapatriés.

Avant le discours d'Emmanuel Macron, la parole sera donnée à quatre personnes ayant participé au programme «Histoire et mémoires de la guerre d’Algérie», notamment en intervenant dans des collèges et lycées.

La ministre des Armées Florence Parly, le chef d'État-major des Armées Thierry Burckhard ainsi que des élus, dont le maire de Montpellier, Michaël Delafosse (PS), ville qui accueillera le futur musée de l'Histoire de France et de l'Algérie, seront également présents.

L'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed-Antar Daoud, a également été invité.

Les relations entre les deux pays sont marquées par un certain apaisement à l'approche des élections, après deux années de crispations.

L'objectif de cette commémoration, «réconcilier» et «apaiser», reste le même que lors des précédents rendez-vous organisés depuis le début du quinquennat autour de la guerre d'Algérie.

Emmanuel Macron a cherché, à travers une série de gestes mémoriels, à «réconcilier la France et l'Algérie» ainsi que les «mémoires cloisonnées» en France, a rappelé l'Élysée.

Suivant les préconisations de l'historien Benjamin Stora, il a reconnu la responsabilité de l'armée française dans la mort du mathématicien communiste Maurice Audin et celle de l'avocat nationaliste Ali Boumendjel durant la bataille d'Alger en 1957.

Une stèle à la mémoire d'Abd el-Kader, héros national algérien du refus de la présence coloniale française, a été érigée en France à Amboise (centre) et les crânes de résistants algériens du XIXe siècle, restitués à l'Algérie.

Mais Alger, qui réclame des excuses officielles de la France pour la colonisation, n'a pas donné suite à ce travail de mémoire. «C'est une main qui est tendue et qui restera tendue», a toutefois souligné l'Élysée.

Dans la société française, il s'agit de «constituer dans le temps long une mémoire commune, partagée, apaisée», a expliqué la présidence en réfutant les accusations de «clientélisme mémoriel» à l'encontre du chef de l'État.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".