LVIV, Ukraine : Les frappes russes qui ont visé dimanche une base militaire ukrainienne, proche de la frontière polonaise et ayant servi à des exercices conjoints avec l'Otan, ont fait 35 morts et 57 blessés, selon un nouveau bilan communiqué par le gouverneur régional.
«Malheureusement, 57 personnes ont été blessées et hospitalisées, neuf héros sont morts», avait indiqué dimanche matin le gouverneur militaire de la région de Lviv, Maxim Kozitsky sur Telegram. Selon lui, 30 missiles ont été tirés contre la base, dont «la moitié ont été détruits» en vol.
Andriy Sadovy, le maire de Lviv, située à une quarantaine de kilomètres de la base, a fourni le même bilan, également sur Telegram.
Dans un tweet, le ministre ukrainien de la Défense a indiqué de son côté que des instructeurs étrangers «travaillent» sur ce site, sans préciser s'ils étaient présents au moment des frappes.
«La Russie a attaqué le Centre international pour le maintien de la paix et de la sécurité. Des instructeurs étrangers travaillent là-bas», a-t-il déclaré.
«C'est une nouvelle attaque terroriste contre la paix et la sécurité près de la frontière UE-Otan. Il faut agir pour arrêter cela. Fermez le ciel!», a-t-il poursuivi, reprenant la demande de Kiev de créer une zone d'exclusion au-dessus de l'Ukraine, ce que l'Otan refuse de faire de crainte d'élargir le conflit.
La base militaire touchée est située à Yavoriv, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Lviv et à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec la Pologne, pays membre de l'Otan.
Elle a servi ces dernières années de terrain d'entraînement aux forces ukrainiennes sous l'encadrement d'instructeurs étrangers, notamment américains et canadiens.
La base de Yavoriv était l'un des principaux centres servant aux exercices militaires conjoints entre les forces ukrainiennes et celles de l'Otan. C'est aussi sur cette base qu'arrive une partie de l'aide militaire livrée à l'Ukraine par les pays occidentaux.
Les frappes de dimanche surviennent alors que la Russie a menacé samedi de cibler les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine, mentionnant notamment les systèmes de défense aérienne portables et les systèmes de missiles antichars.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a ainsi dit avoir «averti les Etats-Unis» que les «convois» d'armements devenaient pour Moscou des «cibles légitimes».
La région de Lviv avait jusqu'à présent été relativement épargnée par les combats. De nombreuses personnes déplacées par l'invasion russe y ont afflué et plusieurs pays y ont aussi déplacé leur ambassade, jugeant la ville de Lviv plus sûre que Kiev.
Par ailleurs, le maire d'Ivano-Frankivsk, ville située à une centaine de kilomètres au sud de Lviv, a affirmé qu'une «frappe» avait visé tôt dimanche l'aéroport de cette localité.
«Les explosions survenues ce matin sont dues à une frappe sur l'aéroport. Nous sommes en train d'établir l'ensemble des faits», a déclaré sur sa page Facebook Rouslan Martsinkiv.
Moscou accusé d'utiliser des bombes au phosphore dans le Donbass
Un responsable policier ukrainien de la région de Lougansk (est), a accusé dans la nuit de samedi à dimanche l'armée russe de bombarder sa localité avec des bombes au phosphore.
Selon Oleksi Bilochytsky, chef de la police de Popasna, située à une centaine de kilomètres à l'ouest de Lougansk, les Russes ont utilisé des bombes au phosphore sur sa localité.
"C'est ce que les nazis appelaient un +oignon brûlant+, et c'est ce que les +Russistes+ (combinaison de Russes et fascistes, ndlr) sont en train de lâcher sur nos villes. Souffrances indescriptibles et incendies", a-t-il écrit sur Facebook.
Ces informations étaient invérifiables dans l'immédiat.
Egalement dans le Donbass, à Kramatorsk, un train évacuant des personnes en direction de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, a été lui aussi touché par des frappes dans la nuit de samedi à dimanche, selon le chef de la région militaire de la région de Donetsk, Pavlo Kirilenko. Le bombardement a fait un mort et un blessé, selon lui.
Toujours dans le Donbass, deux églises orthodoxes, où s'abritent des civils, ont aussi été touchées par les combats, selon les autorités régionales: l'église de Sviatoguirsk, célèbre lieu de culte de la région de Donetsk, et une église à Severodonetsk, dans la région de Lougansk.
Aucun bilan n'a été communiqué.
Ces localités se trouvent dans des parties des régions de Lougansk et Donetsk qui ne faisaient pas partie des "républiques" séparatistes prorusses jusqu'au début de l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février.