Trois ans après, l'assaillant jihadiste au marteau de Notre-Dame en procès

Des officiers de l'unité de police française de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention) se tiennent devant la résidence de l'homme qui avait tenté d'attaquer un officier. (SarahBRETHES/AFP)
Des officiers de l'unité de police française de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention) se tiennent devant la résidence de l'homme qui avait tenté d'attaquer un officier. (SarahBRETHES/AFP)
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Publié le Samedi 10 octobre 2020

Trois ans après, l'assaillant jihadiste au marteau de Notre-Dame en procès

  • L'homme de 43 ans sera jugé jusqu'à mercredi par la cour d'assises spéciale de Paris dans un contexte sécuritaire tendu
  • En 2017, il a tenté de frapper un policier avec un marteau

PARIS: Le 6 juin 2017, un étudiant algérien multidiplômé et jusque-là sans histoires attaquait des policiers avec un marteau devant Notre-Dame. Le mystérieux basculement de Farid Ikken dans la radicalité jihadiste sera au coeur de son procès qui s'ouvre lundi à Paris.

L'homme de 43 ans sera jugé jusqu'à mercredi par la cour d'assises spéciale de Paris dans un contexte sécuritaire tendu après l'attaque au hachoir qui a fait, il y a deux semaines, deux blessés devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, perpétrée comme la sienne par un homme seul muni d'une arme rudimentaire.

En 2017, la France était déjà en alerte après une série d'attaques ou tentative visant notamment les forces de l'ordre et des lieux symboliques de la capitale. En avril, un policier est tué par balles sur les Champs-Elysées, un acte revendiqué par le groupe Etat islamique (EI) que la France combat alors avec ses alliés occidentaux en Syrie et en Irak.

Le 6 juin, le parvis de Notre-Dame est paisible. Une vidéo de télésurveillance enregistrée dans l'après-midi montre des petits groupes de touristes déambulant sac au dos, sous le regard de trois policiers en uniforme.

Soudain, à 16H19, un homme qui semblait se cacher parmi les touristes bondit et tente de frapper l'un des policiers avec un marteau en criant «C'est pour la Syria!» (sic). Le policier, qui sera légèrement blessé à la tête, et un de ses collègues dégainent et ouvrent le feu. Blessé au thorax, l'assaillant, Farid Ikken, est neutralisé et arrêté.

Dans son sac, les policiers trouveront notamment un ordinateur et des clés USB remplis de propagande jihadiste. Et à son domicile, situé dans une résidence étudiante à Cergy (Val-d'Oise), un appareil photo contenant une vidéo enregistrée la nuit d'avant l'attaque où il prête allégeance à l'EI et annonce: «C'est l'heure de la vengeance, c'est l'heure du jihad».

«Acte politique»

Si l'accusé a rapidement reconnu les faits en détention, beaucoup de questions restent en suspens plus de trois ans après les faits, notamment sur ses intentions. Farid Ikken a-t-il voulu tuer les policiers ou, comme il le prétend, «juste» voulu les blesser?

Poursuivi notamment pour «tentative d'homicides volontaires avec préméditation sur des personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste", l'accusé nie toute volonté de tuer.   

Il répète avoir voulu blesser les policiers dans un «acte de résistance politique» destiné à «attirer l'attention de l'opinion publique française sur le massacre de (ses) petits frères et soeurs à Mossoul et en Syrie par l'armée française».

A l'époque, la France participe aux bombardements contre l'EI à Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak alors tenue par les jihadistes. Cette féroce bataille, qui durera neuf mois, fera près de 10.000 morts parmi les civils, d'après les enquêtes de plusieurs médias occidentaux et ONG. 

Outre le marteau, Farid Ikken portait sur lui au moment de l'attaque deux couteaux de cuisine de 18 et 26 cm de long.

Pour Thibault de Montbrial, avocat de l'un des trois policiers attaqués, l'un des deux qui a tiré sur Farid Ikken, la volonté de tuer de l'accusé ne fait aucun doute et doit être reconnue. 

«Mon client a été confronté brutalement à une violence extrême. Ça l'a beaucoup perturbé, et il a quitté la région parisienne après cela. C'est important pour lui que la qualification (d'homicide, ndlr) soit en adéquation avec ce qu'il a vécu», explique l'avocat à l'AFP.

La cour tentera également de savoir ce qui a fait basculer Farid Ikken, étudiant discret et multidiplômé - un profil atypique dans ce genre d'attaques - dans la violence jihadiste. Rien dans son parcours ne le laissait augurer.

Né en Algérie dans une famille kabyle nombreuse et «peu pratiquante religieusement" selon les enquêteurs, il y avait obtenu le baccalauréat puis une licence avant de partir en Suède en 2001, où il a décroché un master de journalisme et s'est marié avec une Suédoise. Il est arrivé en France en mars 2014 pour entamer une thèse de doctorat que l'attaque a interrompu. 


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.